La Vierge lui a proposé deux couronnes, une rouge et une blanche. Il a choisi les deux : le martyre et la sainteté !
Le prénom de baptême du franciscain Maximilien-Marie Kolbe est Raymond. Il naît à Lodz en Pologne le 8 janvier 1894. Ses parents sont très religieux, liés au tiers-ordre franciscain. Ils vivent pauvrement par amour du Seigneur dans l’esprit de saint François.
La famille a une grande dévotion pour la Vierge Marie. Il y a un petit autel familial qui lui est dédié et on y trouve souvent Raymond en prière. La famille participe aussi chaque année au pèlerinage de Czestochowa. Évidemment, ils vont à pied. Cette dévotion mariale marque profondément Raymond.
Un jour, comme cela arrive dans toutes les familles, Raymond se dispute avec sa mère. Celle-ci, excédée, s’écrie découragée :
mais qu’est-ce que tu vas devenir ?
Interpelé par cette question, il va prier à l'église. La Sainte Vierge lui apparaît alors tenant dans ses mains deux couronnes, l’une blanche et l’autre rouge. Il raconte plus tard très ému à sa maman :
La blanche signifie la pureté, la rouge le martyre. Marie m’a demandé si je les voulais. Et j’ai répondu oui.
Il prend le nom de Maximilien. Comme c’est un élève brillant, ses supérieurs l’envoient étudier à Rome où il va vivre de 1912 à 1919. C’est là qu’il fait sa profession perpétuelle à 19 ans. À cette occasion, il ajoute Marie à son nom en religion. Pendant ses études à Rome, avec un groupe d’étudiants, il fonde la Milice de l’Immaculée qui est une compagnie dont le but est l’évangélisation, la conversion des pécheurs. La condition pour y appartenir est de se donner entièrement à Marie et de porter la médaille miraculeuse et d’avoir un grand zèle missionnaire, par exemple en distribuant des médailles miraculeuses. Pour la petite histoire, Maximilien appelait ces médailles ses munitions. Il en a distribué des milliers tout au long de sa vie.
Il est ordonné prêtre le 28 avril 1918 dans l’église romaine de Sant’Andrea delle Fratte (saint André des Buissons), là même où l’Immaculée est apparue à Alphonse de Ratisbonne le 20 janvier 1842. Et le lendemain, il célèbre sa première messe dans cette église à l’autel de l’apparition. Dans un carnet retrouvé plus tard, on a découvert qu’il avait 83 intentions à offrir à cette première messe. Le carnet finit par cette devise qui résume bien toute la vie de Maximilien Kolbe : « Pro amore usque ad victima », c’est-à-dire pour l’amour jusqu’au sacrifice de la vie.
Maximilien défend sa thèse en théologie l’année suivante et rentre en Pologne. On lui donne différents ministères, mais il est malade, atteint de la tuberculose. Il se consacre aussi à l’expansion de la Milice de l’Immaculée. Il doit aussi se soigner. Dans le train qui le conduit au lieu de soins, Maximilien Kolbe évangélise comme toujours. Il décrit son action dans une lettre. Je vous donne cet exemple pour montrer sa technique d’annonce de Bonne Nouvelle. Dans son compartiment de train, il y a des personnes très diverses. Je le cite :
« j’ai eu l’occasion de parler à diverses personnes, un juif (sans papillotes), une jeune fille juive (élégamment vêtue), Un catholique du Caucase et quelques autres. J’ai placé la conversation sur un thème religieux, sans trop me fatiguer toutefois, laissant la discussion s’organiser entre eux, et me bornant à intervenir quand c’était nécessaire pour éclaircir quelques points. L’Immaculée m’a donné un peu de clarté d’esprit et tout s'est très bien passé. »
Avant d’arriver à destination, Maximilien-Marie prend la parole et résume la discussion passant de la loi naturelle à l’élection d’Israël, puis au protestantisme et au catholicisme. À sortie tous les membres du groupe sont satisfaits : le juif de faire partie des élus, le protestant de n’être pas réprouvé et le catholique du Caucase remercie le franciscain au nom de tout le groupe.
Fin 1921-22, il propose à ses supérieurs un projet fou : créer une revue d’évangélisation qu’il veut appeler le Chevalier de l’Immaculée. Ce titre peut vous paraître pu attractif. Il ne l’est pas à l’époque non plus. Avec l’accord de ses supérieurs dubitatifs, il imprime un premier magazine à 5.000 exemplaires. Il les distribue lui-même dans les rues, une vraie évangélisation de rue catholique. Plus tard, il dira aux journalistes :
N’écrivez rien qui ne puisse être signé par la Vierge Marie !
En 4 ans, il atteint un tirage de 50.000 exemplaires – au grand étonnement des sceptiques qui ne croyaient pas à son projet. Pour les finances, il dépend totalement de la Providence… et ça marche !
Le couvent de Grodno où Maximilien réalise tout son travail devient vite trop petit. Il cherche un autre lieu. Il trouve un terrain et va y déposer une statue de la Vierge en lui demandant d’en prendre possession. Il demande ensuite au comte propriétaire à quel prix il veut vendre le terrain. Le prix demandé excède évidemment les moyens du pauvre franciscain. Il se retire donc, mais le comte demande ce qu’il doit faire de la statue de la Vierge. « Laissez-la où elle est », répond Maximilien. Le comte est gêné d’avoir sur son terrain cette statue qui lui rappelle son refus d’aider le projet des franciscains. Il décide finalement de le donner. Nous sommes en 1927. C’est le début de la Cité de l’Immaculée, Niepokalanów en polonais. Ce nouveau couvent va accueillir jusqu’à 800 religieux, dédiés à l’évangélisation par la presse. Il lance un nouveau journal, un quotidien catholique intitulé le Petit journal. Ces moyens d’évangéliser avec la presse sont totalement révolutionnaires pour l’époque. À Niepokalanów, on trouve une chapelle, une menuiserie, des ateliers d’imprimerie avec des machines modernes pour expédier les revues, dont certaines sont tirées à plus de 60 000 exemplaires. Des moyens modernes fournis par la Providence à une communauté qui vit très pauvrement.
En 1930, toujours avec l’accord de ses supérieurs, il veut créer une nouvelle Cité de l’Immaculée en Asie. Il part avec quatre frères au Japon, à Nagasaki. En japonais, la cité s’appelle Mugenzai no Sono. Un détail intéressant. Il cherche un terrain pour construire son couvent. Il en trouve un pas cher, mais les gens le lui déconseillent. Il l’acquiert néanmoins. Lorsque la bombe atomique explosera en 1945, le couvent sera le seul bâtiment de la ville à rester sur pied, protégé de l’explosion dévastatrice par la montagne. Maximilien fait aussi un essai de fondation en Indes, mais sans grand succès. Il doit rentrer en Pologne pour gérer la croissance de son œuvre.
C’est le début de la seconde guerre mondiale. Immédiatement, Maximilien Kolbe a des ennuis avec l’occupant. Les franciscains cachent des réfugiés et des juifs à Niepokalanów. Les allemands ne veulent pas de presse. On le met en prison, puis on le libère. Tout s’arrête à Niepokalanów qui est occupé par les soldats. Le 17 février 1941, le père Kolbe est de nouveau arrêté par la Gestapo. En mai, il est déporté avec quelques frères au fameux camp de concentration d’Auschwitz. On le parque dans le bloc 14 avec 599 autres prisonniers. En juillet, un détenu du bloc 14 s’évade. Karl Fritzsch, le commandement du camp ordonne l’exécution de dix prisonniers en représailles. Ils sont condamnés à mourir de faim et de soif dans le bunker de la faim. Il choisit les gens au hasard. Quand il indique le sergent Franciszek Gajowniczek, celui-ci s’écrie : « Mon Dieu ! Ma pauvre femme, mes pauvres enfants ! » Alors le père Kolbe s’avance et dit au commandant Fritzsch :
Je suis prêtre catholique, je suis vieux, je veux prendre sa place.
Le commandant accepte l’échange. Les 10 condamnés sont enfermés dans le bunker. C’est une mort horrible qui les attend. D’habitude, on entend des cris terribles provenant de ce lieu. Mais un témoin raconte :
les gens hurlaient dans le bunker, dès lors que le père Maximilien Kolbe est entré ils se sont mis ensemble à prier, chanter et réciter le rosaire, il encouragea ses frères distribuant de l’espérance jusqu’à la fin.
Petit à petit, les condamnés meurent les uns après les autres. Au bout de trois semaines il ne reste que quatre prisonniers. C’est un infirmier du camp qui est chargé d’en finir avec eux par une injection de phénol. Maximilien tend docilement son bras au bourreau et meurt avec un visage paisible le soir du 14 août 1941, à la veille de la fête de l’Assomption, la fête de son Immaculée qu’il aimait tant.
La promesse de la Vierge va se réaliser dans le processus de canonisation. En effet, Maximilien-Marie Kolbe est béatifié pour l’héroïcité de ses vertus, c’est-à-dire pour la sainteté de sa vie : c’est la couronne blanche. Puis il est canonisé le 10 octobre 1982 par Jean-Paul II comme martyr car il a donné sa vie, c’est la couronne rouge.
Benoît XVI cite une parole que Maximilien Kolbe a prononcé devant la montée du nazisme et qui résume bien sa vie donnée :
La haine n'est pas une force créatrice : seul l'amour en est une.
Marie icône parfaite de l’Esprit Saint
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