Alors que le mot a été central pendant des siècles dans la théologie de l'Église catholique, et dans le catéchisme, on est aujourd'hui mal à l'aise avec cette notion de péché. Pour certains, elle est totalement dépassée. Pour d'autres il est regrettable qu'elle ait disparu de l'enseignement de l'Église. Le P. Pierre Gibert est l'auteur de "Ce que dit la Bible sur le péché" (éd. Nouvelle Cité, 2017). Pour lui c'est clair, le péché "ce n'est pas d'abord ce que l'on dénonce chez les autres mais ce que l'on doit pouvoir percevoir ou discerner chez soi".
Contrairement à ce que l'on a tendance à croire, la notion de péché est devenue centrale de façon assez récente, finalement. L'enseignement de la catéchèse remonte en France au XVIe siècle. Le péché alors "n'était pas premier : ce qui était premier c'était le Christ, l'amour du Christ." C'est juste avant la Révolution française, avec le fameux catéchisme de Lhomond, que le péché originel a été mis en premier.
En réaction au traumatisme de la Révolution française, le péché est devenu en Europe "un thème obsessionnel", accompagné de l'idée de châtiment et d'expiation des crimes commis. Pour le bibliste, c'est ainsi que tout au long du XIXe siècle et jusqu'à la première moitié du XXe siècle, "on a fait du christianisme et du catholicisme un religion du pessimisme".
La conception du péché dans l'Église a donc varié, selon les accents théologiques, les situations historiques, et psychologiques. Et aussi le jeu que l'on en a fait pour expliquer des choses ou en justifier d'autres. Pour comprendre de quoi il s'agit il est nécessaire de revenir aux fondamentaux - la Bible. Même si l'entreprise est complexe. Pour Pierre Gibert, cela ne fait pas de doute, "les racines de la notion de péché sont dans la Bible, en particulier dans le Nouveau Testament mais aussi dans l'Ancien".
"Le péché relève d'abord de la conscience personnelle devant Dieu et devant les autres." Avec le P. Pierre Gibert, on s'intéresse donc d'abord à une question d'intériorité, d'intimité entre soi et Dieu. Quant à l'idée de dénoncer un péché chez l'autre, de l'accuser donc, "il faut faire très attention, prévient-il, les accusations sont parfois graves."
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