Chaque semaine dans Midi Lorraine, retrouvez la chronique « Art sacré » de Victor Benz. Ce mardi, Victor nous parle du Chemin de croix : un acte de dévotion qui tire ses origines de la liturgie du Vendredi saint des chrétiens de Jérusalem.
Tout en commémorant la Passion du Christ en évoquant quatorze moments particuliers de celle-ci (certains issus de la tradition et non rapportés dans les écrits bibliques), le fidèle souhaite recevoir la grâce de communier intensément aux souffrances du Christ, Sauveur des hommes.
Ces cérémonies sont proposées plus particulièrement pendant le Carême, et surtout le Vendredi saint. La cérémonie comporte parfois une procession, interrompue par des prédications, des méditations et des prières, effectuée en s'arrêtant devant quatorze tableaux, crucifix ou autres symboles disposés soit autour de l'église ou d'un lieu attenant (généralement une voie reproduisant la montée au calvaire), soit dans l'église.
Le chemin de Croix qui est célébré avant l'office de la Passion se distingue des processions du Christ-Mort qui se célèbrent après cet office à la nuit tombée. Par extension, le Chemin de croix désigne l'ensemble des symboles matériels (tableaux, statues, plaques, crucifix, etc.) marquant les différentes « stations » de la cérémonie.
Terre sainte. Entre ces deux dates, suivant eux-mêmes le rite traditionnel en usage dans l'Église orthodoxe locale, ils le transposent progressivement dans des petits sanctuaires extérieurs en Italie. Le Chemin de croix comporte à l'origine sept stations mais leur nombre varie considérablement. La liberté d'interprétation iconographique est en effet telle que si certains des épisodes sont relatés dans les évangiles (condamnation de Jésus, réquisition de Simon de Cyrène pour porter la croix…) d'autres sont nés de traditions tardives ou de la compassion imaginaire des promoteurs de cette dévotion (Véronique essuyant le visage du Christ, les trois chutes). La première utilisation du terme de stations apparaît dans le récit d'un pèlerin anglais, William Wey qui s'est rendu en terre sainte en 1458 et 1462.
Un bref du pape Innocent XI (5 septembre 1686) permet aux Franciscains d’installer des stations dans leurs églises. En 1742, ce pape réglemente le droit d'érection des chemins de croix et leur présentation matérielle (les 14 stations doivent être matérialisées par des croix en bois, bénites selon la formule du Rituel, et peuvent être accompagnées de scènes peintes ou sculptées).
En 1862, un décret du Saint Siège permet aux prêtres d’ériger eux-mêmes un Chemin de croix dans leurs églises. Peu de fidèles pouvant se rendre à Jérusalem, les chemins de croix font alors office de mini-pèlerinage, si bien que des brefs apostoliques accordent des indulgences aussi bien aux fidèles qui visitent, en personne, les lieux saints qu'à ceux qui font leur Chemin de croix.
La quasi-totalité des églises de Moselle possède ou a possédé un chemin de croix, même la cathédrale. Au début du XIXe siècle, une souscription est lancée pour la réalisation de 14 toiles formant un chemin de croix. Jugées trop grandes et défigurant la nef, elles ont été vendues à la paroisse de Sarralbe et quelques stations subsistent à Puttelange-aux-Lacs.
Voulant imiter l’église-mère, de nombreuses paroisses obtiennent un chemin de croix dont la stations n’ont pas toujours été proportionnées aux lieux ; ce sont les premières à avoir disparu par une mauvaise interprétation des textes du concile.
Il faut tenir deux choses, le chemin de croix comme une œuvre d’art qui invite à la méditation. Si l’intention n’est que décorative, alors il vaut mieux s’en passer.
Dans certaines églises, il en fut accroché un aux murs mais l’absence de bas-côté les a transformé en décoration permanente et les images liées à la Passion du Christ a fini par transformer ces églises en corps souffrants, d’où une dévotion un peu doloriste… Après la croix vient la Résurrection ; comme le dit saint Paul « si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi »
Depuis quelques mois se tient au musée de la Cour d’Or une exposition sur un chemin de croix contemporain commandé par un mécène. Il offre une vision nouvelle et permet de donner à voir un patrimoine chrétien à un public de plus en plus loin des questions de foi.
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