Pour se préparer à Pâques, la grande fête de la résurrection du Christ, sommet de la foi chrétienne, le Père Guillaume de Menthière donne une série de conférences à Notre-Dame de Paris, sur le thème "Allons-nous quelque part ? avec le Ressuscité, faire route vers Emmaüs". Il s'appuie sur le passage de l'Évangile de Luc, au chapitre 24, où il est dit comment, sur la route d'Emmaüs, le Christ ressuscité s'est manifesté à deux disciples. Dans cette cinquième conférence il est question de l'espérance chrétienne : quelle joie peut nous laisser l'absence du Christ, alors même que nous le reconnaissons comme le Sauveur ? Quelle espérance le chrétien peut-il vivre ?
"Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards." (Lc 24, 31) Attablés avec le Pain vivant, les compagnons d’Emmaüs ont reconnu Jésus. À peine leurs yeux se sont-ils ouverts à cette vive clarté que déjà le Ressuscité a disparu ! Comme ils auraient aimé le retenir un peu ! Mais on ne retient plus le Seigneur. Madeleine l’apprit à ses dépens quand le Seigneur lui dit dans le jardin : Noli me tangere. "Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père." (Jn 20, 17)
Un autre type de présence du Seigneur s’inaugure depuis Pâques. Jésus monte vers son Père. Les disciples qui le verront s’élever dans les cieux le jour de l’Ascension en garderont une grande joie et la vive certitude qu’il sera désormais tous les jours avec eux. Celui qui est descendu au plus bas des enfers est désormais au plus haut dans la gloire du ciel. Il est parti nous préparer une place. Nous avons l’espérance de le rejoindre un jour.
Jésus, en effet, monte vers son Père et notre Père, vers son Père par nature et notre Père par grâce, vers son Dieu car il en est descendu et vers notre Dieu car nous y monterons. Allons-nous nous lamenter de ce qu’il ne soit plus physiquement avec nous, devons-nous sombrer dans la tristesse parce que sa présence charnelle nous fait défaut ? Certes non ! « Si vous m’aimiez, dit le Seigneur, vous vous réjouiriez de ce que je vais vers le Père »(Jn 14,28).
Ainsi en va-t-il, au jour de l’Ascension. Les Apôtres se prosternèrent devant le Seigneur qui tendait les mains pour les bénir et qui montait aux cieux en se séparant d’eux. Aussitôt, depuis Béthanie, ils s’en retournèrent en grande joie, titubant de bonheur, jusqu’à Jérusalem. Semblablement, au moment même où le Seigneur disparaît de devant leurs yeux, les disciples d’Emmaüs, dans un irrépressible élan d’allégresse, rebroussent chemin vers la Ville Sainte :
Un petit peu de pain qu’on partage et qu’on mange
Un rien du tout en somme et les voici changés
Ils allaient graves et lourds et les voici légers
Députés dans la nuit, plus lestes que les anges !
Pourquoi cette allégresse du départ, pourquoi ce bonheur de l’absence, cette euphorie de la disparition ? C’est curieux, en principe un départ engendre plutôt de la tristesse. Nous nous attendrions à ce que les disciples dans l’auberge d’Emmaüs ou les Apôtres le jour de l’Ascension soient demeurés déconcertés et tristes... Tout adieu d’un être cher laisse derrière lui une souffrance. Même si Jésus était parti comme une personne vivante, comment pouvait-il ne pas les rendre tristes de son congé définitif ? "La joie des disciples après l’Ascension corrige notre image de cet événement, explique Benoît XVI. L’Ascension n’est pas un départ dans une région lointaine du cosmos, mais elle est la proximité permanente dont les disciples font si fortement l’expérience qu’il en tirent une joie durable."
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