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Saint Vincent Pallotti

Un article rédigé par Jean-Luc Moens - 1RCF Belgique, le 9 février 2023 - Modifié le 9 février 2023

Précurseur de l'unité des chrétiens et de l'apostolat des laïcs, il a rencontré l'opposition des bien-pensants de son époque.

Vincent PallottiVincent Pallotti

Le 23 janvier, l’Église fête un précurseur, un saint visionnaire qui a eu des intuitions géniales qui ne sont réalisées que bien après sa mort. Saint Vincent Pallotti, un prêtre romain du XIXe siècle, est en effet considéré comme un pionnier de l’œcuménisme, un précurseur du Concile Vatican II et de l’Action Catholique. Saint Paul VI a dit de lui : 


Vincent Pallotti a été un précurseur…Il a devancé de près de cent ans la découverte du fait suivant : dans le monde des laïcs, jusqu'à présent passif, somnolent, craintif et incapable de s'exprimer, il existe une prodigieuse énergie au service du bien. Saint Vincent a frappé à la conscience des laïcs comme on frappe à une porte.

 

(1er septembre 1963 à Frascati)

Nous allons voir comment ce saint mérité tous ces titres de gloire.
 

 

Son histoire

 

Vincenzo Pallotti, Vincent en français, est né à Rome le 21 avril 1795 dans une famille bourgeoise. Il est baptisé dans l’église de San Lorenzo in Damazo qui a été ma paroisse lorsque je vivais à Rome. Cela fait quelque chose de voir un baptistère où a été baptisé un saint. En fait, tous les baptistères devraient pouvoir s’enorgueillir d’avoir accueilli des saints, car le baptême est le sacrement qui nous ouvre les portes de la sainteté.
À l’âge de 16 ans, il entre au collège romain pour devenir prêtre. Il est ordonné le 16 mai 1818. Il a 23 ans. Il prend de fermes résolutions de sainteté. C’est vers cette époque qu’il écrivit ce qui devait caractériser toute sa vie : 

J’implore Dieu qu’Il daigne faire de moi un ouvrier infatigable.


 

Il désirait « être nourriture pour rassasier les affamés, vêtement pour revêtir ceux qui sont nus, boisson pour rafraîchir les assoiffés, remède pour fortifier l’estomac de ceux qui sont faibles, soin pour soulager les souffrances des malades, des estropiés, des muets et des sourds, lumière pour éclairer ceux qui sont aveugles physiquement et spirituellement, vie pour ressusciter les morts par la grâce de Dieu. »
 

En fait, comme on le voit ici, Vincent Pallotti a décidé d’être un saint de toutes ses forces. Il a décidé de se donner à fond – tout en sachant que c’est Dieu qui fait les saints. Mais on ne peut pas devenir saint sans s’engager à fond, sans le vouloir de toutes ses forces, sans un très grand désir. On ne devient pas saint en menant une petite vie tranquille, en se laissant aller, en cherchant toujours à faire le minimum… L’exemple de Vincent Pallotti nous le montre, comme aussi les exemples de tous les saints dont je vous parle dans cette rubrique. S’engager sur le chemin de la sainteté, c’est changer de vie, c’est se donner totalement sans rien garder pour soi. Mais attention : Vincent Pallotti est très conscient de sa faiblesse, de ses défauts… Il écrit : « Remarquez que dans les biographies des saints, on ne trouve aucun chapitre sur leurs fautes. Si on ajoutait cependant ce chapitre, il serait certainement le plus long. » C’est une remarque intéressante, faite par un saint. Vincent Pallotti sait qu’être saint, ce n’est pas être sans défaut, être parfait. Sa sainteté, il l’attend totalement de la miséricorde de Dieu pour laquelle il a une grande dévotion.

 

Vincent commence sa vie sacerdotale comme professeur de théologie, mais rapidement, il quitte cette charge pour se consacrer à la pastorale où va exceller pendant 32 années, sans jamais quitter la ville de Rome. C’est à la fois un homme d’action et un mystique, un apôtre de la miséricorde, un confesseur infatigable, un prédicateur de feu.
 

Son action se concentre dans trois directions privilégiées : la charité, l’unité des chrétiens et l’évangélisation.


Vincent Pallotti est connu dans toute la ville pour ses actions caritatives où la population vit souvent dans des conditions misérables. Lors d’une épidémie de choléra, il s’engage à fond dans le soin des malades sans se ménager et en prenant des risques pour sa propre santé.


La deuxième grande initiative de Vincent Pallotti est pour l’unité des chrétiens

 

Il est profondément atteint par la division de l’Église et il est le premier à instituer une semaine de prière pour l’unité des chrétiens après l’Èpiphanie, spécialement orientée vers l’unité avec les orthodoxes. Plus tard, il s’intéresse aux Anglicans. 


La troisième ligne de force de la vie de Vincent Pallotti est l’évangélisation

 

Son désir revient comme un leitmotiv dans ses écrits : ranimer la foi et raviver l’amour chez les catholiques. Il rêve de hâter le jour où il n’y aura plus qu’un seul pasteur et un seul troupeau... Il a l’intuition prophétique que les laïcs doivent aussi participer à la mission de l’Église. De là vient son idée d’instituer une société religieuse avec la participation de laïcs qui aurait – je cite – la « tâche de multiplier les moyens spirituels et matériels nécessaires et appropriés pour ranimer la foi parmi les catholiques, ranimer l’amour et répandre l’un et l’autre dans le monde entier. » Il écrit :
 

« Puisse donc tout catholique vivant dans l’Église du Christ être rassuré. Car que l’on soit prêtre ou laïc, que, avec ses talents, son influence, ses relations, dans sa profession, par ses paroles, ses possessions et ses biens matériels, et, quand on manque d’autres moyens, au moins par ses prières, l’on fait tout ce que l’on peut en vue de répandre la foi en Jésus-Christ, on pourra obtenir le mérite de l’apostolat. »

 

Vous le voyez : Vincent Pallotti a une vision très large de l’apostolat, de l’évangélisation. Il ne s’agit pas seulement de prêcher la Bonne Nouvelle. On évangélise aussi par la prière, par ses contacts professionnels, par le partage de ses biens matériels, par son influence… Pour lui, c’est très clair : tout le monde peut et doit évangéliser !


L’intuition de la Société d’Apostolat Catholique est totalement novatrice pour l’époque et elle suscite de nombreuses oppositions et jalousies. Certains considèrent qu’elle fait de l’ombre à l’Œuvre de la propagation de la foi fondée par Pauline Jaricot en 1822. Cela oblige Vincent Pallotti à redire toujours plus clairement les objectifs de sa Société d’Apostolat Catholique qui ne sont autres qu’imiter et suivre le Christ dans son œuvre de Rédemption, allumer et entretenir les foyers de feu et d’amour. Mais le nom même de son association pose problème à certains qui croient que Pallotti veut remplacer à son bénéfice tout l’apostolat de l’Église. Il se défend :
 

« La Société se nomme “de l’Apostolat Catholique” non pas parce qu’elle prétendrait posséder l’apostolat catholique ou la mission générale de la véritable Église de Jésus-Christ, mais parce qu’elle vénère cet apostolat, le considère, l’aime et le désire vivement, pour qu’il soit soutenu par tous. »

 

Les détracteurs arriveront pourtant à faire dissoudre en 1838 la Société d’Apostolat Catholique par le pape Grégoire XVI qui pourtant aimait beaucoup Vincent Pallotti.

 

Néanmoins, les intuitions de Pallotti ont donné naissance à une congrégation de prêtres missionnaires, les pères Pallottins, qui sont répandus dans le monde entier.

Vincent Pallotti meurt à Rome le 22 janvier 1850 à l’âge de 55 ans.

 

Il est béatifié le 22 janvier 1950, exactement 100 ans après sa mort, par le pape Pie XII, et canonisé par saint Jean XXIII le 20 janvier 1963.
 

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