Manche
Il y a un an, Mgr Grégoire Cador était ordonné évêque du diocèse de Coutances et Avranches. Il revient pour nous sur cette première année, ses découvertes et la relation nouvelle qui s'est établie avec les fidèles.
RCF Manche : Y a-t-il une grâce spéciale de première année quand on est évêque ?
Mgr Cador : Je ne sais pas s’il y a une grâce de première année, même si j’ai ressenti un accueil très positif et une grâce d’état liée à l’ordination, liée à la joie des gens d’accueillir un nouvel évêque. Mais ce qui me frappe beaucoup, ayant exercé des responsabilités comme vicaire épiscopal, comme vicaire général, puis comme administrateur diocésain, la grande différence, c’est que je ressens de façon très concrète le fait d’être porté par la prière d’un peuple. Le fait de savoir que tous les jours à la messe les prêtres prononcent mon nom et prient pour moi, le fait que beaucoup de gens me portent dans leur prière, ça, je le ressens de manière très forte.
RCF Manche : Vous qui avez été prêtre 35 ans avant de devenir évêque. Le lien avec les fidèles, change-t-il quand on devient évêque ? Votre fonction vous met-elle davantage à distance des fidèles ?
Mgr Cador : Honnêtement, je ne crois pas et peut-être même cela crée une relation nouvelle, liée peut-être à ma personnalité. Les gens m’abordent très facilement et j’ai l’impression qu’ils me confient des choses qu’ils n’auraient peut-être pas confiées à un autre prêtre. Cela vient peut-être de l’idée, qui n’est pas tout à fait juste, que l’évêque a réponse à tout et donc que si l’on pose la question à l’évêque, on aura la réponse. Il y a un à priori de confiance qui est tout à fait touchant et qui me renvoie à ma responsabilité de faire attention, dans tous les sens du mot, d’être attentif, et de réfléchir à ce pourquoi la personne m’aborde ou m’interpelle.
RCF Manche : À quoi tenez-vous pour rester au contact du peuple des fidèles ?
Mgr Cador : Le sacrement qui touche le plus à mon ministère, c’est le sacrement de la confirmation. Je confirme beaucoup, des adultes et des jeunes. Cela me donne un contact effectif avec les gens. C’est un contact très fort, très dense. Il est dans la rencontre, lors des réunions de préparation, et lors des célébrations, pour les confirmations ou baptêmes d’adultes, et en même temps, ce sont des personnes que je ne connais pas vraiment. Par exemple, les catéchumènes nous écrivent, et je me suis longtemps posé la question « Faut-il que je réponde ? ». Et pour l’instant, j’en suis à l’étape de me dire « je ne crois pas », parce que répondre à des questions aussi fortes, aussi fondamentales qui me sont posées, nécessiterait de mieux connaître la personne. Je ne veux pas, au détour d’une phrase que j’aurais comprise d’une manière ou d’une autre, risquer une parole. Je suis heureux que les personnes puissent s’exprimer, mais je crois que l’accompagnement au quotidien il est à faire par les personnes qui vivent avec elles. J’aime bien les rencontrer, discuter avec elles si besoin, mais je dois être vigilant sur la force de la relation qui s’établit avec celui qu’on voit comme le successeur des apôtres, il ne faut pas que je le récupère cela à mon profit.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !