L'esprit saint peut embraser les cœurs au point de consumer ceux qui le laissent agir en lui. Avant cela, ils se sont reconnus filles et fils d'un Dieu qui les aime infiniment. C’est ce dont traite le dernier livre du frère Jean-Thomas de Beauregard, La spiritualité de la bûche (éd. du cerf).
"Le feu dont je parle, c'est celui qui enflamme le cœur de ceux qui acceptent de se mettre à la suite du Christ". Le frère Jean-Thomas de Beauregard est religieux dominicain au couvent de Bordeaux. Avec son nouveau livre, il veut inciter à mettre le feu sur la terre. La vocation du croyant est de se consumer. C'est le destin même des chrétiens que de finir en cendres, pour passer ensuite par une résurrection, explique le dominicain. "Le Christ lui-même est passé par là !". Si le feu peut être douloureux, les chrétiens doivent de toute façon "porter leur croix".
Pour certains croyants, les drames traversés par l’Église aujourd’hui ne sont pas un hasard. Certains interprètent les récents événements : la révélation des scandales ou l'incendie de Notre-Dame de Paris sont ainsi perçus comme un message du Christ. Pour l'auteur, la purification de l’Église passe nécessairement par la révélation des scandales : "ce sont les conséquences de nos propres actes, et cela doit nous pousser à la sainteté".
Si Jésus s’est incarné, c’est pour "faire de nous des fils et des filles à son image". Accomplir l’adoption filiale et ressembler de plus en plus au Christ est la vocation du croyant, qui reçoit dès le baptême une "sainteté embryonnaire". Ressembler au Christ, c’est tendre à l’accomplissement de cette sainteté. Mais ce chemin est fait d'embûches : "la vie de chrétien n’est pas un havre de paix", reconnaît le frère.
"Être enfant de Dieu, c’est avoir une confiance débordante en lui". Frère Jean-Thomas de Beauregard pousse à conserver cette confiance jusqu’à la mort, à concilier l’idée d’être enfant de Dieu avec celle d’être adulte dans la foi. "C’est un chemin qui prend toute une vie". Un chemin qui se fait avec l’aide de la grâce, ce "don gratuit et bienveillant que Dieu fait de sa personne". Comme une greffe, la grâce s’intègre à l’organisme récepteur. Elle "hausse nos capacités" sans pour autant altérer nos singularités. C'est d'ailleurs ce qui explique la diversité des personnalités des saints.
"On aurait été des marionnettes passives entre les mains de Dieu s’il ne nous laissait pas libres de faire ce que l’on veut de ses dons". Faire confiance à l’homme, c’est un "risque qui vaut la peine". Cela pousse les chrétiens à être acteurs de leur propre salut, en accompagnant leurs actions d’humilité.
"Dieu est un propriétaire exigeant quand on est locataire". Avoir la grâce, c’est accepter de se laisser déranger. Les dernières paroles de Dieu sur terre, son testament, c’est d’aller "dans tout le monde, et prêch[er] l'Évangile à toute la création". Pour Frère Jean-Thomas de Beauregard, Dieu invite à "allumer le feu". Le Christ demande de propager sa foi, ce qui se fait à l’image du feu : par contagion.
Le tout ne doit pas se faire dans un esprit de conquête : "si la foi chrétienne est ce qu’il y a de plus grand, ce serait un crime que de ne le partager au monde entier". Libre ensuite à chacun d’en faire ce qu’il veut.
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