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Le saint Curé d’Ars

Un article rédigé par Jean-Luc Moens - 1RCF Belgique, le 14 septembre 2022 - Modifié le 14 septembre 2022

Il a rendu le petit village d'Ars célèbre dans le monde entier simplement par sa prière et son amour de Dieu.

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Jean-Marie Vianney est né à Dardilly le 8 mai 1786 dans une famille de cultivateurs. Son enfance est marquée par la Révolution française. C’est donc avec des prêtres réfractaires, c’est-à-dire des prêtres clandestins et résistants, qu’il fait sa première communion et sa première confession. Avec la révolution, l’école de Dardilly est fermée. Jean-Marie n’a pas accès à l’instruction normale comme la majorité des enfants du village. Quasiment aucun ne sait ni lire ni écrire. Quand l’école rouvre ses portes, Jean-Marie a 17 ans. Il a bien de la peine à étudier.


Jean-Marie se sent appelé au sacerdoce.

 

Mais comment faire quand on est aussi peu instruit que lui ? Il s’adresse à l’abbé Balley, curé d’Ecully, qui accepte de le prendre en charge et de lui enseigner les rudiments nécessaires pour commencer sa formation de séminariste. Jean-Marie est un élève médiocre. Le latin est pour lui un supplice. En revanche, Jean-Marie est extrêmement pieux ; il s’inflige de nombreuses pénitences. Le curé Balley admire la ferveur du jeune Vianney et ne doute pas de sa vocation. Il fait tout pour que son protégé soit ordonné prêtre et réussit : le 13 août 1815, Mgr Simon, évêque de Grenoble, ordonne Jean-Marie prêtre à l’âge de 29 ans.


Au début de son ministère, il est vicaire à Ecully avec l’abbé Balley. À la mort de l’abbé, Jean-Marie Vianney est nommé chapelain du petit village d’Ars dans les Dombes. Nous sommes en 1818. Ars comprend 230 habitants, c’est un village isolé où l’évêque pense qu’il ne fera pas de vagues.
À son arrivée, l’abbé Vianney trouve un village dont la population est chrétienne, mais la pratique s’est affaiblie.
Jean-Marie Vianney s’installe donc dans sa cure. Tout le village observe le nouveau curé. Ils ne sont pas déçus ! Ils constatent que c’est un prêtre plein de bonté et joyeux. Il vit dans une grande austérité. Il vide la cure de ses beaux meubles et se contente de quelques meubles dépareillés. Il mange peu, essentiellement des pommes de terre cuites à l’eau qu’il conserve jusqu’à ce qu’elles se couvrent de moisissure. Au lieu de pain frais, il achète des croutes aux mendiants qui passent. Il passe beaucoup de temps à l’église pour prier devant le Saint Sacrement.


Les villageois se disent qu’ils ont reçu un saint. Mais un saint intransigeant. Le curé combat les bals, les cabarets ; il lutte contre le travail le dimanche. Ses homélies sont préparées laborieusement en s’inspirant de quelques livres de l’époque. Il parle souvent de l’enfer, de la damnation éternelle et des péchés mortels. 
Il embellit son église : un nouvel autel, un clocher en brique (l’ancien avait été détruit à la révolution), deux nouvelles chapelles latérales, l’un dédiée à la Vierge, l’autre à saint Jean-Baptiste. 
En 1823, le curé d’Ars participe à une mission paroissiale à Trévoux à 10 km de chez lui. Il confesse de nombreuses personnes. Sa réputation de sainteté et de confesseur commence à se répandre. Certains curés des environs sont jaloux. Ils se plaignent à l’évêque de Belley et parlent de désordre dans la paroisse d’Ars. Monseigneur envoie l’abbé Pasquier, curé de Trévoux, faire une enquête canonique. Il envoie son rapport :

 

Monseigneur, écrit-il, il est vrai, il semble qu’il n’y a point d’ordre, mais c’est égal, c’est un saint. 

 

C’est aussi à cette époque que le curé d’Ars doit faire face à de grandes tentations intérieures. Il tremble devant la responsabilité de son ministère qui grandit. Il se sent indigne, il a une conscience aiguë de sa misère et de son manque de formation pour assurer son ministère. Il a demandé à Dieu de lui manifester sa misère, puis submergé par celle-ci, il l’a prié de répandre une lumière moins vive sur son âme. Une de ses pénitentes raconte que le curé lui a dit : « ma fille, ne demandez pas à Dieu la connaissance totale de votre misère. Je l’ai demandée une fois et je l’ai obtenue. Si Dieu ne m’avait alors soutenu, je serais tombé à l’instant même dans le désespoir. » Pendant toute sa vie, le curé d’Ars devra affronter ce sentiment de totale indignité qui lui fait parfois croire qu’il ira en enfer. En même temps, il ne se décourage pas. Jamais il ne manquera d’espérance.
Vers la fin de 1823, des bruits étranges se font entendre la nuit dans la cure. Le curé croit d’abord à des voleurs. Il demande à des hommes forts de venir à la cure la nuit pour monter la garde. Mais vite, il se rend compte que c’est le diable qui se manifeste. Il commence à l’appeler « le grappin ». Il congédie les gardes et s’en remet à Dieu. Si le grappin se manifeste, c’est qu’il n’apprécie pas les succès pastoraux du curé. Il ira jusqu’à mettre le feu au lit du saint curé… Le curé va apprendre à vivre avec ses attaques qui se reproduisent régulièrement.


En mars 1824, six années après l’arrivée dans le village, le curé d’Ars achète une maison près de l’église pour en faire une école de filles, La Providence. Il engage deux jeunes paysannes du coin comme institutrices : Catherine Lacassagne (17 ans) et Benoite Lardet (20 ans). Le grenier est transformé en dortoir. L’ensemble du projet dépend de la Providence, c’est-à-dire des dons des bienfaiteurs. Mais pas toujours… !

 

Miracle

En 1829, la récolte est mauvaise. Les bienfaiteurs qui soutiennent la maison de La Providence sont à sec. Le curé constate qu’il ne reste plus de blé dans le grenier de la cure, à peine un petit tas de grains dans lequel il cache une médaille de saint François Régis. Quand il envoie une femme vérifier la situation, le grenier déborde de blé. Il n’a jamais été aussi rempli. C’est le premier miracle ! Il fait grand bruit…

 

La réputation du saint curé grandit et les foules commencent à affluer pour se confesser.

 

Le mouvement a commencé bien avant 1830, mais il prend de l’ampleur entre 1830 et 1835. On peut imaginer la stupeur des bonnes gens d’Ars. Rien n’existait pour accueillir ce flot de pèlerins. Tout se fait dans l’improvisation. Le curé est très gêné qu’on commence à lui attribuer des miracles, alors il invente un stratagème : il lance la dévotion à une martyre romaine dont les restes ont été découverts dans les catacombes de sainte Priscille, sainte Philomène. C’est à elle que seront attribués tous les miracles obtenus à la prière de notre saint curé. Ce qu’il ne savait pas, c’est que sainte Philomène n’a jamais existé et que sa prétendue existence est liée à une mauvaise interprétation de la pierre qui fermait sa tombe. Aujourd’hui, nous n’avons plus de doute sur les origines des miracles d’Ars : c’est bien le saint curé !
La charge de la paroisse et des pèlerins est très lourde pour le curé qui se sent tellement indigne. Il tente plusieurs fois de s’enfuir. Après une tentative, l’évêque nomme un co-adjuteur au saint curé. C’est l’abbé Antoine Raymond. D’un tempérament très différent, on peut dire qu’il participe à l’approfondissement de la sainteté de Jean-Marie Vianney.
En octobre 1852, le curé est nommé chanoine et l’évêque vient à Ars pour lui donner le camail, signe de sa promotion. L’abbé Vianney se débat pour tenter d’échapper, impossible. Finalement, il revend le fameux camail à une paroissienne qui l’achète 50 F et le laisse en dépôt au curé, ravi d’avoir de l’argent pour ses pauvres. 
À la fin de sa vie, le pauvre curé d’Ars est toujours torturé par la peur d’être damné, de ne pas avoir bien servi le Seigneur, etc. Il fait des actes héroïques d’espérance. En même temps, sa manière de célébrer la messe devient de plus en plus émouvante. Les assistants en ressortent profondément édifiés.


Il prie :

 

Mon Dieu, je vous aime, faites grandir mon amour pour vous dans mon cœur toujours davantage, de ce moment-ci jusqu’à ma mort !

 

… et tout le monde désire aimer Dieu comme lui !

Le 4 août 1859, à 2 heures du matin, Jean-Marie Vianney, usé par ses jeûnes, ses veilles et tous ses sacrifices, rend son âme à Dieu.

Il est béatifié le 8 janvier 1905 et déclaré la même année, patron des prêtres de France. Canonisé en 1925 par Pie XI (la même année que sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus), il est proclamé en 1929 patron de tous les Curés de l’univers.
 

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