Thaumaturge et grand évangélisateur, Vincent Ferrier annonçait une fin du monde imminente.
Vincent Ferrier naît à Valence en Espagne le 23 janvier 1350. Son père Guillaume est notaire royal du royaume de Valence. La famille est très chrétienne et aisée.
En 1358, à 8 ans, Vincent entre à l’école. Il y étudie jusqu’en 1365. C’est un élève brillant, fort apprécié par ses maîtres. À 17 ans, Vincent demande à entrer chez Dominicains de Valence.
En 1368, à l’âge de 18 ans, Vincent fait sa profession religieuse chez les Dominicains. Il devient frère Vincent. Dans son nouveau couvent, il occupe diverses charges : professeur de philosophie, puis de sciences et de théologie.
Très tôt, la réputation de sainteté de frère Vincent commence à se répandre. On recourt à lui pour toutes sortes d’affaires car ses conseils sont précieux. Il intervient dans des affaires religieuses et civiles à la demande des autorités. On le sollicite pour des questions très matérielles comme les limites de communes, les droits d'octroi ou les tarifs d'enterrement. Il est aussi le confesseur de la reine Yolande. Le roi d’Aragon profite aussi de ses conseils pour les affaires de l’État.
Le pape Benoît XIII le fait venir à Avignon où il réside. Il veut l’attacher à son service et le nomme conseiller personnel. Il veut aussi le faire cardinal. Il lui tend un piège en l’invitant dans le collège des cardinaux. Sur une table, il a préparé le chapeau qu’il compte mettre sur la tête de frère Vincent par surprise. Mais celui-ci s’esquive en souriant et va s’asseoir à sa place.
Le bonheur de frère Vincent est de prêcher, d’annoncer la Bonne Nouvelle du Christ, de parler de réconciliation et de paix. Quand il prêche dans une ville, les gens se convertissent en masse. Les responsables de la ville de Valence demandent au roi de ne pas accaparer le frère Vincent car ils le veulent dans leur ville.
Les évangélisations de frère Vincent sont accompagnées de signes miraculeux qui bouleversent les foules. Certes, sa parole touche les cœurs, mais elle est authentifiée par des miracles qui aident les gens à se convertir.
Un événement va changer la vie du frère. Nous avons la chance d’en avoir une description écrite de sa main et adressée au pape Benoît XIII en 1412. Dans cette lettre, il affirme que Jésus l’envoie prêcher avant l’arrivée de l’Antéchrist. À partir de ce moment, le frère Vincent est convaincu qu’il doit prêcher la fin du monde. Il reçoit la permission de partir en mission le 22 novembre 1399. Il quitte Avignon pour inaugurer ses missions apostoliques itinérantes.
Quand frère Vincent arrive dans une ville, les foules affluent. Frère Vincent ne parle que sa langue maternelle et le latin. Pourtant tout le monde le comprend. On s’aperçoit de ce miracle des langues dans la ville de Gêne en Italie. Dans ce port marchand, les gens proviennent de différentes origines et ont l’habitude d’avoir recours à des traducteurs. Quand frère Vincent vient dans la ville, tout le monde le comprend. Chacun pense qu’il parle dans sa propre langue… comme à la Pentecôte ! Frère Vincent n’est pas étonné. Ce phénomène va l’accompagner pendant toute sa vie missionnaire.
Quand frère Vincent a terminé d’annoncer la Parole de Dieu et de proposer la conversion, les prêtres confesseurs entrent en action. Beaucoup de personnes veulent se confesser, se convertir après avoir entendu notre frère dominicain.
Frère Vincent ne reste jamais longtemps dans une ville. Dès qu’il estime que son travail de conversion est accompli, il s’en va dans un autre lieu accompagné d’une vraie caravane de personnes. En effet, il ne se déplace pas seul. Son travail apostolique est un vrai travail communautaire. Beaucoup de convertis veulent le suivre. Ils entrent dans la confrérie des Pénitents qui abandonnent tout pour l’accompagner sur les routes.
Saint Vincent fait des sermons enflammés et apostrophe avec rudesse son public. Ce langage ne passerait plus aujourd’hui. Mais il faut le remettre dans la perspective de son époque.
Frère Vincent circule et prêche en pleine guerre de 100 ans qui a commencé 1337 et finit en 1453. Les Turcs aussi constituent un péril aux frontières. La peste ravage les villes et les campagnes. On sait, par exemple, qu’elle faisait 800 morts par jour dans la ville de Paris qui n’avait pas sa grandeur actuelle. L’Église faisait face au Grand Schisme d’Occident (1378-1417) qui opposait papes et antipapes et aux conséquences de ce schisme : perte de l’autorité, dilution de la foi, clergé abandonné et sans formation adéquate. La situation était tellement pitoyable au niveau pastoral que frère Vincent dut parfois obliger des évêques à relancer la catéchèse de leurs fidèles. Les mœurs aussi subissaient les conséquences de ces situations de souffrance.
C’est dans ce contexte un peu apocalyptique qu’il faut imaginer le travail apostolique de saint Vincent Ferrier. Il annonce la fin du monde. On lui demande des preuves. Il argumente d’abord des miracles :
Est-ce que ma meilleure justification ne réside pas dans ce fait que Dieu m'a permis d'accomplir jusqu'ici plus de 3.000 miracles ?
affirme-t-il.
Mais cet argument ne suffit pas. Il demande alors de faire venir un mort qu’on s’apprête à enterrer. On le lui amène, couché dans son cercueil. Il le ressuscite et l’interroge. Le mort témoigne et se recouche ensuite dans son cercueil au grand effroi de toute l’assemblée.
On sait que les premiers chrétiens croyaient que la venue du Christ était imminente. On en voit de nombreux exemples dans les lettres de saint Paul. L’auteur de la lettre aux Hébreux commence en disant ceci (Heb 1, 1-2) :
Après avoir, à maintes reprises et sous maintes formes, parlé jadis aux Pères par les prophètes, Dieu, en ces temps qui sont les derniers, nous a parlé par le Fils…
Nous sommes, comme l’affirme la Parole de Dieu, dans les temps qui sont les derniers. Oui, la fin de monde est imminente depuis 2.000 ans. Elle était imminente du temps des apôtres, elle l’était aussi du temps de saint Vincent Ferrier et elle l’est encore aujourd’hui. N’oublions pas que pour Dieu, 1.000 ans sont comme un jour et un jour comme 1.000 ans (Ps 90, 4 et 2 P 3, 8).
Ce que nous dit un saint Vincent Ferrier, c’est que nous devons vivre en attendant la venue du Seigneur comme si c’était aujourd’hui qu’il allait venir.
Beaucoup d’entre nous, beaucoup de chrétiens vivent en se disant : « Pas de problème, je peux vivoter à l’aise. De toute façon, j’ai du temps devant moi avant de me convertir ! »
Mais ce n’est pas vrai. Qui sait si ce jour n’est pas mon dernier ?
Saint Vincent Ferrier nous invite à vivre chaque instant comme si c’était le dernier, c’est-à-dire avec tout notre amour, avec tout notre zèle, avec tout notre désir du ciel.
Je ne vous dis pas que Jésus va venir sur les nuées rapidement. Mais je sais que moi, je peux le rejoindre très rapidement. Je veux me tenir prêt pour cette rencontre, la plus importante de ma vie.
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