Un Dieu qui est amour ne peut être qu'humble ; un Dieu qui n'est qu'amour ne peut que souffrir avec celui qu'il aime. C'est cette image de Dieu que nous a enseignée le P. François Varillon.
En 1974 et en 1975, le jésuite François Varillon (1905-1978) a publié deux ouvrages, qui ont fait l'objet sinon de critiques, du moins de vives discussions entre théologiens : "L'humilité de Dieu" (éd. Centurion) et "La souffrance de Dieu".
JOIE DE CROIRE, JOIE DE VIVRE - Tout l'été, à l'occasion des 40 ans de la mort de François Varillon, RCF diffuse l'émission "Joie de croire, joie de vivre". Une série hommage en huit épisodes, dont le titre reprend celui de l'un des plus fameux ouvrages du théologien publié de façon posthume. "Joie de croire, joie de vivre" (préface de René Rémond, éd. Centurion, 1981) est un recueil de conférences sur la foi chrétienne, recueillies par le Père Bernard Housset.
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S'il a été distingué par le Grand prix catholique de littérature, l'ouvrage "L'humilité de Dieu" a tout de même fait l'objet d'importantes critiques. Le propos de Varillon était le suivant : "Dieu est humble et le plus humble de tous les êtres." Méditant sur ce qu'est l'amour, le jésuite était arrivé à la conclusion qu'"un véritable amour ne domine pas, n'écrase pas, qu'un véritable amour est humble", comme l'explique le Père Bernard Housset. Et "si un amour est tout-puissant il ne peut humilier personne, il est donc éminement humble".
"Ce qui est au cœur de Dieu est une puissance d'effacement de soi." Un effacement de l'amour pour que l'autre grandisse : voilà qui est essentiel à la pensée de François Varillon. Lui qui avait été fortement marqué par l'interprétation du lavement des pieds par le mystique Maurice Zundel (1897-1975). "Le Christ est à genoux devant chacun de nous en tant qu'homme mais aussi en tant que Dieu, précise le Père Housset, Dieu est à genoux devant chacun de nous pour nous faire atteindre la taille de son fils, la plénitude de son fils."
Puisant dans ses rencontres avec des personnes athées, François Varillon a compris la nécessité de combattre l'image d'un Dieu magique. "Il était très préoccupé de montrer aux athées qu'il a connus que Dieu ne fait pas les choses à notre place." Comme le dit le Père Housset, "Dieu nous invite à prendre nos responsabilités" il "veut que nous construisions l'humanité qu'il désire". Une vision qui rejoint cette prière d'Etty Hillesum (1914-1943) : "Je vais t'aider, mon Dieu, à ne pas t'éteindre en moi, mais je ne puis rien garantir d'avance. Une chose cependant m'apparaît de plus en plus claire : ce n'est pas toi qui peut nous aider, mais nous qui pouvons t'aider - et ce faisant nous nous aidons nous-mêmes."
Mais si le Dieu des chrétiens n'est pas un Dieu magique qui nous préserve de la souffrance, pourquoi donc croire en Dieu ? peut-on se demander. C'est que "Dieu souffre de nos souffrances." Il y a là un grand mystère au cœur de la foi chrétienne. C'est tout le sens de l'incarnation : un Dieu venu sur terre tout éprouver de la condition humaine. Comme le dit le P. Housset, on n'a pas fini de discuter du livre de Varillon, "La souffrance de Dieu" !
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