Laïque, elle a consacré sa vie à l'évangélisation avec tellement de succès qu'elle est à l'origine des Oeuvres Pontificales missionnaires
Pauline Marie Jaricot naît le 22 juillet 1799 dans une famille catholique de Lyon. Le père, Antoine, est commerçant en soie. Pauline est la dernière des 7 enfants de la famille. Elle est baptisée le jour de sa naissance dans la paroisse de St Nizier.
En grandissant, les qualités de Pauline se manifestent : elle est joyeuse, dynamique mais aussi obstinée, et comme elle le dira d’elle-même plus tard avec exagération violente et paresseuse. Elle est très attachée à son frère Phileas qui veut devenir missionnaire en Chine. Elle forme le projet de le suivre pour s’occuper des pauvres et des malades. Elle fait sa première communion à l’âge de 13 ans.
Adolescente, Pauline est tiraillée entre une vie mondaine où sa beauté a du succès et une vie de prière. Elle est attirée par l’adoration eucharistique et la Vierge Marie. Mais un accident va bouleverser toute sa vie.
Pauline, âgée de 15 ans, fait une chute dans la maison familiale : elle tombe d’un tabouret sur lequel elle était montée. Les conséquences sont graves : le système nerveux semble atteint, elle a des difficultés pour parler et bouger ses membres. Jeanne, la maman, est très inquiète. Elle redouble de tendresse pour sa fille blessée, mais tombe elle-même malade. Lorsque son fils aîné, Narcisse, meurt prématurément à 21 ans, Jeanne le suit rapidement dans la tombe. On n’ose pas annoncer à Pauline le décès de sa mère.
Pauline décide alors de demander le sacrement de la réconciliation dans sa paroisse. Elle reçoit ensuite le Corps et le Sang du Christ. À travers ces deux sacrements, elle reçoit une force extraordinaire : elle est profondément changée. Peu à peu, elle retrouve l’usage de ses membres. Comme elle va mieux, on lui annonce la mort de sa maman. Elle répond qu’elle l’avait deviné.
Ayant retrouvé la santé, Pauline se rend dans la Basilique Notre Dame de Fourvière, important sanctuaire lyonnais qui surplombe la ville. Là, elle entend un sermon de l’abbé Würtz sur la vanité qui change sa vie. Elle se confesse, fait un vœu privé de chasteté, abandonne ses bijoux et décide de consacrer sa vie, comme laïque célibataire, aux pauvres et aux malades. Elle participe à la messe quotidienne, elle prie pour le salut des pécheurs et pour l’évangélisation du monde. Elle a aussi une grande dévotion pour le Sacré Cœur et elle entre dans l’association des saints Cœurs de Jésus et de Marie.
C’est à ce moment qu’elle a l’intuition de créer l’association des Réparatrices du Sacré-Cœur de Jésus à laquelle elle invite les femmes qui travaillent presque comme des esclaves dans les fabriques de Lyon.
C’est à ce moment que son frère Phileas lui apprend que les MEP (société des Missions Étrangères de Paris) vont l’envoyer comme missionnaire en Asie. Il lui demande si elle peut trouver de l’aide financière pour sa mission. Pauline a alors une idée qui va s’avérer géniale. Elle demande à toutes les femmes membres de l’association des Réparatrices de trouver chacune 10 nouvelles adhérentes et que chacune s’engage à prier et à donner 1 centime par semaine pour l’évangélisation du monde. Elle organise le système en nommant des chefs de dizaines, de centaines et de milliers. Les chefs de dizaines recueillent l’argent des 10 membres de leur cellule ; les chefs de centaines, l’argent des 10 chefs de dizaines dont ils ont la charge, et ainsi de suite. L’argent récolté est envoyé dans les missions. C’est ainsi qu’est née la Société pour la Propagation de la Foi qui a rapidement pris de l’extension en dehors de la France pour devenir mondiale.
En 1922, le pape Pie XI a transformé la société en Œuvre Pontificale de la Propagation de la Foi, en plein respect de l’intuition de Pauline qu’il admirait beaucoup.
En 1825, Pauline crée une nouvelle association, basée sur le même principe : c’est le Rosaire Vivant. Cette fois, elle rassemble les personnes en groupe de 15 car il y a 15 mystères dans le Rosaire. Chaque personne du groupe s’engage chaque jour à prier une dizaine et à méditer sur un mystère. De cette manière, le Rosaire entier est récité tous les jours et tous les mystères sont médités dans chaque groupe car chacun de ses 15 membres reçoit un mystère différent à méditer pendant un mois.
C’est de nouveau un succès planétaire. Le Rosaire Vivant se répand rapidement dans le monde entier. Le désir de Pauline est que le rosaire devienne la prière continue de l’Église pour les missions.
Un point intéressant : Pauline ne reste pas longtemps à la tête des œuvres qu’elle fonde. Vite, elle passe la main. Elle écrit :
Ma vocation n’est pas de me fixer à tel point sur une œuvre que j’en puisse oublier tout le reste… je veux demeurer libre d’aller où les besoins sont les plus grands.
La fécondité spirituelle de Pauline est sans aucun doute lié à cette humilité qu’elle a de s’effacer. C’est une qualité très rare chez les fondateurs…
Après le succès de la Société pour la Propagation de la Foi et celui du Rosaire Vivant, Pauline se lance dans une troisième initiative avec un but social. Elle veut aider les ouvriers. Elle crée d'abord une banque avec des prêts sans intérêts, puis une entreprise industrielle. Mais cette dernière échoue à cause de quelques escrocs. Cette faillite est l’ultime croix de sa vie. Elle est réduite à une pauvreté telle qu’elle doit s’inscrire sur la liste des pauvres de la ville de Lyon pour recevoir de quoi manger. Elle meurt le 9 janvier 1862 dans une totale pauvreté, déconsidérée et abandonnée de tous. Le saint curé d’Ars a dit d’elle :
Je connais quelqu’un qui a beaucoup de croix et de très lourdes et qui les porte avec un grand amour ; c’est mademoiselle Jaricot.
Pauline est restée laïque et c’était aussi une femme dans un temps où les femmes n’avaient pas vraiment acquis l’égalité avec les hommes. Pourtant, elle a eu une fécondité extraordinaire.
Elle nous montre un exemple de laïc missionnaire avec une inventivité sans cesse aux aguets. Elle ne peut pas aller en terre de mission comme son frère ? Elle organise une chaîne de solidarité missionnaire. Puis une chaîne de prière missionnaire.
Pauline nous montre que l’évangélisation est à portée de tous, et qu’il y a beaucoup de manière d’évangéliser : le partage financier, la prière, la charité pour les pauvres… et l’annonce explicite.
Pauline est un magnifique exemple d’humilité. Elle ne s’est accrochée à aucune de ses créations missionnaires. Elle les a offertes à l’Église et elle s’est effacée. Elle est morte déconsidérée. Mais son humilité lui a ouvert les portes du ciel. Nous pouvons la prier pour recevoir ce don de l’humilité qui est un cadeau merveilleux.
Certains reprochent à Dieu son silence. Or, depuis 2000 ans, Dieu nous parle par les saints. Les saints sont des messages de Dieu, des réponses de Dieu aux crises de notre temps. Pour le comprendre, mettons-nous à leur école…
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