"Moi, je vous dis de ne pas jurer du tout"
Méditation de l'évangile (Mt 5, 33-37) par le père Bernard Devert
Chant final: "Marche en ma présence" par la communauté des Béatitudes
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens :
Tu ne manqueras pas à tes serments,
mais tu t’acquitteras de tes serments envers le Seigneur.
Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas jurer du tout,
ni par le ciel, car c’est le trône de Dieu,
ni par la terre, car elle est son marchepied,
ni par Jérusalem, car elle est la Ville du grand Roi.
Et ne jure pas non plus sur ta tête,
parce que tu ne peux pas
rendre un seul de tes cheveux blanc ou noir.
Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”,
“non”, si c’est “non”.
Ce qui est en plus vient du Mauvais. »
Source : AELF
Christ nous parle. Il nous apprend une langue qui, pour être celle du Royaume, est celle du cœur mettant hors-jeu les discours qui ne sont que bavardages sans lendemain.
L’approche du Royaume ne relève pas d’un commerce. Souvenons-nous de Jésus avec les marchands du temple, renversant leur étal, en colère de voir combien ils entendaient négocier la parole divine. Le Seigneur est Celui qui est et nous invite à être.
Que votre oui soit oui, que votre non soit non. Les discours qui enfument sont inutiles et dérisoires. La Parole de Dieu revêt une clarté nous appelant à clarifier nos choix, nos engagements.
C’est à partir de la Parole que nous sommes appelés à témoigner, non par des mots, mais de par une attitude intériorisée laissant transparaître la présence de Celui qui nous envoie.
Nous éprouvons combien l’Eglise est en souffrance eu égard à nos oui – à commencer par les miens - qui se révèlent des oui, mais, signant finalement nos hésitations, nos peurs d’aimer vraiment, d’aimer absolument.
Le bonheur d’être appelé doit être accueilli dans sa plénitude mais aussi l’inquiétude de ne point trahir.
Alors pourquoi vouloir assombrir cette Parole en l’atténuant par des mots qui tentent de transiger, laissant place au vieil homme qui toujours sommeille, d’où des atermoiements, des hésitations entre ce oui et ce non.
Le drame est de ne pas risquer l’aventure, de ne pas vivre ce lâcher-prise pour garder des liens avec cet arrière-monde qui n’a pas d’avenir mais que nous mettons encore en avant pour nous protéger d’être vraiment, ici et maintenant, ce que nous sommes appelés à être, les enfants du Père.
Or ce Père n’a qu’une Parole, un ‘oui’ sans réserve qu’il prononce à l’égard de l’homme pour lui témoigner une espérance sans retour.
Il y a quelque chose de pire que d’avoir une mauvaise pensée, dit Péguy. C’est d’avoir une pensée toute faite. Il y a quelque chose de pire que d’avoir une mauvaise âme. C’est d’avoir une âme toute faite.
L’heure est de prononcer ce ‘oui’ qui conduit au silence pour que notre âme se laisse mouiller par la grâce. Là alors, il n’y a plus de mots, seulement ce ‘oui’ qui désarme.
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