"Pourquoi n’as-tu pas mis mon argent à la banque ?"
Méditation de l'évangile (Lc 19, 11-28) par le père Emmanuel PIC
Chant final: "Combien Dieu est grand" par Dan Luiten
En ce temps-là,
comme on l’écoutait,
Jésus ajouta une parabole :
il était près de Jérusalem
et ses auditeurs pensaient que le royaume de Dieu
allait se manifester à l’instant même.
Voici donc ce qu’il dit :
« Un homme de la noblesse
partit dans un pays lointain
pour se faire donner la royauté et revenir ensuite.
Il appela dix de ses serviteurs,
et remit à chacun une somme de la valeur d’une mine ;
puis il leur dit :
“Pendant mon voyage, faites de bonnes affaires.”
Mais ses concitoyens le détestaient,
et ils envoyèrent derrière lui une délégation
chargée de dire :
“Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous.”
Quand il fut de retour après avoir reçu la royauté,
il fit convoquer les serviteurs auxquels il avait remis l’argent,
afin de savoir ce que leurs affaires avaient rapporté.
Le premier se présenta et dit :
“Seigneur, la somme que tu m’avais remise
a été multipliée par dix.”
Le roi lui déclara :
“Très bien, bon serviteur !
Puisque tu as été fidèle en si peu de chose,
reçois l’autorité sur dix villes.”
Le second vint dire :
“La somme que tu m’avais remise, Seigneur,
a été multipliée par cinq.”
À celui-là encore, le roi dit :
“Toi, de même, sois à la tête de cinq villes.”
Le dernier vint dire :
“Seigneur, voici la somme que tu m’avais remise ;
je l’ai gardée enveloppée dans un linge.
En effet, j’avais peur de toi,
car tu es un homme exigeant,
tu retires ce que tu n’as pas mis en dépôt,
tu moissonnes ce que tu n’as pas semé.”
Le roi lui déclara :
“Je vais te juger sur tes paroles,
serviteur mauvais :
tu savais que je suis un homme exigeant,
que je retire ce que je n’ai pas mis en dépôt,
que je moissonne ce que je n’ai pas semé ;
alors pourquoi n’as-tu pas mis mon argent à la banque ?
À mon arrivée, je l’aurais repris avec les intérêts.”
Et le roi dit à ceux qui étaient là :
“Retirez-lui cette somme
et donnez-la à celui qui a dix fois plus.”
On lui dit :
“Seigneur, il a dix fois plus !
– Je vous le déclare :
on donnera
à celui qui a ;
mais celui qui n’a rien
se verra enlever même ce qu’il a.
Quant à mes ennemis,
ceux qui n’ont pas voulu que je règne sur eux,
amenez-les ici
et égorgez-les devant moi.” »
Après avoir ainsi parlé,
Jésus partit en avant
pour monter à Jérusalem.
Source : AELF
Voilà une parabole de Jésus qui résonne en nous comme une leçon de vie (voire une leçon de morale) : nous comprenons que ce roi qui part en voyage, c’est Dieu, que nous sommes les serviteurs, et que l’argent qui est confié représente les dons que Dieu nous fait et que nous sommes chargés de faire fructifier. A nous donc de commencer par rechercher quels sont ces dons : les talents qui sont les nôtres, les responsabilités qui nous sont confiées, le monde que nous avons à entretenir et à rendre plus beau encore.
Une question se pose toutefois : pourquoi donc le roi, à son retour, juge-t-il aussi durement le serviteur qui n’a pas su faire fructifier son bien ? car après tout, il n’avait reçu aucune instruction à ce sujet.
Le problème n’est pas que le serviteur n’a pas été à la hauteur. Le problème, c’est la raison pour laquelle il n’a rien fait : il a eu peur de son maître, qu’il considère, selon ses propres paroles, comme un homme dur et injuste.
Cette parabole n’est donc pas seulement une petite histoire édifiante. Elle nous parle de la peur et de ce qu’elle produit en nous. Elle nous parle aussi de l’attitude des deux autres serviteurs, qui ont, eux, confiance dans ce maître.
La peur, la méfiance, lorsqu’elles s’installent entre les personnes, polluent en profondeur les relations humaines et paralysent nos actions. Celui qui a peur préfère mettre au placard ce qu’il a plutôt que de le mettre au service des autres en lui faisant porter du fruit.
Le contraire de la peur de l’autre, c’est la confiance, c’est-à-dire la foi. La foi en Dieu bien sûr, mais parce qu’elle nous ouvre toujours à la confiance dans les autres.
Dans notre dialogue avec le Seigneur de ce matin, interrogeons-nous donc sur ce qui fonde nos relations humaines. Vivons-nous dans la confiance ? ou au contraire dans la méfiance et dans la crainte que l’autre, les autres, ceux qui ne nous ressemblent pas et que nous ne connaissons pas, n’envahissent notre vie ? Le Christ l’affirme aujourd’hui : seule la confiance nous fait vivre une vie qui porte du fruit.
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