Nicolas de Myre a été vénéré comme un saint immédiatement après sa mort et il est réputé faire de nombreux miracles.
Le 6 décembre, c’est la fête de Saint Nicolas, évêque de Myre (actuellement Demre en Turquie), vénéré tant dans l’Église orthodoxe que latine. Il est un des saints les plus populaires du calendrier. On ne sait quasiment rien de lui et il y a une grande disproportion entre ce qu’on sait avec certitude – quasiment rien – et l’ampleur incroyable de son culte dans le monde entier. La dévotion populaire pour ce saint est largement répandue en Orient comme en Europe de l’ouest et en Amérique. Il est le modèle qui a servi à inventer le Père Noël, le fameux Santa Claus américain.
Nicolas est né vers l’an 270 à Patare, en Lycie, dans l’actuelle Turquie. Ses parents meurent de la peste. Nicolas consacre alors la fortune de ses parents pour aider les pauvres. Un chant liturgique orthodoxe dédié à saint Nicolas – ce qu’on appelle en langage technique un tropaire – décrit cette générosité du saint. Je cite : « La justice de tes œuvres a fait de toi pour ton troupeau une règle de foi, un modèle de douceur, un maître de tempérance. » Nicolas est en effet un modèle pour les fidèles de son diocèse. Il ne mange qu’un repas par jour, il travaille sans relâche. Il est très aimé. Lors de la persécution de Dioclétien, entre 303-313, il est jeté au cachot et torturé. On en trouve des traces sur son squelette conservé à Bari. Mais on n’ose pas le tuer par peur d’un soulèvement de la foule de ceux qui l’aiment et l’admirent. En 325, Nicolas participe probablement au fameux concile de Nicée. Il combat l’hérésie arienne. Il meurt vers 343 et son tombeau devient immédiatement un lieu de pèlerinage. Pour les orthodoxes, Nicolas est vénéré avant tout comme un docteur de l’Église, même s’ils lui reconnaissent aussi des talents de thaumaturge.
En Europe, c’est surtout comme thaumaturge, c’est-à-dire comme faiseur de miracles, que le culte de saint Nicolas s’est répandu et des légendes ont commencé à circuler sur les miracles qu’il a accomplis. La légende du miracle des 3 enfants que vous raconterai plus tard en est l’exemple le plus connu. On peut se dire que ces légendes sont inventées de toute pièce, mais il faut savoir, comme le dit Noël Ruffieux, un historien suisse, que « les légendes ne naissent pas par hasard, elles sont souvent le fruit d’une vie exemplaire. »
Au XIIème siècle, Jacques de Voragine écrit la Légende dorée de saint Nicolas où il rassemble les plus belles histoires qui sont racontées sur ce saint : le sauvetage des marins grecs, le sauvetage des 3 officiers romains et le sauvetage de 3 jeunes filles de la prostitution. On constate que sur les icônes, saint Nicolas, est souvent représenté avec un livre sur lequel apparaissent 3 boules d’or. Ce chiffre 3 est associé à notre saint car il a été un défenseur de la foi en la Trinité contre l’arianisme au Concile de Nicée, mais aussi à cause des miracles, issus de la Légende dorée, qui concernent souvent des groupes de 3 personnes.
Un homme veuf, voisin de l’évêque Nicolas, père de trois filles, a perdu toute sa fortune. Afin de disposer de quoi vivre, il envisage de forcer ses filles à se prostituer. Quand le saint découvre le pot aux roses, il s’arrange pour donner trois bourses afin que les jeunes filles puissent avoir une dot pour se marier et échapper à la prostitution.
Des matelots sont pris dans une terrible tempête face aux côtes de Lycie où a vécu saint Nicolas. Ils l’appellent à leur secours. Le saint apparaît alors sur leur navire, les aide à gouverner le bateau, les rassure et disparaît quand tout danger est écarté.
Trois officiers de l’empereur Constantin reviennent à Constantinople d’une mission en Phrygie. Ils sont d'abord comblés d'honneurs, puis la situation se retourne : on les accuse injustement d’avoir voulu attenter à la vie de l’empereur. Ils se retrouvent en prison et sont condamnés à mort. Dans leur détresse, ils invoquent Dieu par l’intercession de saint Nicolas. Ce dernier apparaît en songe à l’empereur et à son préfet pour faire libérer les officiers calomniés. Ces trois miracles expliquent pourquoi saint Nicolas est patron des filles à marier, des marins et des personnes victimes d’une injustice.
Il y a une terrible famine dans la province où vit l’évêque Nicolas. Les gens n’ont plus rien à manger. Or Nicolas apprend que des navires chargés de froment font escale dans le port. Il s’y rend pour implorer les marins de lui donner une partie de leur blé pour nourrir les affamés de son diocèse. Mais ceux-ci refusent en disant : « Nous n'oserions, père, car le blé a été mesuré à Alexandrie, et nous avons ordre de le transporter dans les greniers de l’empereur. » Nicolas leur fait alors cette promesse : « Faites pourtant ce que je vous dis, et je vous promets que, par la puissance de Dieu, vous n'aurez aucun déchet devant le commissaire du roi. » Les marins firent l’acte de foi demandé par Nicolas. Ils donnèrent une partie de leur cargaison. Arrivés à destination, ils constatent qu’il ne manque plus rien. Ils livrent la quantité exacte qu’ils ont embarquée à Alexandrie. Ils rendent alors gloire à Dieu et publient le miracle. Quant à Nicolas, il distribue le blé qui permet à la population de vivre pendant 2 années à l’abri de la famine.
Il y a aussi le miracle de 3 enfants assassinés par un boucher qui les met dans une salière et que saint Nicolas ressuscite des années plus tard. Ce miracle des 3 enfants est à l’origine du fait que saint Nicolas est désigné comme patron des enfants et que, le jour de sa fête, les enfants de Belgique et de Lorraine reçoivent de cadeaux. C’est ce saint Nicolas, patron des enfants, qui a été sécularisé en Père Noël qui transporte ses cadeaux dans sa hotte et qui vient par les cheminées les distribuer aux enfants sages.
Lorsque la Turquie est devenue musulmane, des marins ont emporté les reliques du saint en Italie dans la ville de Bari où a été construite une basilique en l’honneur du saint. Les reliques du saint sont conservées dans la crypte de la basilique et elles exsudent depuis des siècles un liquide huileux qu’on appelle la manne de saint Nicolas et qui est réputé obtenir de nombreux miracles. Cette manne de saint Nicolas qui dure depuis des siècles sans explication contribue en grande partie à la diffusion de la dévotion à notre saint. Aujourd’hui encore, de nombreux pèlerins catholiques et orthodoxes – parmi lesquels beaucoup de Russes où le culte de saint Nicolas est très répandu – se rendent en pèlerinage la ville de Bari.
Le culte de saint Nicolas est aussi bien ancré en Lorraine. En effet, un chevalier lorrain nommé Aubert de Varangéville a rapporté de Bari le doigt d’une des mains du saint, et il l’a donné à la chapelle du hameau de Port, à côté de Nancy. À partir de là, la dévotion s’est diffusée en Lorraine. Le hameau de Port est devenu Saint-Nicolas de Port, et le duc de Lorraine, René II, a donné à Saint-Nicolas le titre de Patron de la Lorraine.
Saint Nicolas est un saint œcuménique et, à l’occasion du congrès eucharistique de 2005 à Bari, le cardinal Kasper a proposé que saint Nicolas soit élevé au rang de patron de l’Europe car il attire des personnes de l’Est comme de l’Ouest.
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