Comment peut-on imaginer François d'Assise en combattant, lui qui est un homme de paix et dont on dit qu'il parlait aux oiseaux ? "S'il est devenu un homme de paix et s'il sait parler aux oiseaux, répond Suzanne Giuseppi Testut, c'est tout simplement parce qu'il a mené un combat, un combat sur lui-même pour justement répondre à l'attente du Seigneur." Avec son livre "Le combat spirituel à la lumière de saint François d’Assise et de ses frères" (éd. Nouvelle Cité), on s'approche de François d'Assise sans être impressionné par l'hagiographie. Et on comprend que "l'arme essentielle du combat spirituel, c'est l'amour".
"Il n'y a pas de perdant dans ce combat, il n'y a que des gagnants, il n'y a pas d'ennemi à vaincre que des hommes à aimer." Le terme "combat spirituel" qui emprunte au vocabulaire guerrier, semble "très masculin", admet Suzanne Giuseppi Testut. "En tant que femme je l'emploie allégrement et avec joie parce que justement c'est le combat pour la vie, pour l'amour, pour la tendresse." Pour la franciscaine séculière, "la force de François c'était d'être habité par ces entrailles féminines et c'est pour ça qu'il pouvait parler du combat avec beaucoup de tendresse, avec beaucoup d'amour".
Pourquoi cette idée de combat ? Force est de reconnaître que dans nos vies, on est "confronté à de très grandes sollicitations". Individualisme, consumérisme, "des familles qui éclatent", "nos églises où on voit de moins en moins de jeunes"... On peut comprendre ce terme comme une forme de vigilance à garder. De façon générale, "la relation est très attaquée" dans notre société, considère Suzanne Giuseppi Testut, "nous ne savons plus vivre en relation, nous ne savons plus faire famille, nous ne savons plus fraterniser". Si le but du combat spirituel est de retrouver ces valeurs, alors il concerne "l'humanité toute entière".
Le combat spirituel concerne tous ceux qui souhaitent vivre de l'Évangile à la suite du Christ. "Les armes de notre combat ne relèvent d'aucun arsenal humain", écrit Suzanne Giuseppi Testut. "L'arme essentielle du combat spirituel, c'est l'amour, et celle qui va résoudre tout les conflits." L'amour qui demande de se dépasser, d'apprendre à regarder l'autre, à aimer l'autre. "Je sais par expérience que l'amour est efficace, agissant." Ce que Suzanne Giuseppi Testut observe lorsqu'elle anime des retraites spirituelles, elle "[voit] à quel point il y a une soif à ce niveau-là".
800 ans nous séparent de François d'Assise. Plus près de nous, des Martin Luther King, des Nelson Mandela, des Gandhi qui nous ont donné l'exemple du combat non violent, inspiré par l'amour du prochain. "Si on reprend leur vie, on s'aperçoit que leur combat n'a jamais été inutile, mais il n'est jamais fini : le combat de l'amour n'est jamais terminé."
"Sa vie est fondée sur un amour fou de Dieu, à partir de cet amour fou il s'engage et donne des exemples de vie très concrets." Ce que nous enseigne François d'Assise, c'est notamment que la fraternité se construit. "La fraternité, elle s'est construite à partir de l'attention, de la vigilance, de l'écoute du cœur, et justement à partir de de ce désir de vivre à la suite du Christ. Et je crois que là on y arrive vraiment, et c'est ça le miracle de la grâce."
"Le combat spirituel ne peut se faire sans le Christ." En tant que "franciscaine, chrétienne et baptisée", Suzanne Giuseppi Testut considère "que la fraternité ne peut s'accomplir véritablement qu'à travers l'amour du Christ, c'est d'une force telle, c'est une nécessité, il faut s'appuyer sur la Parole".
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