Dans la Bible, le livre de la Genèse raconte la création du monde et notamment comment Dieu a créé l'humain. Ce texte a une fonction, il ne répond pas tant à la question de savoir pourquoi Dieu a créé l'homme et la femme, qu'à celle de savoir pourquoi on a eu besoin de raconter cette histoire. Elle est le récit mythique et et symbolique d'une quête de sens. Pourquoi j'existe ? Quelle est ma place ? Que transmettre à mes enfants ? "On peut imaginer un vieux grand-père qui s'adresse à son petit-fils et qui lui explique la vie", commente le P. Dominique Lang.
Au chapitre 1 de la Genèse, un premier récit de la création commence par "Faisons l’homme à notre image" (Gn 1, 26)*. On a beaucoup commenté ce "faisons", au pluriel : à qui Dieu parle-t-il ? Les chrétiens y ont vu une préfiguration de la Trinité, c'est-à-dire "de l'identifité riche et complexe de Dieu", comme l'explique le Père Dominique Lang, qui est trois personnes en une seule. C'est aussi pour les chrétiens "un indice que Dieu n'est pas une substance philosophique pure mais un être de parole et de communion".
"À l'image de Dieu", voilà une autre formule qui a beaucoup interrogé les biblistes. Selon le P. Lang, en fait de ressemblance il s'agit surtout d'un "processus" : c'est là tout l'enjeu de la vie spirituelle est là, d'aller vers une ressemblance. Mais le théologien précise que c'est aussi une "promesse d'amour". "Dieu crée quelque chose d'autre que lui-même pour que cet autre deviennent Dieu : nous ne serons pas Dieu mais nous partagerons sa vie."
La Genèse propose au chapitre 2 un autre récit, reprenant cette fois l'image du potier. "Alors le Seigneur Dieu modela l’homme avec la poussière tirée du sol ; il insuffla dans ses narines le souffle de vie, et l’homme devint un être vivant." (Gn 2, 7)* Adam vient de l'hébreu "ha-adama" qui signifie la terre. Le "souffle de vie" renvoie à cette force de vie que les chrétiens comme les juifs appellent l'âme.
"Le Seigneur Dieu dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je vais lui faire une aide qui lui correspondra »." (Gn 2, 18)* "La Genèse dit que cela fait partie du désir de Dieu que l'humanité puisse faire l'expérience du désir et de l'émerveillement mutuel."
Quant à ce mot d'"aide", il faut admettre que comme "beaucoup de cultures", le judaïsme et même le chrisitianisme "se sont un peu enfermés dans ces lectures un peu condescendantes". Pour le théologien, on peut comprendre ceci : "du côté d'Adam Dieu fait naître quelque chose d'équivalent et de complémentaire".
Le chapitre 2 de la Genèse s'achève sur un épilogue énigmatique. "À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un." (Gn 2, 24)* Une phrase étonnante puisqu'Adam et Ève n'ont pas de père ni de mère ! Elle révèle toute la symbolique du récit destiné à être raconté et transmis aux générations futures pour leur signifier que leur vie a un sens puisque Dieu l'a voulue.
*Source: AELF
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