Ce 8 janvier, l'Église fête Sainte Gudule de Bruxelles. Sainte locale et co-patronne de la cathédrale, son histoire, mêlant foi, légende et miracle, s’inscrit dans la mémoire collective de la capitale. À travers les siècles, son nom reste associé à la piété médiévale et à un patrimoine religieux encore vivant aujourd’hui.
Née dans une noble famille, Gudule est fille d'un duc lotharingien et de sainte Amalberge de Maubeuge. Elle doit sa formation religieuse à sainte Gertrude, sa marraine, auprès de qui elle grandit. À la mort de sa marraine, elle refuse de se marier ou de rejoindre une institution religieuse et vit en solitaire, entièrement dédiée à sa foi. Pieuse et fervente, Gudule veut beaucoup parler à Dieu, prier, chanter ou encore jeûner. Elle avait pour habitude de se rendre régulièrement dans une petite chapelle située à proximité de son domicile. C’est là qu’elle trouvait un refuge spirituel, passant de longues heures de la journée et même la nuit.
Une nuit d’hiver particulièrement sombre, Gudule décida, comme à son habitude, de se rendre à cette chapelle. Accompagnée de sa servante, qui portait une lanterne pour éclairer leur chemin, elle traversa une forêt dense et inquiétante, un décor propice à l’apparition du diable. Cette figure maléfique observait Gudule depuis un moment et se demandait comment il pourrait l'attaquer. Profitant de la pénombre, le diable éteignit soudainement leur lanterne, plongeant les deux femmes dans l’obscurité.
La servante, terrifiée, fut saisie de panique. Mais Gudule, animée d’une confiance inébranlable en Dieu, ne céda pas à la peur. Elle s’agenouilla au milieu de la forêt, levant les mains vers le ciel dans une prière intense. Et le miracle se produisit : la lanterne se ralluma d’elle-même, "sans l'aide d'aucune main", selon le récit de la vie de Gudule. Ce phénomène ne fut pas attribué à une intervention humaine, ni même d’un ange venu raviver la flamme comme certains récits le soutiennent.
Pour Gudule, c'est un signe de la confiance que Dieu a en elle, renforçant sa foi inébranlable. Pénétrée de gratitude et de joie, elle poursuivit son chemin jusqu’à la chapelle, où elle passa le reste de la nuit et même du lendemain dans une prière fervente.
Cette légende, qui est embellie au fil des siècles, contient toujours ces deux valeurs fondamentales qui traversent la vie de Sainte Gudule : la gratitude et la joie. Cette sainte du Moyen Âge fait figure d’émancipation et de foi personnelle. À une époque où les femmes étaient souvent reléguées à des rôles prédéfinis, elle a su incarner une forme de liberté et de détermination. La légende de Sainte Gudule n'est pas sans rappeler celle de Sainte geneviève, vénérée à Paris, qui faisait se rallumer un cierge régulièrement soufflé par un diablotin.
À Bruxelles, Sainte Gudule occupe une place affective forte. La cathédrale Saints-Michel-et-Gudule, bien que partagée avec Saint Michel, a souvent été appelée simplement « Sainte Gudule » par les habitants, signe de leur attachement particulier à leur sainte locale. Depuis le Moyen Âge, son histoire est associée aux origines mythiques de la ville, notamment à travers le transfert de ses reliques, qui aurait marqué un tournant dans l’organisation urbaine de Bruxelles.
Si elle fut inhumée à Ham puis à Moorsel, Charles de Basse-Lotharingie fit déplacer les reliques vers l'église Saint-Géry de Bruxelles en 978. En 1047, Lambert II de Louvain et son épouse Oda de Verdun fondèrent un chapitre de chanoines dans l'église Saint-Michel de Bruxelles et y transférèrent les reliques de sainte Gudule, faisant de cette église la collégiale Saints-Michel-et-Gudule. Malheureusement, en 1579, lors des troubles religieux, les reliques furent profanées et dispersées par les Gueux, des protestants iconoclastes. On considère donc les reliques comme détruites, même si un crâne de la sainte semble avoir été offert à Hildegarde de Bingen, cette sainte du XIIe siècle, à la fois bénédictine, poétesse, musicienne, compositrice, botaniste, linguiste, tacticienne, herboriste, et qui est une figure marquante de la médecine monastique. N'ayant jamais été authentifié, ce crâne se trouvant en Allemagne pourrait être une des dernières reliques de Ste Gudule ayant survécu.
Contrairement à Saint Michel, qui a des statues un peu partout dans la capitale, il n'en existe aucune de Sainte Gudule en dehors des murs de la cathédrale.
De par sa légende, Sainte Gudule est priée pour sa lumière spirituelle et sa capacité à surmonter les épreuves. Sa foi pure et inébranlable face aux attaques du diable inspire encore aujourd'hui, elle est généralement invoquée afin d'être un guide dans les moments de doute.
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