Vierge consacrée dans le monde, Geneviève a œuvré toute sa vie pour la ville de Paris.
Aujourd’hui, je vais vous parler d’une sainte bien française, une sainte importante car elle est associée à la fois à l’histoire du catholicisme en France et à la ville de Paris dont elle est la patronne : sainte Geneviève.
Pour raconter sa vie, nous disposons d’une « vita » écrite seulement 18 ans après sa mort à la demande de son amie, sainte Clotilde, la femme de Clovis. L’auteur de cette vie est un prêtre burgonde très cultivé qui écrit à partir des témoins qu’il a rencontrés.
La vie de Geneviève se situe à un moment très difficile de l’histoire : c’est le passage de l’empire romain en Europe à la monarchie franque, avec toutes les tensions et les guerres que cela suppose.
Geneviève est née à Nanterre dans une famille franque romanisée vers 420. Son père s’appelle Sévérus et a commencé sa carrière dans l’armée. Sa mère se nomme Gérontie. Ils donnent à leur fille un nom d’origine germanique qui signifie « née au sein d’une femme ». Geneviève est citoyenne romaine de naissance. En vertu du droit en vigueur, elle pourra exercer la charge de magistrat municipal comme son père. Elle gèrera aussi plus tard le vaste domaine familial dans les environs de Paris et de Meaux.
À l’époque, Nanterre est un port sur la Seine où les voyageurs ont l’habitude de s’arrêter. C’est ainsi que le saint évêque Germain d’Auxerre s’arrête à Nanterre alors qu’il est en mission, envoyé par le pape Célestin 1er en Angleterre pour combattre l’hérésie pélagienne. Saint Germain repère la petite Geneviève qui a entre 7 et 9 ans et il lui propose de se consacrer au Seigneur. Elle accepte ainsi que ses parents. Pour lui rappeler cette promesse, le saint évêque remet à l’enfant un pendentif, une pièce de monnaie marquée d’une croix.
Elle veut se préparer à être une bonne épouse du Christ. Un jour, Gérontie, sa mère, se prépare pour aller à l’église et refuse à sa fille la permission de l’accompagner. Geneviève insiste pour préserver sa promesse, faite à saint Germain. Excédée devant les insistances de sa fille, Gérontie la gifle violemment et immédiatement, elle devient aveugle. Cela dure 21 mois, jusqu’à ce que Gérontie demande à sa fille de lui apporter l’eau du puits avec laquelle elle s’humecte les yeux, et est complètement et instantanément guérie.
Vers l’âge de 20 ans, Geneviève est reçue comme vierge consacrée par l’évêque Villicus. À l’époque, il n’y a pas de couvent de religieuses. Les vierges consacrées vivent dans le monde, elles restent souvent dans leur famille et elles peuvent exercer dans responsabilités, tant dans le domaine politique qu’économique, comme va le faire Geneviève. Elle a environ 25 ans quand ses parents décèdent. Elle décide d’aller habiter à Paris et reprend la direction du domaine familial. Elle participe aussi, à la suite de son père, à la direction de la ville. C’est une femme d’affaires respectée qui utilise ses nombreux biens pour aider les pauvres de la ville. Elle devient aussi une femme politique avisée qui joue un grand rôle dans le gouvernement de la ville de Paris. Elle va jouer un rôle très important dans la crise que les parisiens vont devoir affronter avec l’arrivée imminente du roi des Huns, le fameux Attila.
La réputation d’Attila n’est pas à faire. Il détruit tout sur son passage. Il a déjà réduit Cologne en cendres en y faisant un horrible carnage. En 451, il franchit le Rhin. Il incendie Metz, Verdun, Laon, St-Quentin, Reims puis il franchit la Marne et s’approche de Paris. Les habitants sont morts de peur. Ils veulent quitter la ville et se mettre à l’abri dans la campagne. Geneviève le leur déconseille. Elle pense qu’Attila contournera Paris. Pour arriver à ses fins, elle regroupe autour d’elle quelques femmes. Ensemble, elles prient pour que la ville soit épargnée. Elle dit aux parisiens :
Que les hommes fuient, s’ils veulent, s’ils ne sont plus capables de se battre. Nous les femmes, nous prierons Dieu tant et tant qu’Il entendra nos supplications.
Les choses se passent comme Geneviève l’a prévu. Attila, apprenant que les parisiens sont prêts à défendre leur ville, la contourne pour attaquer Orléans. C’est là que lui et ses armées sont battus le 24 juin 451 par Aetius, arrivé d’Italie. Ces événements font monter la popularité de Geneviève auprès des parisiens et augmentent son autorité.
Auréolée de cette réputation, Geneviève entre en contact avec Childéric, le roi des francs, ainsi qu’avec son fils Clovis. Elle travaille à l’unité gallo-romaine et cherche à éviter les guerres civiles et les violences. Voici un exemple de son action.
Childéric, en résidence à Paris, décide d’exécuter des opposants. Pour ne pas exciter davantage d’opposition de la population, il veut réaliser la mise à mort à l’extérieur des murs de la cité et il en ferme les portes. Quand Geneviève apprend ses manigances, elle décide de sortir pour empêcher l’exécution. Arrivée devant la porte barricadée, celle-ci s’ouvre toute seule et elle obtient de Childéric la grâce et la libération des condamnés.
Entre 470 et 480, Geneviève doit faire face à une nouvelle crise : c’est l’approvisionnement alimentaire de la ville de Paris qui fait défaut. La famine guette. Geneviève se rend alors à Arcis-sur-Aube pour négocier un ravitaillement. Le problème provient des tensions entre romains et francs. Arrivé à Arcis-sur-Aube, elle est accueillie par le tribun Passivus dont la femme est malade. Geneviève la guérit par sa prière et peut négocier le blé nécessaire. Les bateaux avec lesquels elle est venue retournent chargés à ras bord, au point qu’ils menacent de couler. Mais là aussi, la prière de Geneviève arrange tout et ils arrivent à bon port pour nourrir le bon peuple de Paris.
Elle désire honorer saint Denis, mort martyr, dont la tombe se trouve alors dans un cimetière public, le long de la route de Senlis, au nord de Paris. Je vous rappelle que saint Denis fut le premier évêque de Paris et l’un des 7 évangélisateurs de la Gaule au IIIème siècle. La tradition raconte qu’il aurait été décapité avec ses compagnons Éleuthère et Rustique, sur le mont des Martyrs (en latin « Mons Martyrium » qui a donné Montmartre). Ce projet de construction rencontre de nouvelles réticences, liées cette fois à l’approvisionnement de matériaux de construction. Mais tout se résout quand on découvre d’anciens fours à chaux et des carrières toutes proches. Le chantier est aussi bénit par un miracle. Un jour que les ouvriers manquent d’eau, Geneviève multiplie pour eux les coupes d’eau, leur permettant de se désaltérer et de continuer les travaux.
Geneviève joue aussi un rôle important dans le baptême de Clovis, le fils de Childéric. Clovis est devenu roi des Francs en 481. Vers 493, il épouse une princesse catholique, Clotilde, qui se lie d’amitié avec Geneviève. Il est probable que Clotilde et Geneviève, toutes les deux saintes, ont organisé le baptême de Clovis par saint Rémy avec des milliers de ses soldats. On sait que le baptême a eu lieu à Reims un 25 décembre, mais on n’en connaît pas l’année exacte. Ce qu’on sait, par contre, c’est que Clovis apprécie beaucoup Geneviève, au point de demander d’être enterré à ses côtés. C’est une coutume répandue dans l’antiquité de vouloir être enterré près des saints.
Geneviève meurt le 3 janvier 512, un an après Clovis. Elle a plus de 80 ans. Son corps est déposé dans un sarcophage de pierre, préparé par Clovis. Elle est la sainte patronne de Paris, de la gendarmerie nationale française.
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