Sur la tombe de ce jeune passionniste mort à 24 ans se sont multipliés les miracles.
Au cœur du massif des Abruzzes, à l’Est de Rome, au pied d’une montagne appelée « Gran Sasso » (le grand caillou), se trouve un sanctuaire vers lequel converge de toute l’Italie des milliers de jeunes. À côté de ce sanctuaire se trouve un couvent des pères passionnistes où a vécu pendant ses trois dernières années un jeune frère qui est mort à l’âge de 24 ans : Gabriele dell’Addolorata, en français Gabriel de Notre Dame des Douleurs qui a été canonisé par Benoît XV et déclaré co-patron de la jeunesse catholique italienne, de l’Action Catholique et des séminaristes. Il est fêté le 27 février.
Francesco Possenti naît le 1er mars 1838 à Assise dans une famille de 13 enfants. Il est le onzième surnommé affectueusement Checchino. Son père Sante occupe un poste important. Il est fonctionnaire des États pontificaux, gouverneur de la ville d’Assise. Toute la famille déménage à Spolète lorsque le père est nommé assesseur du tribunal de la ville. C’est là que sa mère Agnès décède à l’âge de 38 ans alors que Francesco n’a que 4 ans. Il va à l’école, d’abord chez les frères des Écoles chrétiennes puis chez les jésuites. C’est un élève brillant, dynamique et joyeux. Il mord dans la vie à pleines dents, mène une vie confortable, mais toujours dans le climat de piété profonde qu’avait voulu sa maman. Francesco se tourne avec une grande espérance vers la Vierge Marie, mais continue une vie mélangée : il est à la fois pieux et attiré par les mondanités de sa classe sociale. Il aime aller danser. On le surnomme même « il ballerino », le petit danseur. Il aime se divertir dans la lecture de romans et rêve par exemple de chevalerie. Pourtant, en même temps, il ressent l’appel à se consacrer au Seigneur. Sa vie est secouée par diverses épreuves et maladies et une nouvelle fois par un deuil. C’est la mort de sa sœur aînée, Marie-Louise, des suites du choléra. C’est elle qui avait pris la place de la maman dans l’éducation de la famille nombreuse.
Francesco a 18 ans. Il assiste à une procession mariale. Une image de la Vierge est transportée dans les rues de Spolète. Lorsque Marie passe devant lui, il entend distinctement ces paroles :
Francesco, ne comprends-tu toujours pas que cette vie n’est pas faite pour toi ? Suis ta vocation.
Bouleversé, le jeune Francesco décide d’entrer 15 jours plus tard chez les Passionnistes à Morrovale malgré l’opposition de son père. Il s’enfuit, entre au noviciat et devient le frère Gabriele dell’Addolorata.
Les Passionnistes ont été fondés par saint Paul de la Croix 130 ans auparavant, en 1720, pour propager la dévotion à la Passion du Christ par la prédication, les missions paroissiales et l’animation de retraites. Sur leur tunique noire, ils portent un cœur avec l’inscription en latin « Passion de Jésus Christ ».
Gabriele s’engage à fond dans la vie religieuse et en découvre les joies. Il écrit à sa famille : « Le contentement et la joie que je ressens à l'intérieur de cette maison sont presque indescriptibles par rapport aux divertissements que j'avais l'habitude de prendre à l'extérieur. Je n'échangerais pas un quart d'heure passé ici à prier devant la Madone contre une année ou la durée que vous souhaitez pour les spectacles et les loisirs de Spoleto. Vraiment, ma vie est pleine de joie. »
Frère Gabriel s’impose en outre de nombreuses mortifications malgré sa santé fragile. Il suit la règle à la lettre et nourrit une très grande dévotion à la Vierge Marie qui a été associée à la passion de son Fils au point d’être appelée Notre Dame des Douleurs. « Mon paradis, ce sont les souffrances de ma chère Mère », affirme-t-il. Il fait le vœu, avec l’accord de son confesseur le vénérable père Norbert Cassinelli, de propager par tous les moyens possibles la dévotion à la Sainte Vierge.
Il est envoyé en 1858 à Pieve Torina pour ses études de philosophie. Un an plus tard, il arrive dans le couvent de l’Immaculée Conception d’Isola del Gran Sasso pour commencer la théologie. Il reçoit les ordres mineurs en 1861 dans la cathédrale de Penne. Sa vie est toute simple. Il répète souvent : « Dieu ne regarde pas le combien mais le comment ; notre perfection ne consiste pas à faire des choses extraordinaires mais à bien faire les choses ordinaires. » Il mène une vie cachée. Rien n’attire l’attention des frères sur lui, pas de miracles, pas d’extases, rien que la vie ordinaire d’un frère passionniste.
La même année 1861, il tombe malade. C’est la tuberculose. Il comprend qu’il va mourir et qu’il ne sera jamais prêtre. Il accepte ce sacrifice : « Si Dieu le veut ainsi, moi aussi je le veux », écrit-il. Il demande à son directeur de détruire son journal intime où il avait écrit toutes les grâces reçues de la Vierge Marie. Le prêtre l’a fait. Le 27 février 1862, il meurt au cours d’une extase après avoir embrassé une dernière fois une image de la croix du Seigneur et de Notre Dame des Douleurs. Ses dernières paroles sont adressées à Marie : « Marie, ma maman, fais vite ! »
Comment expliquer qu’un jeune, mort inconnu à 24 ans dans un couvent des Abruzzes, soit devenu saint ? La seule réponse est la Providence !
La dépouille de frère Gabriele dell’Addolorata est enterrée dans le couvent, et 4 ans plus tard, les Passionnistes sont obligés d’abandonner le lieu lorsqu’est publié le décret de suppression des religieux. Lorsqu’ils reviennent 30 ans plus tard, en 1892, on s’aperçoit que de nombreux miracles ont lieu sur la tombe de Gabriele. Lorsqu’on exhume ses restes en octobre 1892, des milliers de personnes sont présentes et on recense au moins 7 prodiges importants.
Voici le témoignage de Rosalina Di Giulio qui date de juin 1893 : « Dans une petite chambre près de l’église du couvent, nous chantâmes en l’honneur de frère Gabriele. Une fois le chant fini, en rentrant chez moi, arrivée en face de l’église du village, je m’aperçus que je pouvais très bien me tenir debout sans appui et jetai mon bâton. Le jour suivant, je récupérai mon bâton et j’allai le déposer près de la tombe du serviteur de Dieu, Gabriele. »
Finalement, saint Pie X béatifie Gabriele dell’Addolorata le 31 mai 1908 et Benoît XV le canonise le 13 mai 1920. Un sanctuaire est construit en l’honneur du bienheureux en 1908, un second plus grand en 1960. On estime que 2 millions de pèlerins viennent chaque année se recueillir sur la tombe de saint Gabriel pour lui demander son intercession.
On peut encore visiter aujourd’hui la chambre dans laquelle il a vécu et où il est mort. On l’appelle la « cameretta del transito », c’est-à-dire la chambrette du passage – entendez vers le ciel. Quel est donc le secret de saint Gabriel ? Son directeur spirituel, Norberto Cassinelli, lui-même vénérable, l’a résumé ainsi : « Gabriel a travaillé avec son cœur ! »
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