Le dialogue interreligieux, une réalité prophétique pour notre société

“Amis musulmans, soyez musulmans, amis chrétiens, soyez chrétiens! Soyez vrais dans ce que vous êtes!” demande Jérôme Montois aux participants aux rencontres interreligieuses qu’il organise avec le diocèse de Lille. Car le délégué diocésain pour le dialogue interreligieux en est convaincu : il ne s’agit pas de gommer nos différences, mais plutôt de “bâtir des ponts”. 

Le dialogue avec d’autres religions, c’est d’abord reconnaître l’autre comme une personne, quelle que soit sa religion ou son absence de religion.

"C’est fondamental, il ne faut pas rester focalisé sur le fait que la personne soit d’une autre religion. D’abord on rencontre des personnes” insiste Jérôme Montois. Un pré-requis qui ouvre les portes à un authentique dialogue, basé sur la confiance mutuelle. 

Un changement de paradigme

Si cette attitude paraît évidente aujourd’hui, il n’en a pas toujours été ainsi dans l’histoire de l’Eglise : “Le concile Vatican II a été un moment de rupture avec la publication de “Nostra Aetate”, le document qui précise les relations de l’Eglise avec les religions non-chrétiennes”, explique Jérôme Montois. “On est passé du “hors de l’Eglise, point de salut” à la reconnaissance que l’Esprit Saint agit aussi chez les autres. Il peut ainsi y avoir des parts de sainteté dans chaque religion, dans la mesure où la recherche de la vérité est sincère. C’est un véritable changement de paradigme!”

Faut-il pour autant chercher à convaincre les personnes ayant une autre croyance ? “Non, répond clairement Jérôme Montois, on ne peut pas avoir la prétention de convertir les autres. Témoigner, rendre compte de sa foi, oui, mais la conversion, cela ne nous appartient pas. Cela relève du chemin personnel de chacun, c’est l’Esprit Saint qui agit.” 

Acteurs de la fraternité

Le dialogue interreligieux initié par l'Église dans les diocèses a une double mission: favoriser et organiser les rencontres entre chrétiens et musulmans, juifs, bouddhistes ou autres religions présentes sur le territoire, mais aussi la formation des chrétiens au dialogue avec les autres religions, notamment l’islam. “La situation a beaucoup changé ces dernières décennies”, explique Jérôme Montois. “Le fait religieux musulman est beaucoup plus présent et cela suscite des questions, des préjugés et de la peur. Nous formons donc les chrétiens au dialogue, mais aussi à l’annonce de la foi qui est indissociable du dialogue. Car c’est aussi cela la laïcité et la liberté de religion!”

“Au final, conclut Jérôme Montois, le dialogue interreligieux instauré par l'Église est un lieu dans la société qui permet de dépasser la tentation du repli communautaire. C’est difficile, mais c’est vital ! Le dialogue interreligieux a quelque chose de prophétique pour notre société toute entière, qui a besoin de retrouver le chemin du dialogue. Nous devenons acteurs de fraternité !”