Il est le dernier Père de l'Eglise, il a marqué son temps par sa sainteté et son amour de la Vierge Marie.
Bernard de Fontaines naît à Fontaines-les-Dijon en 1090. Il est le troisième fils de Tescelin le Roux et d'Aleth de Montbard. Il fait ses études chez les chanoines de Saint Vorles à Châtillon sur Seine. Il se distingue par son intelligence.
En 1112, à 22 ans, il se présente au monastère Cîteaux en entraînant avec lui une trentaine de jeunes gens. Il choisit l’ordre cistercien (l’adjectif cistercien – vous l’avez compris – vient du substantif Cîteaux) en raison de la rigueur avec laquelle y est observée la règle de Saint Benoît, en contraste avec le relâchement qui s’est introduit à l’époque dans les autres branches de l’Ordre bénédictin.
Les cisterciens ont été fondés en 1098 que le bienheureux Robert, abbé de Molesmes, pour retrouver toute la pureté de la règle de saint Benoît. Les débuts sont difficiles. Les moines sont très pauvres. Le monastère ne recrute pas du tout. Les candidats sont effrayés par sa pauvreté, sa rigueur.
Bernard et ses compagnons arrivent donc à Cîteaux. Imaginez la surprise de l’abbé du monastère, Etienne Harding : 30 recrues d’un coup, alors qu’il n’y avait eu personne depuis la fondation !
Très vite, Etienne Harding, se rend compte de la valeur du jeune Bernard qui plonge allègrement dans la vie monastique. Tout lui plaît : la vie fraternelle, la prière, le travail des Écritures, des Pères de l’Église et aussi l’ascèse, la nourriture frugale (fèves, raves et soupes de feuilles de hêtre – avez-vous déjà essayé ?), mobilier rustique, pauvres paillasses, etc.
Après seulement 3 années de noviciat, il lui confie la fondation d'une autre abbaye pour continuer la réforme cistercienne. Bernard part avec 12 frères. Le lieu choisi est Clairvaux. Ce lieu va donner son nom à saint Bernard et il va diriger cette abbaye jusqu’à sa mort.
En 1115, Bernard est ordonné prêtre par l’évêque de Châlons sur Marne, Guillaume de Champeaux. Ils seront amis toute leur vie. La réputation de Clairvaux attire des jeunes. Bernard les forme à quitter leur vie mondaine pour une vraie vie monastique :
Vous dirai-je d’allier en même temps Dieu et le monde ?, leur demande-t-il. Non ! On ne peut servir deux maîtres à la fois.
Quatre ans plus tard, c’est une nouvelle fondation : l’abbaye de Fontenay. C’est de nouveau un beau succès, lié indubitablement à la personnalité de Bernard.
La réputation de sainteté de Bernard commence à se répandre. Il parle avec véhémence pour défendre la vie monastique pure, comme il la conçoit, c’est-à-dire avec la chasteté et la pauvreté. C’est un homme absolu qui n’admet pas de compromis dans la vie spirituelle. Tout pour Dieu, et tout, c’est tout ! C’est un prédicateur qui possède un charisme extraordinaire !
C’est aussi un grand amoureux de la Vierge Marie. Il a joué un grand rôle dans la piété mariale du Moyen- ge. Il invite à recourir à l’intercession de Marie : « Voulez-vous un avocat près de Jésus ? Recourez à Marie. Je le dis sans hésitation : Marie sera exaucée à cause de la considération qui lui est due. Le fils exaucera sa Mère et le Père son Fils. Voici l’échelle des pécheurs : une absolue confiance. Voici sur quoi mon espérance est fondée. » Bernard est un grand amoureux de la Vierge Marie. On lui doit les perles de prière que sont le Souvenez-vous et Regarde l’étoile.
En 1128, Bernard participe au concile de Troyes dont l’objectif est de fixer la règle du nouvel ordre crée en Palestine, les pauvres chevaliers du Christ, qui deviendra l'ordre du Temple.
En 1130, éclate un schisme dans l’Église : un pape est élu, c’est Innocent II ; puis un autre pape est élu par un groupe de cardinaux dissidents, c’est l’antipape Anaclet II. Innocent II est obligé de s’enfuir de Rome. Il cherche des appuis. Le roi de France décide de le soutenir et convoque un concile à Étampes. Évidemment, Bernard y est invité. Il devient la figure de proue des défenseurs du pape légitime. Innocent II lui demande explicitement son soutien. Il va pendant 7 années faire un immense travail religieux et diplomatique – les deux sont très mêlés à l’époque – en voyageant dans toute l’Europe (Angleterre, Allemagne, Italie, Flandre, Aquitaine) pour convaincre les rois, les princes et les cardinaux réfractaires de la légitimité du pape Innocent II. On raconte, par exemple, qu’en 1134, Bernard est à Parthenay pour rallier Guillaume X d'Aquitaine, excommunié par Innocent II comme schismatique. Alors qu’il célèbre la messe dans l'église du Couldre, au moment de l'élévation de l'hostie, Bernard quitte l’autel avec l’hostie et sort sur le parvis de l’église où Guillaume X se trouve puisqu’il est excommunié. Guillaume X s'agenouille devant l’eucharistie et a droit à un sermon bien senti de Bernard, Saint Sacrement en main. Guillaume demande pardon et rejoint la communion de l’Église universelle. Anaclet II meurt en 1137, vers la fin de l’année. Le schisme a un dernier soubresaut avec l’élection d’un deuxième antipape, Victor IV… mais à la Pentecôte 1138, tous ses partisans se soumettent au pape légitime. Bernard peut rentrer dans son monastère. Il a maintenant acquis une renommée de sainteté dans toute l’Église et on continue à faire appel à lui pour régler des différents un peu partout. Dans tous ses voyages, Bernard évangélise par la parole, par ses sermons où il continue à parler avec exigence de la vie chrétienne. Beaucoup de personnes se convertissent. On a conservé de lui 300 sermons et 500 lettres…
La vie active de Bernard ne s’arrête pas avec la fin du schisme. Bientôt, en 1145, voici notre moine de nouveau sur les routes : Poitiers, Bordeaux, Sarlat, Périgueux, Cahors, Toulouse et Albi… Il lutte contre les hérésies qui circulent dans le sud de la France, en particulier l’hérésie qu’on appelle “henricienne”, du nom d’Henri de Lausanne, un moine qui s’oppose à la corruption du clergé comme Bernard mais qui en outre, nie l’utilité du baptême, rejette la vénération de la croix, défend de célébrer la messe, etc. Bernard participe aussi à la discussion avec Abélard, le célèbre théologien de la Sorbonne, selon lequel les philosophes et les dialecticiens jouissent d’une inspiration habituelle qui serait comparable à l’inspiration surnaturelle des prophètes. Il gagne cette controverse. Abélard doit renoncer à se thèses. Bernard est un adversaire redoutable.
Au cours de tous ses voyages, des témoins oculaires racontent de nombreuses guérisons miraculeuses opérées par Bernard qui authentifient sa mission auprès des foules et de ceux qui l’écoutent. Mais lui-même en parle peu et n’y accorde pas beaucoup d’importance.
En 1146, c’est le lancement de la deuxième croisade voulue par le pape Eugène III conduite par le roi Louis VII et l'empereur du Saint Empire, Conrad. Bernard de Clairvaux met sa fougue au service de cette croisade, probablement par obéissance au pape qui le lui demande alors que lui-même n’a jamais voulu cette croisade. Quand elle échouera lamentablement, il sera amèrement critiqué. Notez qu’on ne trouve chez Bernard aucun antisémitisme, pourtant très courant à son époque. Il est étonnamment moderne. Voici ce qu’il dit à Mayence à une foule en colère contre les juifs de la ville :
Marchez sur Sion, défendez le sépulcre de votre Christ, mais ne touchez pas aux fils d'Israël et ne leur parlez qu'avec bienveillance car ils sont la chair et les os du Messie, et si vous les molestez, vous risquez de blesser le Seigneur à la prunelle de l'œil.
En 1153, Bernard fait son dernier voyage. Il sait que ses jours sont comptés. Il va à Trêves pour aider l’évêque local à apaiser une guerre civile. Ayant réussi, il rentre à Clairvaux et meurt le 25 août 1153 à l’âge de 63 ans.
Il est canonisé le 18 janvier 1174 par Alexandre III. Il est l’auteur d’une abondante littérature qui lui vaut d’être proclamé Docteur de l’Église en 1830 par Pie VIII.
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