Pendant deux ans, Pier Luigi Maccalli a été l’otage d’un groupe islamiste dans le Sahel. Une expérience de silence et de nuit pour ce prêtre de la Société des missions africaines (SMA).
Pier Luigi Maccalli est italien. Né en 1961 dans le sud de Milan, il est habité par la mission depuis son enfance. Une vocation précoce qu'il va accueillir pleinement juste après son bac, après avoir rencontré des prêtres missionnaires dans l'entourage de son frère, lui aussi prêtre à la Société des missions africaines (SMA) comme lui. "Leur témoignage m'avait tout de suite beaucoup frappé, l'esprit de famille qu'il y avait dans cette communauté, et c'est là que ma décision s'est confirmée" se souvient le prêtre italien.
Ces témoins missionnaires, porteurs de l'Évangile en Afrique, ont toujours fasciné Pier Luigi Maccalli. À son tour, il a pu rejoindre la Société des missions africaines (SMA) et a découvert la Côte d'Ivoire en 1986. "C'est là que j'ai commencé à faire mes premiers pas comme prêtre et comme missionnaire" raconte-t-il. Une rencontre avec une culture, une langue et une population nouvelles dont il garde un très bon souvenir. Pour lui, l'objectif de la mission est "d'aller à la rencontre de l'autre, rencontrer l'Homme c'est témoigner de notre humanité".
La rencontre est au coeur de la mission pour Pier Luigi Maccalli. Pour lui, l'Évangile est "une modalité pour vivre une humanité, belle et engagée" à l'image de la vie de Jésus. Si comme il le dit "là où on humanise, Dieu divinise" la rencontre est également au coeur de l'évangélisation.
Père pour la Société des missions africaines (SMA), Pier Luigi Maccalli a vécu 11 ans en Côte d'Ivoire puis 10 ans au Niger avant de vivre l'imprévisible. Le 17 septembre 2018, au sud de Niamey au Niger, Pier Luigi Maccalli, alors âgé de 57 ans est enlevé par un groupe islamiste.
"J'étais chez moi, c'était mon petit paradis, j'étais aimé par la population": c'est avec ces mots que Pier Luigi décrit le Niger. En septembre 2018, sa vie bascule lorsque des dijadistes ralliés à Al Qaida au Maghreb Islamique l'embarquent pour un voyage de deux ans aux confins du désert du Sahara.
Ces jeunes, ces enfants qui nous surveillaient, ils sont endoctrinés par ces vidéos de propagande qu'ils ont toujours entre les mains et ils sont les vrais otages de cette histoire blessée
Après avoir pleuré et crié son incompréhension à Dieu, Pier Luigi Maccalli se relève petit à petit pour se préparer à éventuellement "retrouver le chemin de la vie". Un chemin qui durera deux ans. Il passe les six premiers mois entouré de six mujahidins avant de rencontrer Lucas, Nicolas et les autres. Le père italien précise qu'il n'a pas été violenté ou torturé pendant sa capture, "j'avais juste les chaînes aux pieds" ajoute-t-il. "Ça a été long, plus que dur" pour lui qui ne savait pas ce qu'il se passait en Europe et qui malgré l'espoir d'une liberté retrouvée avait peur qu'on l'ait oublié.
Après deux ans au désert, le 8 octobre 2020, le prêtre est libéré avec d'autres otages dont Sophie Pétronin, un homme politique malien et un de ses compatriotes italiens. ll n'a jamais eu de colère ou rancune envers ses ravisseurs qu'il porte dans sa prière: "Seigneur, pardonne leur ils ne savent pas ce qu'ils font". "Ces jeunes, ces enfants qui nous surveillaient, ils sont endoctrinés par ces vidéos de propagande qu'ils ont toujours entre les mains et ils sont les vrais otages de cette histoire blessée" nous dit Pier Luigi Maccalli. Cette expérience d'emprisonnement à changer sa vie et lui a permis de découvrir un élan missionnaire nouveau dans le silence et la prière, qui malgré les chaînes, lui ont permis de devenir "un missionnaire du coeur".
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