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L'espérance : ce qui manque dans un monde déchristianisé

RCF,  - Modifié le 27 juin 2021
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Pour Sr. Geneviève Comeau, il ne s'agit pas de donner des preuves mais des signes "qui font appel à l'intelligence et au discernement".
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"Soyez prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l’espérance qui est en vous"
(1 Pi 3, 15)

 

Sécularisation, laïcité, modernité, post-modernité... Dans son livre, "Vivre sa foi dans une société sécularisée" (éd. Médiaspaul), Sr. Geneviève Comeau définit tous ces termes. Avec une conviction : "Pour moi c'est clair que la religion na pas à déterminer le fonctionnement de la société, je suis parfaitement à l'aise avec ça." La religieuse précise qu'elle est "née dans cette société sécularisée" et qu'elle a "grandi dans l'école publique". "La question c'est comment trouver le point d'impact que ma foi chrétienne vécue en communauté va pouvoir avoir dans cette société?" Elle explore des pistes et rétablit certaines définitions.
 

"La  foi donne des yeux pour voir le réel, le même réel que tout le monde, mais pour en voir une certaine profondeur, le voir autrement"

 

De quoi peut manquer un monde déchristianisé?

Au lendemain de la fête de Pâques, où les chrétiens ont célébré la résurrection du Christ, c'est d'espérance qu'il s'agit. Mais comment en rendre compte? "Ce n'est pas évident, admet Sr. Comeau, mais c'est capital : c'est peut-être d'espérance dont nous avons le plus besoin aujourd'hui."

Comme le dit la religieuse, "il faut rendre compte de notre foi de manière simple et existentielle" et il faut aussi "parler de notre foi à partir de ce qui nous touche". Elle décrit donc l'espérance de Pâques comme un tombeau ouvert : signe que "rien n'est jamais fini, rien n'est complètement bouché et perdu". Mais il ne faut par chercher dans l'espérance une solution à problème ou une formule magique, "l'espérance ne donne pas de solution, elle ouvre des passages".

 



 

Là où la foi est à l'épreuve

Dans notre société post-moderne, la foi est souvent mise à l'épreuve par un discours binaire entre foi et raison. Pour Sr. Comeau, "ça ne sert à rien d'opposer science raison et foi, subjectif et objectif, car dans toute démarche de raison interviennent de l'intuition, de la confiance, et dans toute démarche de foi interviennent toujours de l'intelligence et de la raison".

De la même façon, notre société laïque oppose la sphère publique - qui serait celle de la science et des débats politiques - à la sphère privée, qui serait celle de la religion. La religieuse maintient que le croyant a sa "place à tenir dans la société" et dans l'espace démocratique, "comme d'autres, avec d'autres". Elle rappelle aussi que le repli sur soi, qu'il soit imposé par les tenants d'une certaine laïcité ou qu'il soit le réflexe de croyants eux-mêmes, va à l'encontre de ce à quoi invite le pape François. "Nous vivons dans un espace pluriel, nous dit Sr. Comeau, l'importance des liens entre nous est vitale." Ainsi la joie que vivent les chrétiens, non seulement ils peuvent l'exprimer, mais sans doute est-ce à eux de la "remettre au goût du jour". La joie, un terme que trop souvent on délaisse au profit du plaisir ou de l'épanouissement.

 



 

À quoi ça sert d'avoir la foi?

"La  foi donne des yeux pour voir le réel, le même réel que tout le monde, mais pour en voir une certaine profondeur, le voir autrement." Là où la foi chrétienne rejoint notre société marquée par l'individualisme, c'est qu'elle "donne des yeux pour percevoir des signes et non des preuves", écrit l'auteure de "Vivre sa foi dans une société sécularisée" ; c'est que la foi n'est pas affaire de preuves, mais de signes. Or, pour Sr Comeau, "le signe c'est ce qui est offert à notre intelligence et à notre discernement". 

 

Sœur Geneviève Comeau est religieuse xavière, une congrégation de spiritualité ignacienne, elle est membre du Conseil pour les relations interreligieuses et les nouveaux courants religieux de la Conférence des évêques de France (CEF)

 

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