Job An Irien, un témoignage de foi en langue bretonne

Il avait reçu en 2007 le Collier de l'Ordre de l'Hermine pour son action en faveur de la langue bretonne. Job An Irien, prêtre du diocèse de Quimper et Léon et fondateur du centre spirituel bretonnant Minihi Levenez, à Tréflévénez est décédé dimanche 2 février à Brest.

Né en 1937 à Bodilis, il a grandit dans la ferme familiale de Coat Reun, où se trouve aujourd'hui la base aéronavale. Le sol était en terre battue, la famille dormait dans des lits-clos et s'éclairait à la lampe à pétrole. Une vie simple et solidaire, où les gens s'entraidaient pour les battages et où il était encore de tradition de passer de maison en maison souhaiter la nouvelle année.

Catéchisme et scoutisme

Scolarisé à partir de sept ans, Job An Irien a connu le "symbole" donné aux enfants qui étaient pris à parler breton à l'école. Après un an à l'école de Bodilis, il est scolarisé à Landivisiau puis au Kreisker à Saint-Pol de Léon. Il est marqué par sa rencontre avec le père Henri Normand, au catéchisme, à l'origine de sa vocation. Au Kreisker, il fait l'expérience du scoutisme et devient chef de patrouille.

En 1954, il participe à une fête du Bleun Brug, mouvement culturel et religieux fondé par l'abbé Perrot. Un rendez-vous décisif pour Job An Irien qui intègre une chorale et découvre plus profondément les cantiques en breton. Il y améliore aussi son écriture.

Juste après le séminaire (il est ordonné en 1962), à Pont-Croix, où il exerce comme prêtre mais aussi comme animateur de loisirs, Job An Irien fait participer les enfants et les adolescents aux concours scolaires du Bleun Brug. Il y rencontre Michel Scouarnec avec qui il écrit des chansons. Nommé aumônier du lycée à l'Harteloire à Brest, il essaie d'imprégner les jeunes de ses valeurs concernant l'histoire, la langue, la musique et la littérature bretonne. À partir de 1978, Job An Irien est aussi l'un des initiateurs des Cahiers du Bleun Brug. Il a en charge la littérature bretonne, présentée en breton et en français.

Foi et langue bretonne

Dès 1982, lors d'une recollection à Landévennec, des jeunes ont souhaité qu'il y ait dans le diocèse, une maison dans laquelle ils pourraient se retrouver pour réfléchir et prier en breton. La même année, Mgr Gourvès, alors vicaire général, vient trouver Job An Irien. Mgr Barbu créé officiellement le Minihi-Levenez, en 1984.

Une petite communauté de cinq personnes s'installe dans l'ancien presbytère de Tréflévénez. Des parents d'enfants du collège Diwan contactent Job An Irien pour faire de la catéchèse en breton. Le prêtre devient aumônier des collèges de Kerhuon et de Guissény, puis du lycée de Carhaix.

Outre les cours de breton, le centre spirituel organise des conférences sur le patrimoine religieux finistérien, ainsi que des pèlerinages en Terre Sainte et dans les pays celtiques. Minihi Levenez diffuse aussi une revue, et produit des cantiques en bretons. Pendant cette période, Job An Irien participe aussi activement à la radio diocésaine Radio Rivages (qui deviendra RCF Finistère), en faisant de nombreuses interviews en breton et en animant Pedenn an deiz, la prière du jour. Il écrit aussi des chroniques en breton dans le Progrès de Cornouaille et pour le journal Ya.

Ces dernières années, la santé de Job An Irien était plus fragile et il avait rejoint l'EHPAD de Keraudren, à Brest, où on le voyait souvent se promener dans le parc, reconnaissable de loin à sa casquette.

Les obsèques de Job An Irien seront célébrées mercredi 5 février, à 14 h 30, à l’église Saint-Houardon, à Landerneau.