Il a toujours su qu'il y en avait un autre après lui qui était plus grand. Jean, dernier prophète avant Jésus, est une belle figure d'humilité. Il nous apprend à voir la grandeur de l'autre.
'Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe.' (Jn 1, 23)* Jean-Baptise est le dernier des prophètes avant Jésus, dont il annonce et prépare la venue. Un personnage très important déjà à l'époque. Prédicateur à succès, on dit que 'tout Jérusalem venait à lui' pour l'entendre et se faire baptiser, en signe de purification. Et aujourd'hui, pour nous chrétiens il reste la figure de la proximité avec Jésus, et de l'annonce courageuse du Christ.
Il menait la vie austère des nabi, ces prophètes extrêmement respectés à l'époque. Se nourrissant de sauterelles, vêtu d'un peau de bête. 'Tout le monde ne tient pas ce rôle facilement, lui est est appelé à cela, du moins c'est comme ça qu'il s'exprime.' À son père Zacharie, l'ange avait annoncé : 'Il sera grand devant le Seigneur. Il ne boira pas de vin ni de boisson forte, et il sera rempli d’Esprit Saint dès le ventre de sa mère'. (Lc 1, 15)*
Jean est marqué d'une singularité dès sa naissance. Il naît d'une femme stérile : dans la tradition biblique est un signe majeur de la miséricorde de Dieu. Pour un peuple aussi petit que l'était Israël à l'époque, la stérilité était 'un malheur d'une grande cruauté', comme le rappelle Anne Soupa. Il ne s'agit pas tant ici d'exalter la maternité que de signifier la miséricorde de Dieu pour le peuple hébreu. Par ailleurs, vis-à-vis de Jean, on annonce d'emblée qu'il est 'le fruit de la miséricorde divine'. Ainsi, dès sa venue au monde, l'attention se porte sur Jean. On se dit c'est le Seigneur qui parle à travers lui.
Dans la célèbre scène appelée Visitation, Elisabeth sent son enfant tressaillir à l'approche de Marie, elle-même enceinte de Jésus. Dès lors qu'il reconnaît Jésus, Jean, d'une certaine façon a déjà fait son travail. Sa mission, toute sa vie, c'est de pointer du doigt Jésus comme plus grand que lui.
Par ailleurs, ce tressaillement est 'une très belle prophétie', pour Anne Soupa, car 'Elisabeth a une écoute d'elle-même suffisamment grande pour pouvoir dire que son enfant reconnaît le Sauveur'. Une écoute du corps trop peu mise en valeur aujourd'hui dans la tradition catholique, nous dit la bibliste. 'Il faut des femmes pour dire la beauté de cette scène et de ce que ça dit de l'écoute de notre corps.'
On lit dans la Bible : 'Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière.' (Jn 1, 8) Cette formule particulièrement poétique montre que Jean a toujours eu conscience que ce n'était pas lui le prophète et qu'il y en avait un autre après lui qui était plus grand. 'C'est là sa grandeur', pour Anne Soupa.
Le baptême du Christ par Jean est une scène très importante du Nouveau Testament. 'C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi !' (Jn 3, 14)*, s'exclame-t-il quand il voit Jésus s'avancer vers lui pour être baptisé. Pour Anne Soupa, 'c'est peut-être la parole la plus importante chez lui'. Jean reconnaît l'autre pour ce qu'il apporte. 'En cela Jean-Baptiste est un modèle très fort pour nous chrétiens, il nous évite de nous emprisonner en nous-mêmes, il nous apprend à pointer du doigt les autres, à reconnaître la grandeur des autres.' Une vertu que l'on retrouve parfois chez certains religieux, ceux qui, tout en restant eux-même discrets, vous enjoignent à donner du fruit, à vous déployer, à vous extérioriser.
*Source : AELF
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