Notre-Dame de Paris, un livre de pierres

Si Notre-Dame de Paris est un livre de pierre comme l’écrit Victor Hugo, ce n’est pas n’importe quel livre. L’histoire qu’elle nous raconte est celle du Salut, de l’alliance entre Dieu et les hommes. Son architecture, ses tympans, ses cloches, ses sculptures et sa statuaire : tout célèbre le Créateur mais aussi le monde. Une véritable catéchèse, comme répondant à la fonction des églises et des cathédrales au Moyen Âge.

Une fontaine devant la cathédrale pour se purifier. 

Une fontaine sur le parvis

Notre-Dame de Paris est née du rêve d’un évêque, Maurice de Sully, qui a voulu que soit construite à Paris une Jérusalem Céleste. C'est ce qui explique le chœur immense pour l'époque, qui peut accueillir 1500 personnes. "Puis il a fait percer de nouvelles rues pour avoir du recul sur la cathédrale explique Paule Amblard, historienne de l'art spécialiste du Moyen Âge. Ainsi, pour arriver devant les trois portes, celui qui s’avance vers la cathédrale doit accomplir un chemin, une sorte de pèlerinage".  Sur le parvis, se trouvait également une fontaine surnommée Monsieur Legris. "Ce nom est dû à la statue d’un homme énigmatique qui représentait une sorte de sage précise Paule Amblard. Elle se situait au niveau de la rosace en bronze qui se trouve au sol au milieu du parvis et qui est le point zéro de toutes les routes de France. Au-delà de l’anecdote, la présence de à l’eau l’entrée du sanctuaire permettait la purification de ceux qui se préparaient à entrer dans l’édifice sacré. 

La cathédrale, une représentation de la Vierge

L’art roman, sobre et austère, a dominé le début du Moyen Âge. Au XIIIe siècle à travers la figure de Marie, se développe une piété plus douce et plus maternelle, en partie due à la spiritualité des Franciscains. Les statues de Vierge trônant, rigide, présentant l’enfant, font place à la celles d’une mère enveloppante et protectrice, non seulement pour son fils, mais pour l’humanité toute entière. Et la cathédrale de Paris dédiée à la Vierge en est aussi une représentation puisqu’on se sent protégé quand on pénètre dans ce merveilleux édifice. Impossible de parler de Notre-Dame de Paris sans parler de la Vierge à l'enfant, une statue du XIVe siècle très particulière selon Paule Amblard.

Un sens de lecture parce que la façade de Notre-Dame nous raconte une histoire. 

Trois portails pour une cathédrale

Avec ses 33 m de haut et ses 40 m de large, Notre-Dame de Paris permettait sans difficulté de ménager trois portails. Mais face à ces portes constellées de statues, on ne sait pas toujours par quoi commencer. " Il y a un lien entre ces portails et un sens de lecture parce que la façade de Notre Dame nous raconte une histoire précise Paule Amblard. Cette histoire commence avec la porte Sud - dite porte sainte Anne - se poursuit avec la porte Nord - dite Porte de la Vierge - pour finir avec la porte centrale qui est la porte royale." Comme pour les deux portails latéraux nous somme invités à regarder tout d’abord ce qui est au niveau de notre regard.

"Sur le trumeau décrit l'historienne, un Christ qui nous bénit et qui porte le livre de la Parole. Sous ses pieds deux têtes de dragon qu’il maitrise et encore en-dessous les quatre évangélistes." Au sujet de ces portails, l'écrivain Joris-Karl Huysmans (1848 -1907) écrivait "Notre-Dame a trois portails, en l’honneur de la Trinité sainte ; et celui du milieu, dénommé portail royal, est divisé par un pilier sur lequel repose une statue du Christ qui a dit de Lui-même, dans l’Évangiles : « Je suis la porte ». Tranchée de cette façon, la porte indique les deux voies que l’homme est libre de suivre. "Pour Huysmans précise Paule Amblard, ce portail est tellement important qu’il résume tout Notre Dame."

Un Christ d'une beauté éblouissante 

Un tympan central éblouissant

Avant l'incendie, on entrait dans Notre-Dame pour une des porte latérales. Désormais, on entrera par la porte royale dont le tympan évoque le chapitre 37 du livre du prophète Ezéchiel : la résurrection des morts. "Une multitudes d’hommes et de femmes tout étonnés, qui se relèvent de leurs tombeaux raconte Paule Amblard. Et bien sûr, cette résurrection s’opère par le Christ. Ensuite c’est le jugement dernier qui est représenté : d’un côté, les bienheureux promis au Paradis, au milieu est représenté saint Michel psychopompe qui pèse les âmes et de l’autre côté, les réprouvés promis à la damnation. Ce pourrait être terrifiant mais il y a de l’humour dans cette scène avec la présence d’un savoureux diablotin qui essaie de faire discrètement pencher la balance de saint Michel ! " 

Puis encore au-dessus, un Christ est représenté. "Il est d’une beauté éblouissante s'extasie Paule Amblard. Il trône et il est entouré d’anges. Ce Christ est triomphant et couronné, c’est le Christ de la résurrection. Dans ces arcs on aussi des rois, des prophètes, des vierges, des docteurs de l’Eglise qui nous guident et nous accompagnent. Tous ces personnages sont travaillés avec des traits uniques et des attributs reconnaissables. Ils ont l’air de constituer une guirlande, un ornement. Une multitude d’anges l’entoure pour célébrer ce moment d’éternité car on est hors du temps à Notre-Dame !"