"Ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience" (Ep 4, 2). Depuis 10 ans, fr. Benoît Standaert tient un journal intime, très intime même puisqu'il s'agit d'humilité. Cette vertu qui nous échappe dès lors qu'on décide de l'avoir, cette attitude dont saint Augustin a compris qu'elle était le cœur de la foi chrétienne, le théologien en parle dans son "Journal de l'humilité" (éd. Salvator).
Peut-on réussir dans cette vie et rester humble ? Mais qu'est-ce qui rend humble ? Pour définir l'humilité, Benoît Standaert part de l'instinct "de subsistance et de conservation" que l'on a tous et qui est "une force digne, noble". Mais que l'humble "a traversée". "Il ne constuit plus sa personnalité contre cet instinct". Dès lors l'humble éprouve "une étrange liberté". Fr. Standaert cite en exemple les moines de Tibhirine, qui étaient "au-delà" des victimes qu'on voulait en faire. Être humble c'est ne plus rien avoir à craindre.
Décider d'être humble, c'est déjà rater son but, comme disait le philosophe Max Scheler (1874-1928). Fr. Benoît Standaert a toujours été "conscient" de cela. Et si ses premiers traités sur l'humilité, il les a écrits avant même d'entrer au monastère, dès 1962, la question lui est restée "obscure" jusqu'à l'été 2016.
Avec la même méthode que celle appliquée pour travailler sur la crainte de Dieu, le théologien est allé puiser dans les grands textes de saint Benoît, saint Bernard ou saint Ignace de Loyola. Dont le cœur des exercices spirituels contient un petit traité de l'humilité qui résume tous les exercices, selon fr. Standaert.
C'est que l'humilité, elle se construit dans la relation à Dieu. "Le très bas attire le don du très haut." Comme l'a montré le philosophe Louis Lavelle (1883-1951), il y a un rapport entre la grandeur et l'humilité. L'une et l'autre "s'appellent et s'exigent mutuellement".
Chez Cicéron, l'humilité était méprisable. Et en hébreu le terme péjoratif anawah, qui renvoie à la pauvreté méprisable, a donné leur nom aux Anawim ceux qui reconnaissaient comme les pauvres du Seigneur. L'humilité est devenue comme un titre de noblesse. Ce que révèle saint Augustin dans ses "Confessions" : qu'il doit sa conversion à l'appréciation d'un Dieu humble en Jésus Christ.
En travaillant sur l'humilité, Fr. Benoît Standaert rend aussi hommage aux humbles qu'il a pu rencontrer, notamment les moines de sa communauté chez qui il a trouvé des traces d'une "profonde et émouvante humilité", qui lui est apparue alors comme une grande liberté et une grande force.
Moine de l’abbaye bénédictine Saint-André à Bruges, fr. Benoît Standaert est théologien, conférencier, et consacre beaucoup de temps à l'écriture. Ses principaux ouvrages sont "L’Évangile selon Marc : commentaire" (éd. Cerf, 1983), "La prière" (éd. Anne Sigier, 2002), "La sagesse comme art de vivre" (éd. Bayard, 2009) et "Les trois colonnes du monde" (éd. Albin Michel, 2012) ou encore "Le Désir désiré" (éd. Salvator, 2016).
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