Pierre et Jésus viennent juste de manger ensemble. L’entretien qui se déroule maintenant s’inscrit dans le prolongement de ce moment d’amitié ; mais c’est aussi un dialogue vrai qui n’occulte pas les moments difficiles qui ont marqué l’histoire de leur relation. La mise en scène de cet entretien est très subtile. Aux trois reniements de Pierre, correspond cette triple demande de Jésus : « m’aimes-tu ? » Jésus ne demande pas des comptes, il n’instruit pas un procès en abandon pour Pierre. Il ouvre la possibilité d’une nouvelle relation basée sur l’amour et non sur la culpabilité.
Mais de quel amour s’agit-il ? Jésus utilise le verbe agapao, qui a donné « agape » en français. C’est le verbe de l’amour total, qui va jusqu’au don de la vie pour l’autre. Pierre dans sa réponse : « Tu sais que je t’aime », utilise un autre verbe grec, phileo, qui évoque l’attachement et l’affection. Comme si Pierre avait enfin pris conscience de ses limites. Il n’est plus le fougueux disciple, toujours prompt à confesser à affirmer. En disant, phileo, Pierre témoigne qu’il n’est plus sûr de pouvoir tout donner pour son Seigneur. Tout ce qu’il peut dire, c’est qu’il lui est attaché.
Pierre, ne sait plus rien, il croit seulement que son Seigneur sait ce qu’il y a dans son cœur et qu’il l’aime quand-même tel qu’il est, inconstant, fragile et limité. Un moine interrogé sur ce qui se passait au monastère répondait : « nous tombons et nous nous relevons, nous tombons et nous nous relevons ». Ou comme le dit le Talmud : celui qui a péché et qui a été pardonné est plus près de Dieu que celui qui n’a jamais péché. » Pierre est aimé du Christ tel qu’il est, comme nous le sommes aussi. Et Christ confie son Eglise à de tels pasteurs : Ceux-là ou celle-là seule qui ont expérimenté le pardon et qui en vivent.
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