Empereur du Saint Empire Germanique, Henri II est resté fidèle à sa femme Cunégonde malgré son infertilité.
Henri II, surnommé le pieux mais aussi le boiteux, est né à Bamberg en mai 973. Il est le fils du duc de Bavière, Henri le Querelleur, et de Gisèle de Bourgogne. D’abord destiné à la carrière ecclésiastique, il est éduqué par l’évêque Abraham de Freising, ensuite par les chanoines de la cathédrale de Hildesheim, puis à Ratisbonne par l’évêque Saint Wolfgang. Mais il décide finalement de se marier et épouse la princesse Cunégonde de Luxembourg, née en 975, fille du comte Sigefroid de Luxembourg et de sa femme Hedwige. Dans sa famille, il y a d’autres saints. Par exemple, sa sœur Gisèle a été béatifiée. Elle a épousé Étienne, premier roi de Hongrie, qui sera canonisé. Son neveu, Émeric, fils de saint Étienne et de sa sœur, la bienheureuse Gisèle de Hongrie, sera saint lui aussi, et surnommé « le prince-moine de Hongrie ». C’est donc une belle famille de saints…
Henri succède à son père comme duc de Bavière en 995, il devient roi de Germanie en 1002 et est élu empereur romain germanique. En 1004, il devient aussi roi d’Italie. Le pape Benoît VIII le couronne empereur du saint Empire Germanique en 1014.
Certes, Henri II et sa femme Cunégonde ont soutenu l’Église de leur temps. Ils ont appuyé l’autorité des papes. Henri Il fait le serment à Benoît VIII « de lui garder à lui et à ses successeurs la fidélité en toutes choses » et il a tenu parole. Henri et Cunégonde ont favorisé l’expansion des moines de Cluny. Saint Odilon, abbé de Cluny, fait partie de ses conseillers personnels. La réforme de Cluny ne vise pas seulement la vie monastique, elle concerne toute l’Église en combattant la simonie, en d’autres termes le fait d’acheter des charges religieuses, en redonnant au célibat des prêtres et des évêques une place centrale. C’est ainsi qu’Henri II co-préside avec le pape le Concile de Pavie qui lutte contre le concubinage des prêtres et défend l’intégrité des patrimoines ecclésiastiques. C’est Henri II aussi qui suggère d’introduire dans la messe dominicale la récitation du Credo comme nous le faisons aujourd’hui.
Le point principal qui a justifié la canonisation d’Henri et de Cunégonde est leur vie de couple : ils sont restés fidèles l’un à l’autre alors que leur couple est stérile. Beaucoup de souverains et de nobles de l’époque ont répudié leur femme si elle ne leur donnait pas de descendance. Henri II ne l’a pas fait et il a refusé de le faire malgré que le droit germanique le lui aurait permis alors qu’il s’agissait de la succession de l’Empire Romain Germanique. Cela a suscité l’incompréhension des contemporains et aussi la réputation de sainteté. Des légendes n’ont pas tardé à surgir : certains ont imaginé pour expliquer l’absence d’enfants que le couple avait fait vœu de chasteté. Une autre légende a prétendu que des détracteurs de Cunégonde l’ont accusée auprès d’Henri de l’avoir trompé avec un autre homme. Cunégonde aurait prouvé son innocence en marchant sur des charbons ardents ou des socs de charrue chauffés à blanc. Mais tout cela n’est que légende. La fidélité extraordinaire de ce couple a suscité ces inventions rocambolesques.
Vers la fin de sa vie, il a le désir de devenir moine et d’abandonner le trône. Un jour, en visitant un couvent de Vannes, il ressent un grand désir de s’y installer et de devenir moine. Il demande à l’abbé de le recevoir immédiatement. L’abbé est bien ennuyé. Alors il use d’un stratagème. Il convoque le chapitre de l’abbaye et interroge Henri : "Acceptez-vous de pratiquer l’obéissance absolue, jusqu’à la mort ? Je le veux, répond Henri. Et moi, affirme l’abbé, je vous reçois comme moine de cette abbaye et j’accepte la responsabilité de votre salut si vous voulez m’obéir. Je le veux, répète Henri. Alors, je vous commande, au nom de l’obéissance, de reprendre le gouvernement de votre empire et de travailler plus que jamais à la gloire de Dieu et au salut de vos sujets. Henri, paraît-il, s’est soumis en gémissant".
L’empereur Henri II s’est éteint en 1024 à Göttingen et est inhumé dans la cathédrale de Bamberg, le diocèse qu’il a fondé et auquel, n’ayant pas d’enfant, il a légué toute sa fortune. Un an après la mort de son mari, Cunégonde renonce à sa vie princière et devient bénédictine dans le monastère de Kaufungen qu’elle a fondé et auquel elle a donné une relique de la sainte croix. Elle termine sa vie dans la pauvreté, la prière, la pénitence et le service des sœurs malades. Elle meurt probablement en 1033. Elle est enterrée aux côtés de son époux dans la cathédrale de Bamberg.
Henri et Cunégonde ont été canonisés, Henri en 1146 et Cunégonde en 1200. La fête d’Henri est fixée au 13 juillet et celle de Cunégonde au 3 mars, mais j’aime la coutume luxembourgeoise qui fête les deux époux 13 juillet. Ne séparons pas dans notre vénération ce couple que Dieu a uni et qui nous a donné un si bel exemple d’amour et fidélité conjugale.
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