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Maria Goretti

Un article rédigé par Jean-Luc Moens - 1RCF Belgique, le 1 septembre 2022 - Modifié le 1 septembre 2022

Assassinée pour préserver sa pureté, elle a pardonné à son assassin.

Sainte Maria GorettiSainte Maria Goretti

Origines

La petite Maria est née le 16 octobre 1890 à Corinaldo, une petite bourgade italienne de la province d’Ancône. Elle est la troisième de sept enfants. Ses parents, Luigi et Assunta Goretti, sont des fermiers pauvres. L’Italie de l’époque traverse une grande crise économique. Les parents de la petite Maria sont obligés de quitter leur ferme et de travailler pour un autre. Maria a à peine 5 ans. Finalement, ils s’installent dans les marais pontins, dans un hameau appelé Le Ferriere près de la ville de Nettuno, où ils travaillent pour un grand propriétaire qui profitent du fait qu’ils sont analphabètes pour leur faire signer un contrat qui est une vraie duperie.


La famille Goretti reçoit comme logement une partie de « La Cascina Antica », une bâtisse dont ils partagent le premier étage avec un veuf, Giovanni Serenelli, et son fils de 17 ans, Alessandro. En fait, chaque famille occupe ses propres chambres, mais la cuisine est commune.


Mais les difficultés de la famille Goretti ne s’arrêtent pas là. Luigi, le père, meurt de la malaria en 1899 alors que Marietta comme on l’appelle familièrement n’a que 9 ans. Il faut savoir que la malaria a sévi en Europe jusqu’aux débuts du XXème siècle. Elle était très présente dans les marais pontins, au sud de Rome, et cela explique aussi qu’on faisait venir de la main d’œuvre pauvre des autres régions d’Italie. Pour illustrer la présence de la malaria, je vous signale que les papes de la Renaissance qui ont régné des temps très courts sont la plupart du temps morts de la malaria qui sévissait à Rome à l’époque. Les marais pontins ont été assainis entre les deux guerres par Musolini et la malaria a définitivement disparu d’Italie.

 

La mort d'un père & Alessandro Serenelli


Avec la mort de son père, elle se retrouve de facto responsable de la maison pendant que sa maman et ses frères remplace son papa dans les champs. Ils travaillent quasiment comme des esclaves pendant que Maria fait la cuisine, la couture et tient la maison.


Pour sa première communion, la famille n’a pas l’argent pour lui payer sa robe. Les voisins se cotisent pour la lui payer.
Marietta, à 11 ans, fait plus que son âge. Elle suscite la convoitise du jeune voisin, Alessandro Serenelli. Plusieurs fois, elle repousse ses avances et évite au maximum d’être seule avec lui… jusqu’au jour fatidique : le 5 juillet 1902.


Ce jour-là, Maria se trouve dans la maison avec sa petite sœur Teresa. Alessandro, qui a préparé son coup, rentre des champs à l’improviste vers 15h. Il est âgé de 20 ans. Il sait qu’il va trouver Maria seule sans défense. Il exige qu’elle ait une relation sexuelle avec lui. Maria se défend :

Alessandro, Dieu ne veut pas ces choses-là ! Si tu fais cela tu iras en enfer !

Mais Alessandro ne l’écoute pas. Il tente d’abord de l’étrangler, puis aveuglé par la rage et la résistance de la jeune fille, il donne 11 coups de poinçon. Alors qu’elle essaie de s’enfuir par la porte, il la bloque et la poignarde encore 3 fois.
La petite Teresa donne l’alerte pendant qu’Alessandro va s’enfermer dans sa chambre. Assunta et Giovanni, le père d’Alessandro, accourent. Marietta baigne dans son sang. On l’emmène à l’hôpital et on l’opère sans anesthésie. Mais les blessures sont trop nombreuses, trop profondes. Il n’y a rien à faire. Pendant ce temps, les carabinieri emmène Alessandro.

 

Le pardon de Marietta


À l’hôpital, Marietta reçoit l’extrême onction. Le prêtre lui demande avant de lui donner la communion :

Pardonnes-tu à Alessandro ?

Elle répond :

Oui, pour l’amour de Jésus, je pardonne. Je veux qu’il vienne lui aussi avec moi au Paradis. Que Dieu lui pardonne, car moi, je lui ai déjà pardonné


Au chef de la police qui vient l’interroger sur son lit de mort, elle confie qu’Alessandro avait déjà 2 fois essayé de la violer mais qu’elle n’avait rien dit car il l’avait menacée de mort si elle parlait.
Maria meurt le lendemain, 6 juillet 1902 à 15h45.

 

Après la mort de Maria

La révélation d'Alessandro Serenelli


Alessandro Serenelli est condamné à 30 ans de prison. C’est un prisonnier difficile. Il est révolté. Mais les choses changent après 8 ans d’incarcération. En 1910, Alessandro fait un rêve : il voit la petite Maria qui lui tend des lys qui se transforment en étincelles de lumière. Il comprend le mal qu’il a fait et se convertit. Sa vie change en prison. Il devient un croyant fervent.

 

La famille Goretti et le frère laïc


Pendant ce temps, la vie de la famille Goretti devient très difficile à Le Ferriere. Assunta est stigmatisée. C’est la mère de la fille qui a été assassinée. Elle décide de retourner dans son village natal, Corinaldo. Là, elle est accueillie par charité par le curé qui la prend pour bonne. Assunta peut mener une vie cachée, à l’abri des regards.
Mais l’Église s’empare de l’histoire de Maria. Un procès de canonisation est lancé.

En 1929, Alessandro bénéficie d’une remise de peine. Il sort de prison. Avant de sortir, il a écrit deux lettres à des congrégations religieuses, demandant de l’accueillir : aux Assomptionnistes de Nettuno et aux Capucins d’Ascoli Piceno. Les Capucins l’acceptent. Il va passer tout le reste de sa vie comme humble frère laïc, d’abord dans le couvent d’Ascoli Piceno puis dans celui de Macerata.

Pour la fête de Noël 1934, Alessandro se rend à Corinaldo et rencontre la maman de Maria Goretti, Assunta. Il lui demande pardon.

Dieu vous a pardonné, ma Marietta vous a pardonné, répond Assunta, moi aussi je vous pardonne

Ils assistent tous les deux à la messe de Noël, à la surprise des villageois.
C’est ensemble aussi qu’ils assisteront à la béatification de Marietta, le 27 avril 1947, et sa canonisation le 24 juin 1950 par le pape Pie XII.


Témoignage personnel


J’ai eu l’occasion de me rendre à la basilique de Nettuno pendant l’année de la miséricorde pour vénérer les reliques de sainte Maria Goretti. Après la prière, j’ai visité l’exposition où on voit de nombreuses photos d’époque et où l’extrême pauvreté des gens vous saute aux yeux. On y voit aussi les photos d’Assunta jusqu’à sa mort.
Après la visite, je vais parler avec celui qui s’occupe de la vente des livres et je lui demande : « On n’a jamais pensé à béatifier aussi Assunta, la maman de Maria ? » L’homme me répond du tac au tac : « Oui, mais pas seulement elle, aussi Alessandro ! » Et il me raconte que Assunta et Alessandro sont tous les deux enterrés dans la basilique sainte Maria Goretti de Corinaldo. Le pardon de la maman a été tellement grand qu’elle est enterrée avec l’assassin de sa fille. Le repentir d’Alessandro a été tellement grand qu’on l’appelle désormais « le saint assassin ».

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. L’homme me demande : « Avez-vous visité la maison de Maria Goretti, La Cascina Antica ? » Il m’en indique le chemin. Nous y allons. Là, nous attend une dernière surprise. La porte de la maison par laquelle Maria était sortie blessée à mort avait été condamnée. L’idée était que personne ne puisse plus jamais utiliser cette porte de la mort. Mais pour l’année de la miséricorde, l’évêque de Nettuno a décidé que cette porte serait la porte sainte de son diocèse. La porte par laquelle Maria est partie pour la mort est ainsi devenue la porte de la vie et de la miséricorde. N’est-ce pas un signe magnifique ?
 

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