Si le mot "sollicitude" n'apparaît pas en tant que tel dans les Évangiles, il exprime quelque chose de l'attitude de Jésus et de ce que devrait être celles de tout homme envers son prochain.
Dans le christianisme, on parle volontiers d'amour, de charité ou de compassion. Le dominicain Ignace Berten préfère, lui, le mot de "sollicitude", plus large que compassion, moins abstrait qu'amour ou charité et moins misérabiliste que pitié. Il écrit "La sollicitude - Un mode de vie évangélique" (éd. Salvator). Où il montre que la sollicitude est le mot le plus adéquat pour évoquer l'attitude de Jésus vis-à-vis de ceux qui l'entourent. Sa définition peut aussi constituer un projet de société, dans la droite ligne de la doctrine sociale de l'Église.
La sollicitude : il s'agit avant tout d'être "touché au cœur par ce que l'autre est et aussi dans ce qu'il souffre"
"Sollicitude" est un mot peu utilisé dans le vocabulaire courant - ce qui peut représenter "un avantage" par rapport à certains mot galvaudés à force d'être utilisés et dont on en vient à ignorer le sens. Selon Le Robert, la sollicitude est "une attention soutenue et affectueuse" et selon le Larousse, "un soin attentif, affectueux, à l'égard de quelqu'un".
La sollicitude, "c'est une certaine présence active à l'autre, à partir de ce qu'il est, de ce qu'il vit et du contexte dans lequel il se trouve". Elle comporte une dimension affective : on s'engage et on se laisse toucher par l'autre, on lui manifeste un attachement. Il n'y a pas de dimension intellectuelle dans la sollicitude, car il s'agit avant tout d'être "touché au cœur par ce que l'autre est et aussi dans ce qu'il souffre".
La bienveillance, c'est avoir un a priori positif sur l'autre, ce que l'on constate chez Jésus. "Chez nous, cela implique une conversion permanente", explique Ignace Berten. Et la solicitude est marquée part cette bienveillance, qui demande "une attention, un effort et une conversion du regard". Elle s'accompagne d'une admiration, que l'on trouve dans l'attitude du Christ. "Je trouve que c'est très important, surtout dans notre société, d'être capable d'admirer les petites choses de la vie qui sont vécues par les gens."
La compassion, si elle est une façon véritable de rejoindre la souffrance de l'autre et d'en être affecté, provoque nécessairement l'indignation. "À partir du moment où on choisit d'écouter et de voir, cela provoque de fait l'indignation." Et la sollicitude comprend cette compassion et cette indignation pour ce que l'autre vit et subit. "Dans notre société il y a beaucoup d'invisibles, qu'on ne voit pas ou qu'on ne veut pas voir." Tous ces moments où l'on a détourné le regard pour ne pas voir le mendiant, le pauvre, l'exclu. "Je trouve intéresant le fait que les évangiles souligne le fait que Jésus voit."
Le terme "sollicitude" est utilisé par Jean Paul II, dans "Sollicitudo Rei Socialis" (1987), "sa première grande encyclique sur le travail". Pour Ignace Berten, qui est spécialiste de la doctrine sociale de l'Église (DSE), cela suffit à montrer combien ce mot comporte d'implications concrètes.
"Quand on écoute les victimes de toutes sortes d'abus, on voit que des personnes ont été détruites de l'intérieur et elles rencontrent une difficulté majeure de pourvoir se reconstruire tant qu'on ne les a pas écoutées, reconnues. On touche là ces question fondamentales de quête de sens." La sollicitude appliquée dans ce cas précis donne un capquant à l'attitude à adopter vis-à-vis de ces victimes. "L'implication caractérise la sollicitude."
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