A l'occasion du pardon de Sainte-Anne d'Auray, les invités d'Emilie Denizet et Anne Kerléo évoquent dans cette émission la manière d'être catholique en Bretagne. Pour certains Bretons, la langue et la culture bretonnes sont inséparables de la foi.
"On a une foi enracinée, explique Jean-Jacques Le Floc'h , tout chrétien souhaite développer sa foi et à l'enraciner dans quelque chose et notre foi de Bretons est enracinée dans notre culture, ce que nous ont transmis nos parents. On représente toujours sainte Anne avec un livre, ensignant la Bible à sa fille : c'est exactement ça, nos parents nous ont baignés dans cette culture et c'est ce qui fait vivre et vibrer ma foi".
Maxime Piolot lui, constate que "les Bretons ont souvent la foi, plutôt au moment des enterrements plutôt qu'au moment des mariages et des baptêmes. Pour nous les Bretons, les morts et les vivants sont assez proches. Ici, onpeut communiquer les saints, avec ceux qui ont disparu".
Et Mikaël Messina renchérit : "effectivement il y a un rapport privilégié avec les défunts et tout ce qu'ils ont pu nous léger, à travers un patrimoine omniprésent, il suffit d'ouvrir les yeux: on a des chapelles partout, des croix de chemins à tous les carrefours, des fontaines de tous les côtés, des fontaines sacrées... Et je crois aussi qu'il y a cet attachement aux lieux. Vivre sa foi dans une église paroissiale c'est une chose, c'est le lien avec l'Eglise universelle mais quand on est dans une chapelle ou dans un lieu un peu plus retiré, plus intime, on intériorise peut-être davantage et on a besoin de ça" Mikaël Messina.
"Les Bretons ont tendance à faire mentir le dicton français qui dit qu'il vaut mieux s'adresser à Dieu qu'à ses saints. On en a plusieurs centaines et on les honore tous" dit encore Bernard Rio, qui explique comment la manière dont la Bretagne a été évangélisée explique cette manière un peu différente de vivre la foi en Armorique : "la christianisation de la Bretagne a lieu entre le 3ème et le 10ème siècle avec des allers-retours de ceux qu'on appelle les "saints bretons" entre la bretagne armoricaine continentale et la Bretagne insulaire et l'Irlande. Ces "saints", ces moines navigateurs étaient essentiellement des princes, des fils de l'aristocratie insaulaires qui venaient en Bretagne prendre un territoire et le sanctifier. On a une différence par rapport à la christianisation gallo-romaine de la France : c'est ici une christianisation insulaire et non pas urbaine et rurale. Les saints bretons s'installent de préférence à la campagne et sont des ermites avant d'être des prédicateurs. C'est par leur vie, leur exemple, qu'ils sanctifient et font venir à eux les fidèles".
La réalité si spécifique des "pardons bretons" trouve son origine dans ce mode de christianisation comme l'explique encore Bernard Rio : "le pardon est un rite de consécration d'un territoire qui se perpétue annuellement par des rites bien précis liés aux 4 éléments :
Le fait de consacrer ce territoire, de le resanctifier annuellement permet aux vivants de se rattacher à un passé. Et on ne va pas au pardon si on a un conflit avec son voisin, il faut venir en paix, donc c'est aussi un rite de paix. "
Evoquant les pardons, les chapelles, les cantiques, mais aussi la vie paroissiale et diocésaine, les invités de cette émission racontent la foi des Bretons, fidèle la foi de l'Eglise mais enracinée dans un territoire et une culture, comme en écho aux mots du pape François dans l'Encyclique Evangelii Gaudium au paragraphe 68: "Il n’est pas bien d’ignorer l’importance décisive que revêt une culture marquée par la foi, parce que cette culture évangélisée, au-delà de ses limites, a beaucoup plus de ressources qu’une simple somme de croyants placés devant les attaques du sécularisme actuel. Une culture populaire évangélisée contient des valeurs de foi et de solidarité qui peuvent provoquer le développement d’une société plus juste et croyante, et possède une sagesse propre qu’il faut savoir reconnaître avec un regard plein de reconnaissance.".
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