"Ils virent Jésus qui marchait sur la mer"
Méditation de l'évangile (Jn 6, 16-21) par Mgr Emmanuel Gobilliard
Chant final: "Ne crains pas" par les Séminaristes de la Maison Sainte Thérèse
Le soir venu,
les disciples de Jésus descendirent jusqu’à la mer.
Ils s’embarquèrent pour gagner Capharnaüm,
sur l’autre rive.
C’était déjà les ténèbres,
et Jésus n’avait pas encore rejoint les disciples.
Un grand vent soufflait, et la mer était agitée.
Les disciples avaient ramé sur une distance de vingt-cinq ou trente stades
(c’est-à-dire environ cinq mille mètres),
lorsqu’ils virent Jésus
qui marchait sur la mer et se rapprochait de la barque.
Alors, ils furent saisis de peur.
Mais il leur dit :
« C’est moi. N’ayez plus peur. »
Les disciples voulaient le prendre dans la barque ;
aussitôt, la barque toucha terre
là où ils se rendaient.
Source : AELF
A la différence de l’Évangile selon saint Marc, ici, Jésus n’ordonne pas à la mer et au vent de se calmer. J’avoue que je préfère la version de Jean, parce qu’elle est plus réaliste, parce qu’elle correspond davantage à ce que nous vivons quotidiennement. Dans nos vies quotidiennes, c’est rare que nos souffrances, nos doutes, nos inquiétudes soit calmées d’un coup de baguette magique. Ici Jésus s’invite au cœur de nos tempêtes. Il est là, il est infiniment là pour porter avec nous nos difficultés, pour qu’avec lui nous trouvions des solutions qui nous permettront d’avancer. Jésus, présent et qui s’approche de nous, révèle aussi nos fragilités, nos vulnérabilités. Et il nous rassure à ce sujet. Il n’a pas peur de ces fragilités, ni même de nos péchés, puisqu’il est la miséricorde. Il n’a pas peur de la vérité. Non la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Il est impossible de ne pas prendre en compte la réalité de nos vies parfois brisées, des décisions difficiles voir crucifiantes à prendre. La solution n’est jamais de se voiler la face ou d’être dans le déni. La solution, c’est d’être dans la réalité, de ne pas refuser la complexité et la difficulté de nos vies, mais aussi de ne pas porter cela tout seul. Nous risquerions de couler. L’humilité, la véritable humilité, que Jésus attend de nous, c’est de ne pas se considérer comme le centre du monde, de ne pas considérer que la solution vient nécessairement de nous, et que nous devons tout maitriser. La vérité c’est que nous ne maitrisons rien et donc que nous avons besoin de lui et des autres. Pour terminer ce commentaire d’Évangile, je voudrais reprendre les mots du pape François qui commentait la tempête apaisée, seul sur la place saint Pierre, au début de la crise du Covid. Voilà ce qu’il disait :
« Le Seigneur nous interpelle et, au milieu de notre tempête, il nous invite à réveiller puis à activer la solidarité et l’espérance capables de donner stabilité, soutien et sens en ces heures où tout semble faire naufrage. Le Seigneur se réveille pour réveiller et raviver notre foi pascale. Nous avons une ancre : par sa croix, nous avons été sauvés. Nous avons un gouvernail : par sa croix, nous avons été rachetés. Nous avons une espérance : par sa croix, nous avons été rénovés et embrassés afin que rien ni personne ne nous sépare de son amour rédempteur. Dans l’isolement où nous souffrons du manque d’affections et de rencontres, en faisant l’expérience du manque de beaucoup de choses, écoutons une fois encore l’annonce qui nous sauve : il est ressuscité et vit à nos côtés. Le Seigneur nous exhorte de sa croix à retrouver la vie qui nous attend, à regarder vers ceux qui nous sollicitent, à renforcer, reconnaître et stimuler la grâce qui nous habite. N’éteignons pas la flamme qui faiblit (cf. Is 42, 3) qui ne s’altère jamais, et laissons-la rallumer l’espérance. »
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