On connaît Saint-Benoît comme père du monachisme en Occident, sa règle écrite au milieu du VIe siècle a été adoptée par de très nombreux monastères. Benoît a aussi contribué à façonner l'esprit chrétien de l'Europe, il est mis ainsi en avant par l'Église pour des raisons moins spirituelles et peut-être plus politiques. Il a été un facteur d'unité au sortir de l'Empire romain.
Rapidement après le titre "Benoît, patron principal de l'Europe", des évêques et des abbés de monastères ont voulu répondre à cette proclamation en créant une association, l'association Saint-Benoît, patron de l'Europe.
Françoise Chapon, est membre du comité de direction de l'association et présidente juridique de l'association Côté français. Elle nous présente l'actualité de la figure de St Benoît.
Comment peut-on dire que Benoît a été ce facteur d'unité en Europe ?
Benoît n'avait évidemment pas de projet géopolitique, mais il voulait sortir de la décadence de l'Empire romain, de ses invasions barbares, et il a essayé d'être un modèle lui-même et de modeler toutes les aspirations humaines qui se faisaient jouer autour de lui. Il s'est réfugié au Mont Cassin, pour écrire la règle monastique qui devait fortifier à la fois la religion de Christ et qui devait apporter l'unité dans les monastères. Les monastères sont des centres de retrait, d'isolement, mais ils avaient tous une fonction publique.
On se souvient que Goethe avait dit que l'Europe s'était faite dans les monastères et par les chemins du pèlerinage.
Benoît a été un facteur d'unité spirituelle, et la paix bénédictine n'est pas un vain mot.
Pie XII, déjà en 1958, à la sortie des conflits mondiaux qui avaient ruiné la confiance en l'homme, avait nommé Benoît père de l'Europe pour avoir inspiré au peuple ce souci, cet amour de l'ordre et de la justice.
Si on revient à la spiritualité, plus directement bénédictine, qu'est-ce qui selon vous pourrait nous aider, nous aujourd'hui, à poursuivre cette construction européenne ?
Ce qui pourrait être un moteur pour nous, ce serait, à l'exemple de St Benoit, de remettre l'homme au centre des institutions.
On a abandonné toute la spiritualité et la notion de transcendance. Pour faire l'Europe, il faut des structures juridiques, politiques, bien entendu, mais il faut aussi retrouver une dimension spirituelle. Remettre donc l'homme au centre du monde, mais aussi avoir une transcendance au-dessus de lui.
Avec Benoît, on a l'occasion de réconcilier un petit peu l'engagement au nom de sa foi et la participation à la vie du monde en construisant une société plus juste, plus humaine.
Il faut prendre exemple sur Benoît. Beaucoup de managers se réfèrent à la règle de Benoît.
La paix passe par l'unité, à la fois la paix entre les pays et la paix intérieure.
Pour commencer par la paix intérieure, Benoît nous propose un chemin.
Nous connaissons la difficulté de construire l'unité de l'Europe. Cette unité devra-t-elle passer par une dimension spirituelle ?
Le président Jacques Chirac a voulu supprimer dans la constitution la mention des racines chrétiennes de l'Europe. Cela a beaucoup attristé le pape Jean-Paul II.
Benoît, patron de l'Europe est un intercesseur. Si les papes ont multiplié les saints patrons, c'est pour affirmer avec force les racines chrétiennes de l'Europe.
Notre homme européen, qui n'est même pas un citoyen européen, n'a pas de repères, il est déboussolé.
Françoise Chapon est membre du comité de direction de l'association Saint-Benoît Patron de l'Europe, une association reconnue comme association internationale de fidèles par le Conseil pontifical pour les laïcs. Le 55e congrés de l'association aura lieu du 2 au 7 aout 2024. Toutes les informations et le programme sur le site de l'association : https://associatio-sanctibenedicti.org/fr/bienvenu/
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