"Je vous donne ma paix"
Méditation de l'évangile (Jn 14, 27-31a) par le père Emmanuel PIC
Chant final: "Je vous donne" par Claire Chataigner, Collectif du MEJ
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Je vous laisse la paix,
je vous donne ma paix ;
ce n’est pas à la manière du monde
que je vous la donne.
Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé.
Vous avez entendu ce que je vous ai dit :
Je m’en vais,
et je reviens vers vous.
Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie
puisque je pars vers le Père,
car le Père est plus grand que moi.
Je vous ai dit ces choses maintenant,
avant qu’elles n’arrivent ;
ainsi, lorsqu’elles arriveront,
vous croirez.
Désormais, je ne parlerai plus beaucoup avec vous,
car il vient, le prince du monde.
Certes, sur moi il n’a aucune prise,
mais il faut que le monde sache
que j’aime le Père,
et que je fais comme le Père me l’a commandé. »
Source : AELF
En ces temps d’inquiétude, où la paix est menacée en bien des endroits du monde – et aussi dans bien des endroits chez nous, nous recevons de manière particulière ces paroles de Jésus.
Elles n’ont pas été prononcées à n’importe quel moment. Nous sommes à quelques heures de son arrestation, alors qu’il vient de partager avec ses amis un dernier repas, peut-être le repas de la Pâque. Il a longuement prié le Père, et s’adresse à présent à ses disciples.
Ces paroles ont d’abord pour but de ramener la paix dans une communauté ébranlée par le drame qui se joue. Mais elles portent toujours autant aujourd’hui, car l’Église, le monde, ne sont jamais parfaitement en paix.
Jésus y fait allusion à deux sortes de paix : la paix du monde, et la paix à sa manière à lui.
Il y a, d’abord, la paix à la manière du monde. Une paix qui vient après des violences. Une paix qui éteint les guerres et les conflits, mais qui est en réalité le fruit de la violence, et qui la prolonge bien souvent par d’autres formes de violence, en imposant la volonté d’un vainqueur sur des vaincus, d’un gagnant sur des perdants.
Cette paix-là est une paix de surface. Elle n’est pas celle dont parle Jésus. La paix de Jésus est une paix profonde, qui commence à l’intérieur de chacun. Elle est la paix de ceux dont on dit : « Il est un homme, elle est une femme de paix. » Dans cette paix, on s’installe pour ne plus en sortir. Certes, elle continue à être fragile et menacée par celui que Jésus appelle le « Prince de ce monde » ; mais sur Jésus, comme sur ceux qui sont établis en lui, le mal n’a pas de prise.
Le secret de Jésus ? Il aime le Père, et fait ce que veut le Père. Aimer Dieu, vivre la confiance en lui, c’est le chemin le plus sûr pour entrer dans la paix intérieure.
Il y a quelques décennies, au plus fort de la guerre froide, frère Roger de Taizé, dans une lettre rédigée depuis Varsovie, écrivait : « La paix, elle commence en toi-même ; elle commence en silence, au secret du pardon. » Ces lignes sont à nouveau d’actualité, hélas. Comme les paroles de Jésus, elles nous invitent à construire la paix là où nous sommes, en entrant dans le silence intérieur et en vivant la réconciliation.
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