Depuis les révélations sur les relations sexuelles avec emprise commises par Jean Vanier sur des femmes, dans le cadre de l'Arche, les réactions d'étonnement et de tristesse se multiplient. Le père Thierry Magnin, porte-parole de la Conférence des Evêques de France, a réagi sur RCF aux conclusions de l'enquête interne diligentée par l'Arche internationale.
"C’est la stupeur, une profonde tristesse. C’est un coup de massue. On pense à ces femmes victimes d’emprise, à tous ces membres des communautés de l’Arche qui font un travail magnifique. On pense aussi à Jean Vanier d’une certaine manière, qu’on a considéré comme un saint et qui a ses zones de fragilités et de ténèbres. On espère en même temps que tout cela conduira chacun à faire le clair, la transparence. C’est ce que les responsables de la communauté de l’Arche ont voulu faire et continueront de faire. Il ne faut pas tout jeter d’un coup non plus" explique-t-il au micro d'Etienne Pépin.
Il y a quelques mois, Jean Vanier était quasiment canonisé par les fidèles, et par l’Eglise. L’onde de choc n’en est aujourd’hui que plus violente. "Dans ce cas, comme dans beaucoup d’autres, il est important qu’il y ait des jeux de régulation au sein des communautés. On voit bien que des mécanismes d’emprise peuvent avoir lieu quand il y a une conjonction d’une responsabilité pastorale, de direction du fort internet du fort externe. C’est là qu’il y a le danger. Ce sont ces choses-là qu’il nous faut reprendre dans nos modes de gouvernance. C’est d’ailleurs déjà le cas dans beaucoup de communautés religieuses. Le risque c’est en effet d’aduler une personne, et cette manière d’aduler isole et ne met pas à l’abri de ces déviances. Y compris quand les personnes font des choses formidables comme Jean Vanier" ajoute le porte-parole de la CEF.
Pour le père Thierry Magnin, la communauté de l’Arche est désormais face à un travail énorme de relecture, "pour ne pas tout jeter, et pour garder le bon grain". "Il y a de bons grains. C’est ça le paradoxe. Dans toute action humaine, il y a toujours du bon grain et de l’ivraie. Il faut dénoncer l’ivraie terrible, mais ne pas tout couper. Et ça c’est un travail long de discernement. Jean Vanier a donné des choses formidables et en même temps le doute est là. Il faut faire ce travail de relecture, de purification" lance-t-il.
"Dans l’Eglise, il y a toujours eu un espace de diversité, de pluralité. Il ne s’agit pas de mettre les gens sur des statues mêmes s’ils nous ouvrent des espaces extraordinaires. Ce ne sont pas les gens qui comptent d’abord, mais le message de l’Evangile, incarné, avec nos hauts et nos bas. Et il faut être extrêmement vigilants avec nos bas. C’est le cas ici. Et en même temps, c’est l’Evangile qui nous conduit, ce n’est pas un homme, fut-il mis sur un piédestal" conclut le porte-parole de la Conférence des Evêques de France.
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