Les livres de la Bible sont, pour le P. Paul Valadier, des condensés de sagesse, d'expérience et d'intelligence, qui mettent en garde l'homme de pouvoir contre la tentation du totalitarisme.
"Il y a dans la Bible des trésors de sagesse qu'il faut bien se garder de sous-estimer." Dans son ouvrage, "Sagesse biblique, sagesse politique" (éd. Salvator), Paul Valadier confronte la réalité politique de la société contemporaine à la sagesse biblique qui dépasse le cadre des croyants. Une invitation à discerner entre pouvoir et autorité et penser l’engagement en politique comme le service du bien commun.
Les histoires de Noé, de David ou de Salomon sont des aventures bibliques qui semblent bien lointaine. Un regard qui justifie aux yeux des politiques un désintérêt pour la Bible. Que la politique s'enrichisse d'une sagesse biblique, notre société laïque s'en défend même.
Or, pour Paul Valadier, "il y a, condensées dans ces livres, une pratique, une expérience, une intelligence, qui mettent en garde contre des tentations permanentes de l'emprise du pouvoir politique, de sa tentation d'être totalitaire".
Le propos de Paul Valadier n'est pas de dire qu'il y a dans la Bible des préceptes à suivre à la lettre pour "changer notre Constitution ou régler nos lois" - ce qui est la posture du fondamentaliste. Ce qu'il y a d'utile pour nous au XXIè siècle dans la Bible - utile et inspirant - c'est "une intelligence des choses".
On le voit, les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament "mettent en garde contre les tentations permanentes qui sont celles de toutes les époques". Et notamment, la tentation du totalitarisme. Et parfois, il suffit de peu. Une simple écoute discrète de nos échanges téléphoniques est facile et tentante, rappelle le jésuite.
Il est facile et fréquent aujourd'hui de se moquer du péché originel. Dans son ouvrage, Paul Valadier s'y étend longuement: il y a là selon lui un enseignement capital pour nos politiques. Il est pour le jésuite nécessaire d'avoir toujours à l'esprit ce que la Bible nous enseigne, du meilleur peut naître le pire. À l'inverse de la philosophie des Lumières, précise-t-il, qui prétend que les difficultés des hommes sont surmontées dès lors que l'on éduque nos citoyens. "Si les communistes avaient pu imaginer un instant que leur système pouvait dérailler, peut-être qu'ils auraient été moins dogmatiques et moins totalitaires qu'ils n'ont été."
Prêtre jésuite, philosophe, théologien, auteurs de nombreux ouvrages, notamment de philosophie politique, le P. Paul Valadier est professeur émérite du Centre Sèvres. Il a été rédacteur en chef de la revue Etudes pendant plusieurs années. Spécialiste de Nietzsche, il travaille sans relâche sur les questions de morale publique, de dialogue avec la société.
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