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Saints Louis et Zélie Martin

Un article rédigé par Jean-Luc Moens - 1RCF Belgique, le 1 août 2023 - Modifié le 1 août 2023

Le 12 juillet, l’Église universelle fête saints Louis et Zélie Martin, les parents de sainte Thérèse de Lisieux, canonisés par le pape François le 18 octobre 2015. Il s’agit du premier couple canonisé comme couple dans l’histoire de l’Église moderne.

Louis et Zélie MartinLouis et Zélie Martin

Les canonisations sont en fait des messages que Dieu nous adresse. Il veut nous indiquer, à travers l’exemple des saints, des chemins qui conduisent au ciel. Ici, avec le témoignage de Louis et Zélie, l’Église nous indique que le mariage n’est pas une vocation au rabais. C’est un sacrement de sainteté à deux, l’un par l’autre, par l’amour conjugal vécu dans la fidélité. Cela est une immense bonne nouvelle pour tous ceux qui sont mariés, unis par le sacrement de mariage, et qui désirent aussi aller au ciel.

 

 

Deux personnalités, une rencontre extraordinaire

 

 

Louis Martin est né le 22 août 1823 à Bordeaux où son père, militaire de carrière, est en garnison. Il est le dernier enfant de la famille : il a trois sœurs et un frère. Après ses études, Louis apprend le métier d’horloger. Attiré par la vie monastique, il demande à entrer au monastère du Grand-Saint-Bernard, mais il est refusé sous les prétexte qu’il ne connaît pas le latin. Il s’installe finalement à Alençon où il ouvre une horlogerie-bijouterie. À 34 ans, il est toujours célibataire.

 

Azélie Marie Guérin – Zélie pour les membres de sa famille et aussi aujourd’hui dans l’Église universelle — est née le 23 décembre 1831 à Gandelain, village de l'Orne. Son père Isidore Guérin est un ancien soldat qui est gendarme. La famille Guérin s’installe à Alençon en 1844. Zélie est une jeune fille intelligente, mais elle n’est pas heureuse dans sa famille. Elle est pieuse et envisage la vie religieuse comme sa sœur Marie-Louise qui est devenue Visitandine au Mans sous le nom de sœur Marie-Dosithée. Zélie se présente à l’Hôtel-Dieu d’Alençon, mais la supérieure ne pense pas qu’elle a une vocation religieuse.

 


Un jour, en 1858, Zélie croise Louis par hasard sur un pont. Elle remarque cet homme qui a une belle stature, mais surtout, elle entend une voix intérieure qui lui dit : « C’est celui-là que j’ai préparé pour toi ! » Magnifique ! Les deux jeunes gens tombent amoureux et le mariage est célébré dans la basilique Notre Dame d’Alençon le 12 juillet qui sera le jour choisi par l’Église pour célébrer leur fête liturgique.

 

Une nombreuse famille

 

Lorsque Zélie se marie, elle ignore tout de la sexualité. C’est assez courant à l’époque. Il incombe à Louis de lui expliquer « les choses de la vie » comme on disait pudiquement à l’époque. Par délicatesse, mais aussi animé par un grand désir de sainteté, Louis propose à Zélie de vivre comme frère et sœur. Au bout de dix mois, un confesseur avisé les invite à vivre une vie de couple normale. Les grossesses vont alors se suivre : Louis et Zélie auront 9 enfants, dont 5 seulement survivront : Marie en 1860, Pauline en 1861, Léonie en 1863, Céline en 1869, Thérèse en 1873.  Ils perdront aussi 4 enfants en bas âge, mais ces enfants seront toujours présents dans la vie de la famille comme les petits anges du ciel : Hélène, née en 1864 et morte à l’âge de 5 ans, Joseph en 1866, Joseph-Baptiste-Joseph en 1867, et une première Thérèse en 1870.

 

 

Un couple uni et travailleur 

 

 

Le couple Martin est très uni. Zélie confie dans une lettre à propos de son mari : « Je suis toujours très heureuse avec lui, il me rend la vie bien douce. C’est un saint homme que mon mari, j’en désire un pareil pour toutes les femmes ! » Elle l’appelle toujours « mon bon Louis ». Lui, il signe ses lettres « ton mari et vrai ami qui t’aime pour la vie ». Louis et Zélie sont des travailleurs. Ils ne rechignent pas à l’ouvrage. Zélie mène de front sa vie chef de petite entreprise et de mère de famille nombreuse. Louis n’est pas de reste. À la fin de sa vie, sa douceur fait l’admiration de tous, mais cette douceur est clairement le fruit d’un effort constant. Thérèse dit de lui : « À l’exemple de saint François de Sales, il était parvenu à se rendre maître de sa vivacité naturelle au point qu’il paraissait avoir la nature la plus douce du monde… » 


Avec la venue de leurs enfants, Louis et Zélie découvrent leur vocation de parents. Zélie écrit quelques années plus tard :

 

Moi j'aime les enfants à la folie. J'étais née pour en avoir !

 

Zélie et Louis se consacrent à l’éducation de leurs enfants qui comprend pour eux la dimension spirituelle : ils veulent, selon leur propre expression, les « élever vers le ciel ». On peut dire – a postériori – qu’ils n’ont pas trop mal réussi ! Zélie donne à ses enfants ce qu’elle n’a pas reçu dans sa propre enfance : un amour plein de tendresse qui n’hésite jamais à s’exprimer. Les enfants Martin se savent aimés. Louis entoure aussi les enfants d’affection. Il n’a pas son pareil pour raconter des histoires, pour leur chanter avec sa belle voix de ténor les vieilles chansons françaises et pour les faire rire avec ses imitations.

 

 

Souffrances et difficultés de vie

 

 

Une des grandes souffrances de Louis et Zélie réside dans l’éducation de leur fille Léonie. Probablement marquée par le décès de sa sœur Hélène très proche d’elle, Léonie est une petite fille qui accumule les bêtises, les caprices, les colères… Elle met la patience et l’espérance de ses parents à dure épreuve. En 1870, Louis vend son commerce d’horlogerie pour aider Zélie dans la gestion de son entreprise. À partir de 1865, apparaissent les premiers symptômes du cancer du sein qui va emporter Zélie prématurément, mais elle aura encore 5 enfants, dont la petite Thérèse le 2 janvier 1873. En été 1876, les symptômes de la maladie de Zélie apparaissent de plus en plus visibles. Elle commence à souffrir. En juin 1877, elle fait un pèlerinage à Lourdes pour demander sa guérison. Mais elle ne l’obtient pas et elle meurt le 28 août, abandonnée à la volonté de Dieu. 

 

 

Vocations des enfants Martin 

 

 

Deux mois et demi après la mort de Zélie, toute la famille Martin s’installe dans une jolie petite maison de Lisieux, les « Buissonnets ». Louis se consacre à temps plein à ses filles. Il doit faire le sacrifice de nouvelles séparations : Pauline entre au Carmel en 1882, puis Marie en 1886. Il doit faire face à la maladie mystérieuse de Thérèse. Une fois guérie, elle aussi annonce sa vocation au Carmel. Il se bat avec elle pour qu’elle puisse y entrer à 15 ans.

 

Après avoir conduit Thérèse au Carmel, en avril 1888, Louis se rend à Alençon où il vit une expérience spirituelle forte. Il la raconte à ses filles au parloir du Carmel : « J’ai reçu dans l’église Notre-Dame de si grandes grâces, de telles consolations, que j’ai fait cette prière : mon Dieu s’en est trop ! Oui, je suis trop heureux, il n’est pas possible d’aller au ciel comme cela, je veux souffrir quelque chose pour vous ! Et je me suis offert… » À son retour à Lisieux, il offre un nouvel autel à la cathédrale de Lisieux pour la somme de 10.000 fr. Thérèse fait ce commentaire :

 

 

Après nous avoir toutes données au bon Dieu, il est bien naturel qu’il offre un hôtel pour nous immoler et s’immoler lui-même. 

 

Pourquoi les avoir canonisés ? 

 


À partir de ce moment, comme si Dieu l’avait pris au mot, la santé de Louis se dégrade rapidement : malaises, troubles urinaires, pertes de mémoire, crises d’hallucination… Il doit être interné dans un asile psychiatrique, le Bon Sauveur de Caen. C’est l’humiliation pour lui et toute sa famille où il reste 4 années. Il en sort, paralysé des jambes en mai 1892. Il meurt le dimanche 29 juillet.

 

Louis et Zélie n’ont pas été canonisés parce qu’ils étaient les parents d’une sainte. Ils ont été canonisés parce que leur vie elle-même a été sainte, à travers toutes les épreuves, y compris la maladie, ils ont été fidèles l’un à l’autre et au Seigneur. Ils nous montrent la force merveilleuse du sacrement de mariage qui n’est pas une vocation au rabais, mais une véritable vocation à la sainteté. Puissent tous les couples qui m’écoutent ressentir cet appel à devenir des saints à deux, l’un par l’autre, l’un avec l’autre, l’un pour l’autre.

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