"Nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme"
Méditation de l'évangile (Jn 3, 7b- 15) par Mgr Emmanuel Gobilliard
Chant final: "le vent" par l'Ensemble Vocal l'ALLIANCE
En ce temps-là,
Jésus disait à Nicodème :
« Il vous faut naître d’en haut.
Le vent souffle où il veut :
tu entends sa voix,
mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va.
Il en est ainsi
pour qui est né du souffle de l’Esprit. »
Nicodème reprit :
« Comment cela peut-il se faire ? »
Jésus lui répondit :
« Tu es un maître qui enseigne Israël
et tu ne connais pas ces choses-là ?
Amen, amen, je te le dis :
nous parlons de ce que nous savons,
nous témoignons de ce que nous avons vu,
et vous ne recevez pas notre témoignage.
Si vous ne croyez pas
lorsque je vous parle des choses de la terre,
comment croirez-vous
quand je vous parlerai des choses du ciel ?
Car nul n’est monté au ciel
sinon celui qui est descendu du ciel,
le Fils de l’homme.
De même que le serpent de bronze
fut élevé par Moïse dans le désert,
ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé,
afin qu’en lui tout homme qui croit
ait la vie éternelle. »
Source : AELF
Depuis hier, dans l’Évangile, nous sommes avec Nicodème et nous mettons nos pas dans les siens qui nous aident à cheminer avec Jésus. C’est un bel enseignement que Jésus donne à Nicodème répondant ainsi à son questionnement. De la méditation de l’Évangile d’aujourd’hui je voudrais dégager deux idées. La première, c’est que même si la foi est intelligible et même profondément cohérente, Dieu dépasse infiniment tout ce que nous pouvons dire de lui, penser de lui. Ici Jésus le fait comprendre à Nicodème de façon un tout petit peu brutale. Il semble se moquer. Nous savons qu’il le fait avec beaucoup de charité, mais il dit quand même à Nicodème : « Tu es un maitre qui enseigne en Israël et tu ne connais pas ces choses-là ? » Cela signifie en creux que nul ne peut se prétendre expert dans la connaissance de Dieu. Les plus grands enseignants sont des enseignants d’autant meilleurs qu’ils savent qu’ils ont encore beaucoup à apprendre, qu’ils sont toujours en quête, en recherche et que, s’ils sont théologiens, leur recherche sera toujours infiniment en deçà de la réalité qu’ils veulent rejoindre : Dieu. L’un des plus grands théologiens, saint Thomas d’Aquin était aussi un homme d’une grande humilité, au point qu’il a voulu brûler sa somme théologique. Elle était, selon lui tellement en deçà de la réalité du mystère de Dieu, qu’il la considérait comme de la paille, et pourtant nous savons à quel point son travail théologique était remarquable et combien il a aidé des générations d’étudiants. Dans ce domaine aussi, celui qui veut être le plus grand, qu’il se fasse le dernier et le serviteur de tous.
L’autre aspect que je voudrais souligner qui constitue le cœur de l’enseignement de Jésus aujourd’hui, c’est la liberté de Dieu, exprimée dans ce vent qui souffle où il veut. Cette liberté de Dieu nous interdit de juger. C’est au nom de cette souveraine liberté de Dieu, que le pape François aime dire : « qui suis-je pour juger ? » C’est au nom de cette liberté que nous devons absolument rester à notre place et ne pas nous prendre pour Dieu, c’est au nom de cette liberté de Dieu, que nous devons rendre grâce pour les merveilles qu’il accomplit dans l’Église à travers la diversité de ses membres. Nous devons apprendre à compter sur les autres parce que dans sa grande liberté, Dieu suscite de multiples dons, de multiples charismes, de multiples disponibilités. Non seulement nous ne devons jamais nous considérer comme supérieurs aux autres en les jugeant, mais nous ne devons jamais considérer que nous sommes les seuls à pouvoir agir dans l’Église. L’Église manifeste d’une certaine manière, par la diversité de ses membres la liberté de Dieu qui agit comme il le souhaite. Demandons à l’Esprit Saint, Esprit de liberté, de nous embraser de sa charité, pour que nous ayons l’humilité de considérer les autres comme supérieurs à nous-mêmes et que nous sachions aussi compter sur eux.
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