'Oh Happy Day !' Qui n'a jamais éprouvé de la joie en écoutant ce chant mondialement connu qui célèbre un jour de fête ? Comme tous les gospel, 'Cette musique est en réalité une réponse à une souffrance presque indicible.' L'historien est l'auteur de 'Gospel et francophonie - Une alliance sans frontières' (éd. Éditions Empreinte temps présent).
Cette musique, on ne peut pas la comprendre, ni 'son déploiement, sa popularité encore aujourd'hui indépendemment de la souffrance' de l'esclavage. âLa traite transatlantique c'est 12 millions d'êtres humains vendus en quelques siècles comme des marchandises, entre l'Afrique, l'Europe et les Amériques.
'Lorsque les esclaves arrivent dans les Caraïbes ou en Amérique du Nord, ils sont totalement désocialisés : on les sépare de leur famille, de leur groupe ethnique, de leur groupe linguistique.' Cela s'appelle le seasoning, pour 'acclimatation' et c'est un processus qui vise à 'couper l'être humain de ses racines'. Dès lors il ne reste à ces hommes et à ces femmes que des 'biens immatériels' : la prière, la spiritualité, la musique, le rythme.
AUX ORIGINES DU GOSPEL, L'ANCIEN TESTAMENT
Les premières working songs sont chantées pour se donner du courage. Des chants a cappella, très rythmés, dont les paroles sont peu à peu en anglais. Au moment de l'indépendance des États-Unis, déclarée en 1776 et reconnue officiellement par le traité de Paris de 1783, l'anglicanisme officiel laisse place à un nouveau type de spiritualité chrétienne : le protestantisme évangélique, porté par les Églises baptistes et méthodistes. 'Une des particularité de ce protestantisme c'est qu'il est très populaire.'
C'est dans les black churches réservées aux esclaves que la rencontre se fait entre les working songs et le référentiel chrétien. En particulier l'Ancien Testament, l'émancipation du peuple hébreux et la sortie d'Égypte vers la terre promise. 'Les Afro-Américains vont se reconnaître dans cette odyssée : les premiers chants qu'on appelle spirituals vont mettre en avant cette thématique de libération qu'on trouve dans le Livre de l'Exode.' Pour les esclaves, il s'agit de se projeter dans vers futur qui n'est pas encore là : 'On est dans cette tension prophétique', explique Sébastien Fath. 'Laisse partir mon peuple' (Ex 9, 1) a donné l'un des plus célèbres negro-spirituals, 'Go Down Moses'.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !