A l’occasion de la grande fête diocésaine de la Diaconie à Bordeaux, les 1er et 2 juin, revenons sur ce terme religieux qui vient du grec Diakonia. Il fait référence à la charité exercée pour le service d’autrui. Le Plateau Spi de RCF Bordeaux a organisé une émission à plusieurs voix sur le « service de l’amour du prochain ». la pasteur Corinne Gendreau a invité Laure Muller, protestante engagée au foyer fraternel, une œuvre protestante à Bordeaux.
Le mot charité évoque un amour désintéressé et généreux envers autrui. Sa signification a évolué au fil des siècles pour inclure non seulement l’amour et la bienveillance, mais aussi les actions concrètes visant à aider ceux qui sont dans le besoin. Dans le cadre de la diaconie qui est le service pour les autres, la charité représente l’amour porté vers le prochain fragilisé.
Laure Muller est engagé depuis plusieurs années au foyer fraternel. Elle est interrogée par Corinne Gendreau, pasteure de l’Église protestante unie de Mérignac.
Corinne Gendreau : Quel est l’élément déclencheur de votre engagement au foyer fraternel ?
Laure Muller : Je dirais que l'élément déclencheur pour mon engagement, quel qu'il soit dans l'Église, ce sont des rencontres avec des personnes, avec Dieu, qui font que j'ai toujours grandi avec cette idée que la foi, c'était une parole avec les actes et des actes avec une parole. C'est aussi ce qui m'a amené au foyer fraternel qui est devenu un centre social dans les années 90. J'ai longtemps été entouré de personnes qui étaient largement appliqué au foyer fraternel. Donc aujourd'hui, je suis salariée. Mais j'ai d'abord été enfant jeune, puis maman d'un enfant qui allait au centre de loisirs. J'étais bénévole, administratrice. Je pense que j'ai fait beaucoup de choses au foyer fraternel. Le foyer fraternel a toujours fait partie de l'Eglise dans le sens où l'Église ne peut pas vivre que de la parole. La parole est essentielle, mais elle doit s'accompagner d'actes comme les actes doivent s'accompagner de la Parole. Et aujourd'hui donc, depuis quatre ans, je travaille au foyer fraternel, je suis à l'accueil, donc je vois passer beaucoup de personnes, des personnes qui arrivent pour la première fois. Alors je ne parlerai pas de charité. C'est vrai que dans le milieu protestant, on parle moins de charité. Je parlerai beaucoup plus de compassion. J'ai été très marquée par une personne qui a été directeur pendant 23 ans du foyer fraternel, le Pasteur Pascal Vernier, qui disait toujours "On est au service d'eux, au service de son prochain, au service de l'autre, de celui qui a besoin de quelque chose"... Il faut rester attentif à celui qui est à côté de nous. Et à l'heure actuelle, c'est toujours cet esprit qui domine au foyer fraternel.
Corinne Gendreau : Y-a-t-il des limites ou des difficultés à la charité ?
Laure Muller : Il y a toujours des difficultés à être avec et à souffrir avec. Quand on parle de compassion - puisque je préfère ce terme à celui de charité - il y a toujours des difficultés parce que, en soi même, on peut avoir une certaine réserve. On peut avoir une certaine fatigue, on peut se dire qu'on ne va pas arriver à porter tout le monde. Mais je crois que ce qui est très, très important, c'est au moins d'avoir une écoute, d'avoir un geste. Je dis toujours quand quelqu'un vient au foyer fraternel, même si on ne peut pas lui apporter ce qu'il demande, on doit lui donner quelque chose, un sourire, un café, une réponse. Mais c'est vrai que la difficulté, parfois, c'est qu'on est démuni face à certaines situations.
Corinne Gendreau : Justement, quand on est un peu démuni par rapport à certaines situations, faut-il déléguer ?
Laure Muller : Personnellement, je dirais que le plus important, c'est de se dire qu'on est une équipe. Déjà en tant que salarié et ensuite avec les institutions et avec l'État notamment, on est partenaires. Si on est partenaire, on va faire ensemble. Mais voilà, quelquefois il y a une faiblesse au niveau du partenariat. On ne voit pas toujours les choses de la même façon. On peut nous demander, par exemple, de porter beaucoup et de ne pas en avoir la capacité. Ça nous arrive à l'accueil de jour. On a beaucoup de demandes, par exemple pour les colis alimentaires et on ne peut pas répondre à tout le monde.
Corinne Gendreau : Est ce que vous considérez qu'un chrétien qui vous soutient financièrement est un partenaire ?
Laure Muller : Oui, parce qu'on n'est pas tous en capacité de donner du temps, de donner ses forces. Donc il vaut mieux quelque chose que rien du tout. Les œuvres peuvent être un prolongement ou les bras de l'Eglise.
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