La récente visite du pape François en Corse a suscité un grand enthousiasme et a été un beau succès pour l’Eglise et son pasteur, le Cardinal Bustillo. Joie et fierté pour cette île et pour la France d’avoir accueilli le successeur de Pierre lors de cette journée « historique » !
Ayant participé à cette visite avec de nombreux évêques, je puis témoigner de la ferveur du peuple de Dieu venu voir le Saint-Père et prier avec lui. François a remercié et rendu grâce pour ce dimanche de « Gaudete» à Ajaccio.
Prêtre à Nouméa en Nouvelle Calédonie dans les années 1980, puis évêque en Guadeloupe, aux Antilles, je puis donner des explications sur ces foules réunies dans les îles autour des papes successifs.
En effet, Paul VI a ouvert la route lors d’une visite historique en 1971 aux Philippines en Asie et aux îles Samoa en Océanie. Puis Jean-Paul a visité de nombreuses îles dans différents continents, notamment en Nouvelle-Zélande. Benoit XVI s’est rendu en Australie, la grande île pour les JMJ à Sydney en 2008. Et François a visité Lampedusa et Lesbos, l’île Maurice et Timor ainsi que la Papouasie Nouvelle-Guinée. Et récemment la Corse pour une « visite à l’italienne » d’une journée.
L’insularité propre à ces terres au milieu des mers explique le succès. Toute l’ile se sent concernée et c’est exactement ce qui s’est passé à Ajaccio.
Je me permets de rappeler ici deux voyages de Jean-Paul II dans les îles. En 1984, en plein cœur du Pacifique, aux îles Salomon. Et, cinq ans plus tard, dans une île française, la Réunion.
Il y a 40 ans, j’avais la joie de conduire une délégation de 100 chrétiens Calédoniens de toutes ethnies pour une journée avec le pape à Honiara, sur l’ile de Guadalcanal. C’était le 9 Mai 1984. Les Salomonais, catholiques et protestants avaient préparé ce rassemblement « familial » avec les tonalités locales, la musique des flûtes de pan et le cadeau…d’un cochon vivant suscitant la surprise et le sourire de Jean-Paul II ! Le soir, avant de repartir, le pape avait confié à l’évêque local sa joie. Loin de Rome mais proche de ces populations. « I was at peace ». J’étais en paix. Même s’il avait affronté la chaleur tropicale.
De même, en 1989, il venait dans l’île française au cœur de l’Océan Indien pour deux jours inoubliables, dont une messe géante avec 200.000 fidèles participant à la béatification du frère Scubillion, frère des écoles chrétiennes venu dans cette île en 1833. Au terme de sa visite, le pape Jean-Paul II s’était émerveillé de l’accueil, des foules et de la beauté des paysages en disant à Mgr Aubry : « Ici, c’est le paradis ». De fait, les îles sont souvent des lieux paradisiaques. Et c’est le cas de l’île de beauté !
L’extraordinaire réussite de la visite de François en Corse est liée à son particularisme, son histoire et la présence des confréries qu’il a rencontrées. De plus, les insulaires sont toujours accueillants, et plus encore lorsque la visite est inattendue, comme ce fut le cas à Ajaccio.
Autre souvenir. Après les JMJ de Czestochowa en Pologne en 1989, j’avais conduit un groupe de Tahitiens pour la messe avec le pape à Castel Gandolfo. Ces jeunes avaient expliqué qu’ils avaient fait des milliers de kilomètres pour venir en Europe. Maeva, 20 ans ce jour-là, avait invité Jean-Paul II : « Très Saint Père venez chez nous ! » Le pape polonais qui a sillonné le monde n’a pu venir à Papeete ou à Nouméa. Mais le pape argentin est venu à Ajaccio. Rendons grâces encore pour cette visite aux périphéries, à Ajaccio ! Oui, « que jubilent les îles nombreuses » (Psaume 97). Elles ont reçu l’Evangile, expriment leur foi et accueillent magnifiquement les papes !
+ Jean-Yves RIOCREUX
3 Janvier 2025
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