Avec ses amis il est parti les rencontrer. Qui ça ? Les chrétiens engagés qui vivent aux "périphéries" selon l'expression du pape François. "L'Église doit sortir d’elle même, elle doit aller aux périphéries géographiques, humaines et existentielles (…), là où résident le mystère du péché, de la douleur, de l’injustice, de la souffrance… " Pour Quentin de Veyrac, partir c'était aussi pour rencontrer Dieu. Il publie le récit de ses aventures dans "À l'école des plus pauvres" (éd. Artège).
Entre 2014 et 2015, Quentin de Veyrac, Jean Romatet et Geoffroy de Boissieu sont partis à l'aventure. Le "Petit à petit tour" a été récompensé et soutenu par la Bourse de l'aventure chrétienne (BACh) en 2014. Il a même fait l'objet d'un documentaire diffusé sur KTO en 2015, "Au cœur des périphéries".
Partir à l’aventure faire le tour du monde, un rêve pour beaucoup de jeunes. Attirés par l'aventure, Jean Romatet, Geoffroy de Boissieu et Quentin de Veyrac l'ont fait. Pendant un an, ils ont suspendu leurs études pour voyager aux quatre coins du monde. Avec Misericordia International, ils ont rencontré des délinquants au Chili ; hébergés par le centre Fountain of Life ils ont rencontré les prostituées de Sihanoukville (Cambodge) ; les frères hospitaliers de l’ordre de Saint-Jean de Dieu les ont accueillis à Tanguiéta au Bénin ; et en Jordanie, le centre Notre-Dame de la Paix leur a permis d'aller à la rencontre de personnes handicapées et de réfugiés irakiens.
Né dans une famille catholique pratiquante, Quentin de Veyrac est toujours allé à la messe le dimanche sans trop de poser de questions. C'est au moment de partir faire ses études à Paris que la question s'est posée : faut-il aller à la messe ? Si oui, pourquoi ? "Est-ce que la foi est uniquement un principe, une règle, une tradition à perpétrer ou y a-t-il quelque chose de plus personnel ?" Une remise en cause synonyme de "crise de foi" qui a duré deux ans - deux années au cours desquelles la stimulation intellectuelle de la classe prépa a laissé place à d'autres enseignements au sein de son école de commerce. Le jeune décrit "un sentiment de vide" et de ne pas se reconnaître dans "les modèles de réussite" qu'on lui propose alors.
Voyager, il en rêvait. Mais est-ce que ce sera "le voyage pour le voyage" ? C'est aussi pour répondre à cette quête de sens, de Dieu, que Quentin de Veyrac a choisi de partir. Ce sera un an, à la rencontre des chrétiens qui s'engagent et qui consacre leur vie aux plus pauvres, aux exclus, aux personnes qui souffrent. Comment font-ils ? Où trouvent-ils la force ? "Cette radicalité de l'engagement suscitait notre admiration, et on voulait vraiment comprendre cela, la force qui les animait, en ayant en tête que probablement Dieu avait quelque chose à faire là-dedans."
"Un dépouillement matériel et spirituel." Pour les voyageurs la démarche est celle de la pauvreté évangélique. Pauvreté matérielle - les trois jeunes gens décident de ne dépenser que 3 euros par jour - mais aussi intérieure. Il s'agit de se laisser bousculer, interpeller, toucher par d'autres façons de vivre et de souffrir. "C'est grâce à la prière que cette année s'est aussi bien passé."
Aujourd'hui, cela fait plus de deux ans qu'il est rentré. Quentin de Veyrac est diplômé de l'ESCP, une grande école de commerce, et aussi d'un Master de droit. Il travaille dans un cabinet de conseil et s'épanouit dans son domaine, le "restructuring" où aide à la restructuration d'entreprises en difficulté. Parfois ça marche, parfois non. Où sont les pauvres de Sihanoukville, les malades de Tanguiéta ? Quel chemin parcouru depuis les années étudiantes et le vide de sens qu'il éprouvait ? Il en garde une leçon de vie. "Ce n'est pas en donnant que l'on reçoit, mais c'est en acceptant de recevoir de ces personnes-là qu'on est capable de donner et de se donner."
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