Jeudi saint : «Être au service des autres, c’est le sens de notre vie»

Pour le Jeudi saint, les frères de la Trappe de Bricquebec chamboulent leur programme. L’habituelle messe de 8 h 30 est décalée à 17 h. « Ça correspond à l’heure où le Seigneur a pu célébrer la Cène à Jérusalem », explique frère Bernard, père supérieur de cette communauté cistercienne du Cotentin. La Cène, ce dernier repas partagé entre le Christ et ses douze apôtres, marque l’institution de l’eucharistie. Un événement fondamental de la foi catholique. C’est aussi le moment où Jésus choisit de laver les pieds de ses disciples. « Le lavement des pieds et l’eucharistie vont ensemble, c’est le service du Seigneur pour nous », indique frère Jean-Luc. Un service qui marque l’humilité et le don de soi du Christ et par la suite, des catholiques.

Le lavement des pieds, un geste hautement symbolique

Lors du Jeudi saint, les 12 moines de Bricquebec se font tous laver les pieds. Plus classiquement, durant les messes paroissiales, seules quelques personnes sont choisies pour ce rituel. À la Trappe de Bricquebec comme partout ailleurs, le rituel du lavement des pieds est effectué après l'homélie. Le prêtre qui préside la messe regagne sa place, garde le silence pendant quelques instants. Il enlève sa chasuble et enfile un tablier dans la sacristie. Il est accompagné d’un autre frère et ensemble ils vont procéder aux lavements des pieds de la communauté. Un seul pied est nettoyé, le pied droit. « C’est surtout symbolique. Les frères quand ils arrivent, ils ont les pieds propres. Certains les lavent surtout ce matin-là »,  s’amuse frère Jean-Luc. Il a déjà aidé lui-même au rituel : « on est pénétré par cette action-là, qui va bien au-delà du simple nettoyage ».

Pour les frères, poser ce geste, c’est se rappeler leur vocation au service des autres : revivre le don de soi comme le Christ l’a vécu sur la croix en donnant sa vie pour l’humanité.