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"Les petits chiens, sous la table, mangent bien les miettes..." (Mc 7, 24-30)

Un article rédigé par Antoni Sébastien (Père) (57489) - RCF, le 9 février 2023 - Modifié le 9 février 2023
Prière du matin"Les petits chiens, sous la table, mangent bien les miettes..." (Mc 7, 24-30)

"Les petits chiens, sous la table, mangent bien les miettes des petits enfants !"

Méditation de l'évangile (Mc 7, 24-30) par le père Sébastien Antoni

pas de chant final

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Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là,
Jésus partit et se rendit dans le territoire de Tyr.
Il était entré dans une maison,
et il ne voulait pas qu’on le sache,
mais il ne put rester inaperçu :
une femme entendit aussitôt parler de lui ;
elle avait une petite fille possédée par un esprit impur ;
elle vint se jeter à ses pieds.
Cette femme était païenne, syro-phénicienne de naissance,
et elle lui demandait d’expulser le démon hors de sa fille.
Il lui disait :
« Laisse d’abord les enfants se rassasier,
car il n’est pas bien de prendre le pain des enfants
et de le jeter aux petits chiens. »
Mais elle lui répliqua :
« Seigneur, les petits chiens, sous la table,
mangent bien les miettes des petits enfants ! »
Alors il lui dit :
« À cause de cette parole, va :
le démon est sorti de ta fille. »
Elle rentra à la maison,
et elle trouva l’enfant étendue sur le lit :
le démon était sorti d’elle.

Source : AELF

Méditation Père Sébastien Antoni

Qui a le droit à Dieu ? Qui est assez digne, assez religieux, assez saints, assez « bien comme il faut » pour accéder tout droit à Dieu ? Les bons croyants ou les mécréants ? Les baptisés ou tout homme et toute femme, créés par Dieu ? Les meilleurs ou les gens de rien ?
Vous me voyez venir non ? Oui, l’Évangile s’intéresse d’abord aux pécheurs ! Dans le passage de ce jour, l’évangile nous décrit une femme qui cumule plusieurs handicape spirituelles et qui pourtant va toucher le cœur de Jésus. Elle est étrangère, elle n’est pas juive, elle ne vient pas au bon moment pour parler à Jésus… Trois raisons suffisantes que l’on a ici pour la congédier et la renvoyer d’où elle vient… Et si cela ne suffisait pas, elle insiste, pire elle contredit la parole de Jésus et donc celle de Dieu… Elle lui dit, certes subtilement et avec sans aucun doute une pointe d’humour… Non, je ne suis pas d’accord avec toi ! Ce qu’elle dit, c’est quelque chose comme cela : « Moi aussi et tous les exclus du religieusement correct comme moi, nous avons besoin de la grâce, nous avons besoin, pour vivre des dons du Salut… » Eh oui ! Cette femme contredit Dieu ! Et Jésus va se saisir de ce culot pour saisir pour déployer toute sa grâce et sa tendresse dans son histoire. Sa fille sera guérie, libérée du mal. Sauvée… Fille du Salut.
Alors, qui sont, aujourd’hui, ceux qui ne faisant pas partie de l’Église, ceux qui n’ont pas le tampon « baptisé » sur le front, pas de foi du tout ni de Dieu, ou l’anneau du mariage religieux au doigt, pas le bon partenaire de vie… Combien sont-ils ceux-là qui parfois sont rejetés de l’Église, montré du doigt, repoussés ou laissés à la porte de nos communautés ? Et du coup, combien sont-ils ceux-là à qui on fait barrière et barrage avec toute une suite de bonnes raisons pour juger, exclure, repousser ? Et pourtant, Jésus a su se laisser fléchir, changer d’avis, ouvert plus large encore ses bras pour accueillir et faire grâce à cette femme de l’évangile ne devrions-nous pas en faire autant ? Jusqu’où la grâce de Dieu a-t-elle fait exploser les murs et les limites de nos périmètres de sécurité morales et bien-pensantes ? Qu’avons-nous appris de Dieu et de la force de l’Évangile ? Nos réflexes de protection ou d’exclusion, sont-ils enfin matés ! Maitrisés ? Sommes-nous devenus les doux, les accueillants, les tendre de l’Evangile ? Parce que Jésus a changé d’avis… Parce que Dieu s’est laissé bousculer, et même fléchir… La grâce a pu se dilater, la foi grandie et cette femme être sauvée avec sa fille que le démon n’a plus tourmentée… Oui qu’avons-nous appris de l’évangile aujourd’hui… Qu’avons-nous retenu… Et qu’en faisons-nous ?
Le combat est une lutte intérieure, là tout au fond, dans le secret de nos existences ces lieux que nous sommes les seuls à visiter de notre personnalité, de nos angoisses, de notre mal aussi… Ces bas-fonds où résistent peu de règles. Dans ces endroits de ténèbres, mais où, avec Jésus et la bonne Nouvelle une enclave du Royaume rappelle que l’amour peut faire Loi ici aussi. À condition d’avoir renoncé à verrouiller un pré carré de pureté théorique, et de conserver un possible espace pour aimer. Car quand l’amour évangélique fait Loi, le tri se fait tout seul entre pur et impur dans nos vies… Et là nous devenons vrais, et tout s’éclaire enfin, sereinement… Alors tout devient pur !

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