Le bon pape Jean devait être un pape de transition... Il a changé la face de l'Eglise !
Il y a 60 ans, en ce 11 octobre, s’ouvrait à Rome le concile œcuménique Vatican II. C’est la date qui a été choisie pour fêter un saint pape, un homme de cœur, qui a révolutionné tranquillement l’image de la papauté et l’Église. Il a été tellement bon et compatissant que les gens se sont mis à l’appeler spontanément « le bon pape Jean ».
Le bon pape Jean a été canonisé avec Jean-Paul II – quel duo magnifique ! – en 2014 par le pape François. Il a été canonisé sans miracle, car le pape François a considéré que le vote qui a été fait à la fin du Concile pour canoniser Jean XXIII était le miracle recherché : canonisé par un vote unanime des pères conciliaires.
J’ai l’habitude de vous dire que les saints sont exceptionnels et vous devez trouver que j’exagère et je rabâche. Mais vraiment, avec saint Jean XXIII, on est dans l’exceptionnel à répétition :
Oui, vraiment, saint Jean XXIII, le bon pape Jean, a été un envoyé de Dieu – car vous savez que je crois fermement que c’est notre Dieu qui conduit notre Église… et il le fait à travers ses saints !
Angello Roncalli, notre futur pape Jean XXIII, est né dans la petite bourgade de Sotto il Monte, près de Bergame, le 25 novembre 1881. Il est le quatrième enfant d’une famille qui en compte quatorze.
Entré au séminaire de Bergame en 1892, il est élève du Séminaire pontifical romain de 1901 à 1905, et le 1° août 1904 il est ordonné prêtre pour son diocèse, le diocèse de Bergame. Rentré au pays, il devient le secrétaire de son évêque, Mgr Giacomo Tedeschi, passionné par la paix, passion qu’il transmet au père Roncalli.
Pendant la première guerre mondiale, le père Roncalli est incorporé comme sergent de santé avant de devenir aumônier militaire.
En 1921, le pape Benoît XV nomme le père Roncalli Président du Conseil central italien de l’œuvre pontificale pour la Propagation de la Foi. Quatre ans plus tard, son successeur, Pie XI l’ordonne évêque et l’envoie à Sofia, en Bulgarie, comme visiteur apostolique puis délégué apostolique. Mgr Roncalli choisit comme devise épiscopale “Obedientia et pax” – Obéissance et paix – un programme qu’il suivra toute sa vie. En 1935, il quitte la Bulgarie pour la Turquie où il est nommé Délégué Apostolique en Turquie et Grèce et administrateur apostolique des Latins à Constantinople. Ce n’est pas une tâche facile, mais il arrive à nouer des contacts tant avec l’orthodoxie que l’islam. Il doit aussi faire face aux mesures de laïcisation décrétées par Atatürk. Cela l’oblige à quitter la soutane dans ses déplacements en public, et cela nous vaut cette sentence de sagesse : « on est prêtre aussi bien en pantalon qu'en soutane ! »
Quand la deuxième guerre mondiale est déclarée, il œuvre avec succès pour sauver de nombreux juifs qui traversent la Turquie pour échapper aux massacres des Nazis.
En 1944, il est nommé Nonce apostolique à Paris. C’est une période très difficile. Beaucoup d’évêques sont suspectés de collaboration avec l’occupant, y compris l’archevêque de Paris, le cardinal Emmanuel Suhard. Il faut toute l’habileté diplomatique de Mgr Roncalli pour déminer cette situation et éviter que beaucoup d’évêques ne soient démis.
C’est à Paris qu’a lieu ce petit épisode qui montre bien, à la fois la bonhomie et l’humour diplomatique de Mrg Roncalli. Comme nonce apostolique, il rencontre l’ambassadeur d’URSS à un cocktail. Tous les deux ont un certain embonpoint. Mgr Roncalli, en souriant, s’adresse en français à l’ambassadeur : « Je vois, Excellence, que nous sommes tous les deux du même arrondissement ! »
Il est encore à Paris en 1953 lorsque Pie XII le crée cardinal. C’est son ami, le président Vincent Auriol, qui lui remet le chapeau rouge cardinalice. Il entend le nouveau cardinal dire à mi-voix : « Dire que j’aurais tellement voulu être un simple prêtre et terminer mes jours dans ma terre natale ! » Ce ne sera pas le cas. Immédiatement après, le cardinal Roncalli est nommé archevêque de Venise, patriarche de Venise.
En 1958, à la mort de Pie XII dont le pontificat avait duré presque 20 ans, le conclave cherche qui élire pape. Ce n’est pas facile de succéder à un pape qui a exercé sa charge pendant très longtemps. Les cardinaux se décident pour un des leurs, vieux qui donc ne restera pas longtemps sur le siège de Pierre et sera donc un pape de transition qui fera le moins de vague possible : c’est Angello Roncalli qui est élu et qui prend le nom de Jean XXIII.
Mais surprise ! Notre nouveau pape ne se laisse pas enfermer dans le cadre rigide de la curie. Il change avec sa bonhomie et son humour le regard que le monde porte sur le souverain pontife. Ses répliques sont parfois truculentes. On lui demande : « Combien de personnes travaillent au Vatican ? » Il répond : « Heu, la moitié ! »
Il décide aussi de sortir de son palais du Vatican, au grand dam de ses collaborateurs, habitués à un pape enfermé entre ses quatre murs. Il visite les paroisses de Rome. On s’étonne. Il répond : « Ne suis-je pas l’évêque de Rome ? Ne puis-je pas visiter les paroisses de mon diocèse ? » Il va visiter aussi les prisonniers de la prison romaine de Regina Coeli. À ceux qui ne le comprennent pas, il explique qu’il est aussi l’évêque des prisonniers. Avec eux, il improvise : « Eh bien, je suis ici parmi vous. Je suis finalement venu et vous m’avez vu. J’ai posé les yeux sur les vôtres. J’ai déposé mon cœur juste à côté du vôtre. » Les prisonniers sont très émus. Mais les téléspectateurs qui voient les images aussi. On commence à l’appeler le bon pape Jean.
Aujourd’hui, nous sommes habitués à voir des papes qui sortent du Vatican et vont vers les gens. Il faut savoir que le premier qui a fait cela, c’est le bon pape Jean. Il a ouvert la voie à tous ses successeurs.
Jean XXIII a aussi écrit, dans son court pontificat, huit encycliques parmi lesquelles Mater et Magistra et la fameuse Pacem in Terris, deux mois avant sa mort. On peut dire que Jean XXIII a été un pape de la paix. Son appel vibrant pour la paix en pleine crise des missiles de Cuba, à deux doigts d’une troisième guerre mondiale, nucléaire cette fois, est reconnu par tous comme ayant contribué à résoudre la crise et permettre un accord entre les deux super puissances.
Mais l’œuvre marquante de son pontificat, c’est évidemment la convocation du concile Vatican II, convocation faite le 25 janvier 1959 dans la salle capitulaire de l’abbaye St Paul-hors-les-murs devant les 17 cardinaux de la curie présents : « Frères vénérables et fils très chers ! Nous faisons devant vous, avec une certaine crainte et un peu d’émotion dans la voix, mais également avec une humble résolution de propos, le projet d’une double célébration : un synode diocésain pour la Ville [Rome] et un concile œcuménique pour l’Église universelle. »
Jean XXIII mobilise aussi la prière de toute l’Église. Il demande à tous les catholiques de prier l’Esprit Saint pour le succès du Concile. Il rédige lui-même une prière qui est réellement prophétique :
Ô Esprit Saint, envoyé par le Père au nom de Jésus, qui assistes l’Église de ta présence et la diriges infailliblement, daigne, nous t’en prions, répandre la plénitude de tes dons sur le Concile œcuménique. Renouvelle tes merveilles en notre époque comme une nouvelle Pentecôte.
Le bon pape Jean préside la première session du concile entre le 11 octobre au 8 décembre 1962. Il meurt d’un cancer de l’estomac le 3 juin 1963, lundi de Pentecôte, après un pontificat d’à peine 4 ans. Ce sera son successeur, saint Paul VI, qui reprendra et conclura le Concile.
Je conseille très rarement des lectures ou des films dans ces podcasts, mais cette fois, je ne résiste pas à l’envie de vous conseiller le magnifique film, extrêmement émouvant, qui a été consacré à Jean XXIII et qui est diffusé par SAJE. Son titre : Le bon pape Jean XXIII. Regardez-le, seul ou en famille, vous ne le regretterez pas !
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