Nichée dans une petite ruelle à quelques minutes de Beaubourg, l'église Saint Merry animée par la communauté Sant'Egidio, s'apprête à vivre comme tous les ans à Noël un moment extraordinaire de solidarité et d'amitié : un festin de Noël pour plus 200 personnes. Réfugiés, sans-abris, salariés, enfants, une foule hétéroclite s'apprête à vivre Noël ensemble et comme il se doit : chapon, champagne, bûches de Noël et cadeau personnalisé attendent chacun des convives. Découvrez les coulisses de ce repas d'exception.
Il est 12h à Paris en ce 25 décembre 2022 et la messe de Noël vient de se terminer. Jésus est apparu dans la jolie crèche entourée de sapins de l'église de Saint Merry située au coeur de Paris, à quelques pas du Centre Pompidou.
En quelques secondes, les bancs et les chaises de l'église disparaissent. Des dizaines de personnes s'affairent pour tout ranger avant de transformer la nef en ... salle de réception ! Petit à petit arrivent des odeurs réconfortantes de cuisine savoureuse. Pas de temps à perdre, il faut qu'à 13h tout soit prêt pour accueillir les 200 convives et plus qui s'apprêtent à arriver.
Chaque année, depuis plus de 40 ans la communauté Sant'Egidio organise un banquet de Noël. Cette communauté centre sa vocation autour de trois thématiques majeures les que le pape appelle les Trois P : prière, pauvres et paix. De la prière pour la paix dans le monde, à la résolution de conflits en passant par l'accompagnement des réfugiés par le biais de "couloirs humanitaires", la communauté Sant'Egidio est sur tous les fronts !
Valérie Régnier, présidente de Sant'Egidio France, raconte à l'antenne et au micro de Véronique Alzieu, la naissance de cette idée de repas de Noël collectif.
En 1982, à Rome, berceau de la communauté, les membres de Sant'Egidio se demandent comment ils peuvent soutenir les personnes sans-abris, réfugiés où âgés qui sont seules à Noël.
"Et puis nous chrétiens, qu'est ce qu'on fait ? Jésus est né seul dans une mangeoire, il était seul lui aussi, exclu et nous qu'est ce qu'on fait avec nos amis qui sont exclus toute l'année ? " se souvient Valérie Régnier. Il décide donc il y a 41 ans de faire un repas de Noël ouvert à tous, réunissant 47 personnes. "Aujourd'hui, on dresse la table dans plus de 70 pays, 78 exactement, et pour vous donner une idée l'année dernière nous étions 240 000 à table pour Noël " ajoute-t-elle dans un sourire.
"On va partager un repas comme à la maison" explique Valérie Régnier. Qu'on soit sans abris, réfugiés, seul ou en famille, salarié ou sans-emploi, tout le monde est invité à la table de Noël, sans aucune différenciation, comme des amis.
"La personne auprès de qui je vais m'assoir c'est mon frère, c'est ma soeur. On est une famille" explique Agnès, une ivoirienne arrivée en octobre en France et qui habite actuellement dans un foyer.
Autour de nos studios, installés dans l'église pendant deux jours pour fêter Noël avec la communauté Sant'Egidio, l'excitation monte. Madeleine Vatel, journaliste à RCF nous emmène dans les coulisses des préparations. Une dizaine de personnes s'affairent à mettre les nappes, dresser les tables et installer les bougies et les décorations. Une attention particulière est portée à la beauté des tables. "Le beau c'est la vie ! " s'exclame Valérie Régnier "d'autant plus que beaucoup de personnes n'ont pas été attablés comme ça depuis longtemps" ajoute-t-elle.
Beau et bon, comme un repas de Noël en famille ! Le menu, installé sur chaque table, donne l'eau à la bouche : rôti de chapon farci et gratin dauphinois. Environ 200 convives sont prévues mais les organisateurs prévoient toujours des dizaines de repas en plus pour que ceux qui arrivent à l'improviste se sentent accueillis.
Tout est prêt. Les portes de l'église sont grandes ouvertes pour accueillir les convives qui arrivent au compte goutte et s'installent selon un plan de table précis où tout le monde se mélange. Chaque table à un serveur attitré alors que deux sommeliers feront le tour de la salle afin de servir un verre de vin rouge aux convives qui le souhaitent. Il y a même du champagne pour accompagner la bûche de Noël servie en dessert. Et ce n'est pas tout !
Alors que les invités entament leur fromage, un père Noël suivi de quelques lutins apparaît dans la salle sous les applaudissements. Un petit lutin de Noël demandera à chaque invité de la table son prénom afin qu'eux aussi est un cadeau, même s'ils ne se sont pas inscrits à l'avance.
Karim, qui déjeune en face de moi et les autres arrivés par hasard ou grâce au bouche à oreille auront aussi leur cadeau. Karim, arrache le paquet brillant qui porte son prénom et découvre un tour de cou en polaire, un bonnet, des chaussettes et un kit de rasage. À la rue depuis plusieurs mois, un problème aux mains lui empêche de reprendre son travail de manutention. Ces cadeaux lui seront d'une utilité précieuse pour l'hiver à venir.
Thomas, à ma droite, à la rue également est un habitué des repas du dimanche, ces "cantines familiales" organisées dans la paroisse, mais c'est la première fois qu'il assiste à un repas de Noël. Il est touché par tout ce qui est mis en place pour le repas et notamment par l'attention accordé à chacun. "C'est tellement galère d'organiser tout ça ! Et puis de faire un cadeau pour chacun avec son prénom c'est génial !".
Quelques minutes après alors que nous partageons une cigarette sur le parvis de l'église il me lancera "tu sais moi ,ce que je viens de recevoir c'est mon seul cadeau de Noël et franchement ça fait plaisir !".
Une parenthèse enchantée qui fait du bien au coeur et à l'âme de tous, qu'ils soient cabossés par la vie ou priviligiés. Pour Valérie Régnier, présidente de Sant'Egidio France, ces repas de Noël "c'est un peu un avant-goût du paradis".
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