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Monique et Augustin

Un article rédigé par Jean-Luc Moens - 1RCF Belgique, le 5 octobre 2022 - Modifié le 5 octobre 2022

Elle est prié pour sa conversion ; il est devenu un des Docteurs de l'Eglise le plus influent de tous les temps.

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Monique d’Hippone est née vers 331 dans une famille chrétienne berbère. Elle reçoit une éducation chrétienne solide. Elle est mariée très jeune à Patrice, un notable païen de la ville Thagaste – dans la province de Numidie de l'Afrique romaine – (dans l’actuelle Algérie). Patrice et Monique auront plusieurs enfants, au moins une fille et deux fils, Augustin et Navigius. On ne connaît pas le prénom de la fille. Augustin naît lorsqu’elle a 23 ans, le 13 novembre 354. 

 

Malgré sa grande intelligence, Augustin n’est pas un étudiant exemplaire. Il étudie la grammaire latine, il connaît le grec mais sans le parler parfaitement et il ne parle pas la langue punique qui est celle parlée dans sa région. 

 

Prières pour les conversions 

 

Vers l’an 371, Patrice meurt. Il demande le baptême juste avant sa mort. Monique a obtenu la conversion de son mari. Grande joie !

 

Les manichéens

 

Cela l’encourage à continuer de prier pour la conversion de ses enfants, et en particulier pour celle d’Augustin. Les choses ne se présentent pas bien. En effet, Augustin s’éloigne peu à peu de la foi de l’Église et entre dans la secte des manichéens qui se présentaient comme des chrétiens et promettaient une religion totalement rationnelle – ce qui est très attirant pour un intellectuel comme Augustin. Selon eux, le monde est divisé en deux principes, le bien et le mal, et cette dualité explique toute la complexité de l'histoire humaine. Les manichéens prônent une morale très élevée pour les élus. En y adhérant, Augustin pense avoir trouvé une synthèse entre rationalité, recherche de la vérité et amour de Jésus Christ. En outre, en devenant manichéen, Augustin s’ouvre des perspectives de carrière. Cela lui donne aussi la possibilité de continuer à vivre en concubinage avec une femme dont il a un fils, Adéodat, très cher à son cœur.


Pour Monique, l’adhésion de son fils au manichéisme est une catastrophe. Elle prie et pleure pour qu’il se convertisse. Sa prière n’est pas sans effet car Augustin, peu à peu, s'éloigne de la foi des manichéens, qui le déçoivent précisément du point de vue intellectuel. En effet, il continue de chercher, de poser des questions et les manichéens sont incapables d’y répondre de manière satisfaisante. C’est à ce moment – nous sommes en 383 – qu’il décide de se transférer à Rome puis à Milan au grand dam de sa mère Monique. 

 

Retrouvailles à Milan


Vers 385, Monique décide de vaincre sa peur et de rejoindre Augustin à Milan où il est professeur de rhétorique. À Milan, Monique découvre l’évêque Ambroise qui est en train d’amener petit à petit son fils vers la vraie foi.


Augustin écoute avec joie les homélies d’Ambroise parce que sa rhétorique est belle, mais il découvre aussi un autre type de lecture de l’Ancien Testament, la lecture typologique ou allégorique qui touche son cœur. Il comprend que l’Ancien Testament est vraiment un chemin vers le Christ. La lecture allégorique et la philosophie néoplatonicienne qu’utilise l'évêque de Milan lui permettent de résoudre les difficultés intellectuelles contre lesquelles il bute depuis sa jeunesse.


Préparé ainsi par les homélies d’Ambroise, Augustin est prêt à se convertir au christianisme, ce qui arrive le 15 août 386 grâce à un épisode qu’il nous a raconté dans ses Confessions. Il entend une voix enfantine qui répète

 

prends et lis.

 

Il comprend que le Seigneur lui demande de prendre l’épitre aux Romains. Il l’ouvre au hasard et tombe sur « Point de ripailles ni de beuveries ; point de coucheries ni de débauches ; point de querelles ni de jalousies. Mais revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ et ne vous faites pas les pourvoyeurs de la chair dans ses convoitises. » (ch. 13, 13-14)

Augustin reçoit la révélation et il se convertit. Brusquement, en un instant, c’est la lumière. Il voit clair en lui-même. Il fait la découverte de la présence de Dieu au plus intime de lui-même :

Toi, tu étais plus intime que l’intime de moi-même et plus élevé que les cimes de moi-même.

Expérience mystique


Immédiatement après sa conversion, Augustin quitte Milan pour s’installer avec un petit groupe près du lac de Côme afin de se préparer au baptême. Monique accompagne son fils dans ses séminaires de réflexion. Elle est discrète, mais de temps en temps, elle participe aux débats et montre une belle intelligence. Le 24 avril 387, au cours de la veillée pascale dans la cathédrale de Milan, Augustin et son fils Adéodat sont baptisés par Ambroise. Augustin a 32 ans. Une fois baptisé, il décide de rentrer en Afrique pour y mener une vie monastique. Avec son petit groupe, ils arrivent au port d’Ostie qui est le port de Rome et attendent un bateau. C’est là que Monique et Augustin ont une conversation sur « la vie éternelle des saints » qui les amène à faire ensemble une expérience mystique connue sous le nom « d’extase d’Ostie ». Peu après, Monique contracte une fièvre et meurt rapidement après 9 jours de maladie. Elle est enterrée à Ostie.


Augustin retourne en Afrique vers la fin 388 après cinq années d’absence. Il décide de vivre en communauté avec son petit groupe non loin de Thagaste, sa ville natale. C’est là que son fils Adéodat meurt, âgé de 17 ans.

 

A Hippone

 

En 391, il accepte une invitation à se rendre à Hippone pour rendre visite à un ami. Or la situation de l’Église d’Hippone est délicate. Les catholiques sont minoritaires. Les croyants majoritaires sont les Donatistes. Il y a aussi des manichéens dont le chef Fortunatus est une ancienne connaissance d'Augustin. L’évêque Valerius a besoin de prêtres. Les chrétiens se saisissent d’Augustin et le font ordonner prêtre sur le champ. Valerius fait tout pour conserver Augustin près de lui. Il lui offre un terrain pour qu’il y établisse son monastère.
Augustin continue de travailler, d’étudier et de prêcher. Une controverse est restée célèbre. Le 28 août 392, Augustin a un débat avec le chef des manichéens Fortunatus. N’oublions pas qu’Augustin a été manichéen et qu’il en connaît toutes les ficelles. Ses arguments sont tellement affinés que Fortunatus est réduit au silence et forcé de quitter la ville.


En 395, Augustin est nommé évêque d'Hippone et il le restera jusqu'à sa mort en 430. Continuant à approfondir l'étude des Écritures et des textes de la tradition chrétienne, Augustin est aussi un évêque exemplaire dans son engagement pastoral inlassable.  Il prêche plusieurs fois par semaine à ses fidèles, il assiste les pauvres et les orphelins, il soigne la formation du clergé et l'organisation de monastères féminins et masculins. Il s'affirme comme l'un des représentants les plus importants du christianisme de son époque :  très actif dans le gouvernement de son diocèse pendant ses plus de 35 années d'épiscopat, Augustin exerce une grande influence dans la conduite de l'Église catholique de l'Afrique romaine et de manière plus générale sur le christianisme de son temps. Il lutte contre les 3 principales hérésies de son temps : le manichéisme, le donatisme et le pélagianisme. Nous y reviendrons plus tard. C’est aussi à Hippone qu’il écrit ses trois œuvres majeures : Les Confessions (397 à 400) ; De la trinité (410-416) ; la Cité de Dieu (410 à 426).

 

Augustin meurt le 28 août 430 alors que Hippone est assiégée par le roi des Vandales, Genséric. Il laisse une œuvre immense. 

Augustin est père de l’Église, le plus grand père latin. Il est reconnu comme un saint tant dans l’Église latine que dans l’Église orthodoxe. Il a été déclaré en 1298 docteur de l’Église par le pape Boniface VIII.

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