"L’homme qui jette en terre la semence, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence grandit, il ne sait comment"
Méditation de l'évangile (Mc 4, 26-34) par Mgr Emmanuel Gobilliard
Chant final: "Ta parole Seigneur" par Patrick Richard, Gaël Lecuyer
En ce temps-là,
Jésus disait aux foules :
« Il en est du règne de Dieu
comme d’un homme
qui jette en terre la semence :
nuit et jour,
qu’il dorme ou qu’il se lève,
la semence germe et grandit,
il ne sait comment.
D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe,
puis l’épi, enfin du blé plein l’épi.
Et dès que le blé est mûr,
il y met la faucille,
puisque le temps de la moisson est arrivé. »
Il disait encore :
« À quoi allons-nous comparer le règne de Dieu ?
Par quelle parabole pouvons-nous le représenter ?
Il est comme une graine de moutarde :
quand on la sème en terre,
elle est la plus petite de toutes les semences.
Mais quand on l’a semée,
elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ;
et elle étend de longues branches,
si bien que les oiseaux du ciel
peuvent faire leur nid à son ombre. »
Par de nombreuses paraboles semblables,
Jésus leur annonçait la Parole,
dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre.
Il ne leur disait rien sans parabole,
mais il expliquait tout à ses disciples en particulier.
Source : AELF
A nouveau Jésus utilise deux paraboles agricoles qui sont tellement parlantes. L’avantage des paraboles c’est qu’elles ont une dimension symbolique qui peut rejoindre l’expérience de chacun, la vie de chacun, qui peut tous nous aider à grandir dans la charité, à devenir meilleurs et plus féconds, pour reprendre la thématique d’aujourd’hui. Oui il s’agit bien de la fécondité. Le Seigneur nous surprend par ces deux paraboles et nous invite à réfléchir : ce qui fait qu’une plante est féconde ne se juge pas à la taille du grain, ne se juge pas au début de la croissance, quand il n’y a qu’un brin d’herbe. La véritable croissance prend du temps et réclame de nous de la patience. Notre regard est trop souvent celui de l’efficacité. On juge à l’aulne de ce que l’on voit, et pour étendre la symbolique, qu’on juge trop à l’aulne du succès apparent. Pour prendre une métaphore sportive, je dirais qu’on considère trop souvent, dans une équipe de football celui qui marque le but comme un héros. Mais il n’est rien si derrière lui il n’y a pas toute une équipe, des défenseurs, des libéros, des stoppeurs, un gardien, un entraineur. On met en avant ce qui est immédiatement visible, efficace, ce qui rapporte, mais on oublie souvent de prendre du recul, de considérer l’ensemble du processus qui permet la réussite, et les autres qui nous entourent, qui nous aident et sans qui nous ne sommes rien. Ils sont discrets voire invisibles, ils sont les semeurs du labeur quotidien, indispensables. Il en est vrai aussi de nos vies : ce qui parait pauvre, insignifiant peut avoir beaucoup de valeur aux yeux de Dieu et porter un fruit insoupçonné, une prière, un geste gratuit de charité, une parole bienveillante, un travail accompli avec sérieux. L’humilité est souvent la clé de tout, le Seigneur nous le rappelle, et nous montre l’exemple, lui qui a pris la dernière place, lui qui a pris la place du prisonnier sur la croix, du rejeté, lui qui se donne dans la simplicité de la crèche et la pauvreté de l’Eucharistie. Soyons vraiment, dans notre vie, des témoins du mystère pascal, du mystère de la crèche, du mystère de l’Eucharistie, comme le dirait le bienheureux Antoine Chevrier. Le Seigneur est aussi présent dans le plus pauvre, dans le frère, dans celui qui ne compte pas pour la société. Comme dans ces paraboles agricoles, les plus grandes œuvres, et particulièrement l’œuvre de notre salut commence dans la glaise de la genèse, cette terre dont Bernadette a été recouverte avant de découvrir la source, dans l’humus dont il est question dans la parabole, dans l’humilité de ceux qui font la volonté du Seigneur et qui le suivent sur cette voie étroite qui nous ouvre à la fécondité, à la vraie vie, à la joie de la Résurrection.
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