"Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson"
Méditation de l'évangile (Mt 13, 24-30) par le père Emmanuel PIC
Chant final: "Malgré l'ivraie" par l'Ensemble Vocal l'ALLIANCE
En ce temps-là,
Jésus proposa cette parabole à la foule :
« Le royaume des Cieux est comparable
à un homme qui a semé du bon grain dans son champ.
Or, pendant que les gens dormaient,
son ennemi survint ;
il sema de l’ivraie au milieu du blé
et s’en alla.
Quand la tige poussa et produisit l’épi,
alors l’ivraie apparut aussi.
Les serviteurs du maître vinrent lui dire :
‘Seigneur, n’est-ce pas du bon grain
que tu as semé dans ton champ ?
D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ?’
Il leur dit :
‘C’est un ennemi qui a fait cela.’
Les serviteurs lui disent :
‘Veux-tu donc que nous allions l’enlever ?’
Il répond :
‘Non, en enlevant l’ivraie,
vous risquez d’arracher le blé en même temps.
Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ;
et, au temps de la moisson,
je dirai aux moissonneurs :
Enlevez d’abord l’ivraie,
liez-la en bottes pour la brûler ;
quant au blé, ramassez-le
pour le rentrer dans mon grenier.’ »
Source : AELF
Un cultivateur sème son grain, dans l’espoir de le récolter quand sera venu le temps de la moisson. Mais cet homme a un ennemi. Ce dernier passe, une nuit, dans le champ, et sème du mauvais grain. La mauvaise herbe qui en sortira va nuire, évidemment, à la qualité et à la quantité de la récolte.
Cet homme, c’est vous, c’est moi, qui nous efforçons de faire pousser et germer dans nos vies humaines de belles graines, pour qu’elles portent de beaux fruits. C’est nous qui nous efforçons de faire le bien, mais qui constatons aussi hélas que ce bien s’accompagne souvent de moins bien, et parfois de mal. Ce n’est pas entièrement de notre faute : il y a quelque part un ennemi, auquel on donnera le nom que l’on voudra, qui entrave notre désir de mener une vie bonne. Saint Paul le dira, quelques années après Jésus : le bien que je veux faire, je ne le fais pas ; le mal que je veux éviter, je le fais malgré tout.
Que doit faire alors le cultivateur ? arracher, un à un, les mauvais plants qui gênent la croissance de son blé ? impossible. On ne peut pas distinguer l’ivraie du bon grain, avant d’en avoir vu les fruits.
Que pouvons-nous faire pour vaincre le mal qui est en nous et autour de nous ? pour éviter que ce que nous faisons, avec la meilleure intention du monde, ne produise aussi cette mauvaise herbe qui perturbe notre vie et celle des autres ?
La solution que propose la parabole, c’est de prendre son temps. D’attendre. La solution, c’est la patience avec soi-même, comme Dieu lui-même prend patience avec nous. Dieu a la patience du jardinier, qui sait qu’il ne sert à rien de tirer sur la plante pour en hâter la croissance. Dieu sait qu’il vaut mieux attendre un peu pour évaluer la qualité de la récolte. Ce qui lui importe, ce n’est pas l’ivraie qui poussera toujours jusqu’à la fin des temps, c’est l’épi porté par le bon grain.
Au moins avons-nous une consolation : nous savons que le mal ne vient pas de nous, mais qu’il fait partie de notre condition humaine d’aujourd’hui. A ce mal, la tradition chrétienne donne un nom : le péché originel. Dans la foi, nous savons que le Christ est vainqueur de ce péché-là. Cette certitude est ce qui nous donne la force d’attendre, avec patience, que le blé lève et que le Seigneur nous libère des mauvaises conséquences de nos actions bonnes.
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